La Banque Nationale est attendue de pied ferme par les investisseurs boursiers aujourd'hui (jeudi), avec l'annonce d'un bénéfice trimestriel qui est prévu encore en baisse pour le début de son exercice 2008.

La Banque Nationale est attendue de pied ferme par les investisseurs boursiers aujourd'hui (jeudi), avec l'annonce d'un bénéfice trimestriel qui est prévu encore en baisse pour le début de son exercice 2008.

D'autant que le trimestre précédent, le quatrième de 2007, avait été carrément désastreux.

La Nationale avait alors déclaré une perte trimestrielle sans précédent de 175 millions, attribuée surtout à la radiation de valeur de 575 millions provenant de son portefeuille de papier commercial.

Par ailleurs, vendredi, ce sera au tour des actionnaires de la principale banque québécoise d'exprimer leurs opinions envers ses dirigeants, au moment de l'assemblée annuelle.

Et déjà, l'événement s'annonce tendu, sinon mouvementé.

D'une part, les actions de la Banque Nationale ont dégringolé de 22% depuis un an, une glissade bien pire que celle de l'indice sectoriel des services financiers à la Bourse de Toronto.

D'autre part, les dirigeants de la Nationale, en particulier son président Louis Vachon, risquent d'être pris à partie pour l'ampleur de la perte subie dans le papier commercial.

Il s'agit des titres de dette à court terme à risque et à rendement plus élevés. La Nationale en détenait pour 2,3 milliards de dollars au moment de la crise de ce marché, au mois d'août dernier.

La banque avait distribué ses titres dans les fonds du marché monétaire offerts à ses clients-investisseurs, afin d'en rehausser le rendement à court terme.

Mais depuis la crise, la banque a dû racheter ces titres et les porter à son propre bilan pour éviter des pertes pour ses clients et, a-t-on appris ensuite, pour ses plus hauts dirigeants.

Et au moment de ses résultats annuels, à la fin novembre, la Nationale avait annoncé une première radiation de valeur de 25% de son avoir en papier commercial.

À ce propos, l'un des groupements d'actionnaires les plus critiques envers les banques, le MEDAC, dirigé par le Montréalais Yves Michaud, prévoit s'emparer du micro à l'assemblée de la Nationale, demain.

Dans un communiqué distribué aux journalistes, le MEDAC avertit de son intention de «blâmer le conseil d'administration pour sa gestion de la crise et son manque de rigueur».

Aussi, le MEDAC réclame que la rémunération du président Louis Vachon, en poste depuis sept mois, soit «gelée» et que toute prime lui soit retirée jusqu'à ce que la Nationale récupère toutes ses pertes en papier commercial à même ses futurs profits.

Mais avant cette assemblée, ce sont les investisseurs boursiers qui pourront signifier aujourd'hui leur opinion envers la Banque Nationale.

Et leurs attentes sont mitigées, à l'instar des autres principales banques canadiennes, après plusieurs mois de tumultes sur les marchés financiers.

Selon les prévisions d'analystes, la Banque Nationale pourrait dégager un bénéfice net d'environ 1,38$ par action pour son trimestre terminé le 31 janvier, ou quelque 218 millions en tout.

Évidemment, un tel bénéfice dépend des autres frais spéciaux que les dirigeants de la banque pourraient imputer aux résultats, dans la foulée de l'importante radiation de papier commercial du trimestre précédent.

N'empêche, même sans frais spéciaux, le bénéfice net de la Nationale à son premier trimestre 2008 est attendu encore inférieur d'au moins 4% à celui du trimestre correspondant, il y a un an.

En contrepartie, selon les analystes, les trimestres suivants devraient s'avérer meilleurs afin de permettre à la Nationale de rattraper une bonne partie du terrain perdu depuis l'automne dernier.

Pour le moment, la moyenne de leurs prévisions de bénéfice annuel cote autour de 5,71$ par action pour l'exercice 2008, soit environ 900 millions en tout.

S'il s'avère, un tel bénéfice annuel serait nettement mieux que celui de 2007, très affecté par les déboires du papier commercial.

Néanmoins, il serait à peine supérieur au bénéfice annuel d'il y a deux ans, pour l'exercice terminé en octobre 2006.

Dans ce contexte, les recommandations d'analystes envers les actions de la BN demeurent très mitigées.

Une majorité des 14 analystes recensés par l'agence financière Bloomberg s'en tiennent à un simple «maintien» en portefeuille.

Et seulement cinq recommandent l'achat des actions de la Banque Nationale.