L'euro a franchit mardi pour la première fois de son histoire le cap des 1,50$ US, profitant du moindre signe de résistance de l'économie européenne face à l'accumulation de mauvais indicateurs américains.

L'euro a franchit mardi pour la première fois de son histoire le cap des 1,50$ US, profitant du moindre signe de résistance de l'économie européenne face à l'accumulation de mauvais indicateurs américains.

La monnaie unique européenne a grimpé en fin de journée jusqu'à 1,5047$ US, un nouveau record historique qui efface sa précédente marque de référence qui remontait au 23 novembre, à 1,4967$ US.

Vers 22H30 GMT (18H30 à Montréal), l'euro se repliait légèrement mais valait encore 1,5017$ US, contre 1,4828$ US vingt-quatre heures plus tôt.

«Il y a un contraste entre les États-Unis, où les inquiétudes d'une entrée en récession économique montent, et la zone euro, où les choses semblent plutôt bien aller pour le moment», explique David Gilmore, analyste de Foreign Exchange Analytics.

Un indicateur allemand, ressorti meilleur que prévu, a alimenté l'idée que la première économie européenne, et par ricochet l'économie de toute la zone, continuait à garder la tête hors de l'eau.

Le baromètre Ifo, qui mesure le moral des chefs d'entreprise, est remonté en février à 104,1 points, après 103,4 points en janvier, alors qu'un recul à 102,7 points était attendu.

«Cela alimente l'argument selon lequel l'économie européenne s'est découplée de l'économie américaine», et donc pourrait éviter de tomber dans le sillage de la première économie mondiale, estime Boris Schlossberg, analyste de DailyFX.

À l'inverse de la Réserve fédérale (Fed), qui a débuté en septembre un cycle agressif d'assouplissement monétaire, rognant ainsi l'attractivité du billet vert, la Banque centrale européenne a jusqu'à présent décidé de maintenir son principal taux directeur à 4,0%, ce qui soutient sa monnaie.

Face à cette éclaircie côté européen, «les chiffres américains ont été moins que reluisants», soulignent les analystes de Natixis.

Les nouvelles macro-économiques aux États-Unis n'ont fait que confirmer les difficultés de la première économie mondiale, avec un effondrement des prix de l'immobilier et un plongeon de la confiance des consommateurs.

Une possible accélération de l'inflation américaine, que pourrait annoncer le bond de 1% des prix à la production en janvier, n'a pas apporté de soutien au dollar, même si la persistance des pressions inflationnistes rend plus difficiles de futurs assouplissements monétaires de la Fed.

Mais la question de l'inflation a été rapidement balayée par le vice-président de la Fed, Donald Kohn, dans un discours en Caroline du Nord. Il a tablé sur une accélération de l'activité économique aux États-Unis à partir du deuxième semestre aux États-Unis et sur une modération de l'inflation.

«Le président de la Fed (Ben Bernanke, auditionné mercredi devant la commission bancaire du Sénat) et son vice-président sont clairement bien plus inquiets de (l'affaiblissement de) la croissance économique que de l'inflation, ce qui pèse sur le dollar», souligne M. Gilmore.

La prochaine étape pour la devise européenne est désormais de parvenir à franchir le seuil symbolique de 1,50$ US. Selon M. Schlossberg, l'indice Ifo a peut-être donné «le feu vert» à ce nouveau cap.

«L'euro est passé déjà plusieurs fois au-dessus de 1,49$ US et n'est jamais resté à ce niveau très longtemps, donc il va être critique de voir si l'euro peut garder son élan», considère M. Gilmore. «Mais vu jusqu'où on est monté aujourd'hui, atteindre 1,50$ US ne devrait pas être difficile», ajoute l'analyste.