Alors que l'économie nord-américaine traverse une zone de turbulences intenses, l'industrie aéronautique québécoise garde le cap et entend toujours embaucher des centaines d'ingénieurs dans les années à venir.

Alors que l'économie nord-américaine traverse une zone de turbulences intenses, l'industrie aéronautique québécoise garde le cap et entend toujours embaucher des centaines d'ingénieurs dans les années à venir.

L'industrie aéronautique pourrait d'ailleurs bénéficier de la tourmente qui règne dans les autres secteurs.

«Les crises sont souvent le meilleur moment pour revoir sa formation, se réorienter», a fait valoir le directeur des affaires académiques de l'École de technologie supérieure (ETS), Claude Olivier, à l'occasion d'un sommet sur la formation d'ingénieurs pour l'industrie aérospatiale organisé par Aéro Montréal cette semaine.

Il a indiqué que des firmes de génie-conseil avaient déjà commencé à abolir des stages prévus pour l'hiver prochain, ce qui n'est pas le cas pour les entreprises en aéronautique.

Récupérer des ressources

«Ça permet de récupérer des ressources, a avancé M. Olivier. Le malheur des uns fait le bonheur des autres.»

Le vice-président et ingénieur en chef de Bombardier Aéronautique, François Caza, a indiqué que son entreprise devra recruter 500 ingénieurs l'année prochaine, dont 90 diplômés et 200 stagiaires.

Pour sa part, le constructeur de simulateurs de vol CAE a organisé une journée porte ouverte mercredi dernier dans ses installations de Saint-Laurent dans l'espoir de recruter 250 ingénieurs.

Pour l'ensemble de l'industrie aéronautique, le Centre d'adaptation de la main-d'oeuvre aérospatiale au Québec (CAMAQ) parle de 1500 postes à combler en 2009.

«Notre industrie se porte bien en dépit des turbulences tout autour de nous», a déclaré le directeur général du CAMAQ, Serge Tremblay.

L'industrie aéronautique doit également faire face au vieillissement de son personnel.

«En 2016, 50% des ingénieurs en aéronautique en Amérique du Nord seront éligibles à la retraite», a noté le vice-président à l'ingénierie de Pratt&Whitney Canada, Walter Di Bartolomeo.

Il a émis quelques recommandations pour faire face à cette situation. Il faudrait notamment trouver le moyen de garder ces travailleurs plus âgés. Il faudrait aussi favoriser la formation continue et susciter des vocations chez les femmes.

«Elles apportent une façon différente de penser», a-t-il fait valoir.

Les participants au sommet ont surtout cherché à faire en sorte que les programmes de formation au niveau universitaire répondent aux besoins réels de l'industrie. Et il ne s'agit pas uniquement des besoins en fait de connaissances techniques.

Se distinguer

Guy Lambert, vice-président à l'ingénierie chez Bell Helicopter Textron Canada, a expliqué que les entreprises s'attendaient à ce que les diplômés possèdent les connaissances techniques requises. Ce qui leur permettra de se distinguer, ce sont des habiletés plus générales, notamment en communications et en relations interpersonnelles. C'est qu'ils auront à travailler en équipe avec des gens de disciplines et de cultures différentes, souvent situés sur des continents différents.

Pour sa part, le directeur des technologies stratégiques chez Bombardier Aéronautique, Fassi Kafyeke, a recommandé aux universités de confier des projets concrets aux étudiants, et non pas de simples simulations.

«Nous aurons besoin d'ingénieurs qui, non seulement sauront beaucoup, mais sauront quoi faire avec ce qu'ils savent», a-t-il lancé.