À coup de promotions, d'ouvertures anticipées et de diverses attentions, les détaillants américains entendent ne pas lésiner sur leurs efforts pour faire oublier la crise à des consommateurs déprimés et les amener à dépenser vendredi, coup d'envoi traditionnel des achats de Noël.

À coup de promotions, d'ouvertures anticipées et de diverses attentions, les détaillants américains entendent ne pas lésiner sur leurs efforts pour faire oublier la crise à des consommateurs déprimés et les amener à dépenser vendredi, coup d'envoi traditionnel des achats de Noël.

Le calendrier du magasinage américain est aussi balisé que le calendrier des fêtes, et vendredi, lendemain de la fête de Thanksgiving, est traditionnellement le «vendredi noir», le jour où il vaut mieux ne pas attendre l'aube pour se précipiter à la chasse aux bonnes affaires en magasin.

L'expression viendrait du fait que c'est à cette date que les détaillants commencent à sortir du rouge et à engranger des bénéfices.

Mais cette année, les spécialistes du secteur s'attendent à des ventes stables ou en reflux par rapport à l'an dernier, et comptent sur des prix calculés au plus juste pour soutenir la frénésie d'achat traditionnelle au lendemain de la dégustation de la dinde aux airelles.

La Fédération nationale des détaillants (NRF) estime que près de la moitié des Américains (128 millions de personnes) se rendront dans les magasins pour profiter des promotions du week-end, un peu moins quand même qu'elle ne l'avait anticipé l'an dernier (135 millions).

Mais le chiffre d'affaires des magasins ne sera pas pour autant flamboyant: les annonces de soldes sont déjà omniprésentes en vitrine, et il semblerait que les détaillants se préparent à sacrifier encore leurs marges.

«Les détaillants se rendent compte que ce sont les prix bas qui pousseront les consommateurs dans les magasins (pour Noël), et il se pourrait qu'on ait le vendredi noir le plus promotionnel de l'histoire», a souligné mardi la présidente de la NRF, Tracy Mullin.

«On pense encore que les consommateurs réfrèneront leurs achats des fêtes, mais la demande en hausse chez des clients ayant attendu toute l'année pour faire de bonnes affaires pourrait être de bon augure», estime la NRF, qui souligne aussi l'impact positif de la baisse du prix de l'essence.

Plusieurs centres commerciaux ont ouvert leurs portes dès minuit, de nombreux autres à cinq heures du matin.

Les centres commerciaux du promoteur Simon Property Group ont annoncé des «stations de jouvence» pour détendre les clients dans de moelleux fauteuils devant la télévision, avec une tasse de café ou un soda gratuit en main.

Les journaux spécialisés sont remplis de comparatifs pour tirer le meilleur profit de ce grand moment de la préparation des fêtes.

Même les grandes marques qui jusqu'à présent ont semblé épargnées par la crise ont annoncé des opérations spéciales: Apple promet son «plus grand événement magasinage de l'année», Disney va être de ceux qui ouvriront dès minuit, dans une centaine de magasins où on trouvera «presque tout» avec 20% de réduction.

Ensuite, c'est le commerce en ligne qui se lancera lors du «cyberlundi».

Selon le site Shopzilla, 83,7% des détaillants sur Internet ont décidé cette année de participer à l'opération, alors que seulement 72,2% en étaient l'an dernier. Près du quart offrent déjà ou prévoient d'instituer des livraisons gratuites pour faciliter les clics d'achat.

Il en faudra peut-être plus: la société spécialisée comScore a déjà calculé mardi que les ventes enregistrées depuis le début de novembre accusaient un recul de 4% par rapport à l'an dernier. Un tel recul en glissement annuel des ventes sur Internet est inédit dans la jeune histoire du commerce en ligne.

«Il est vraisemblable que les consommateurs à petit budget prévoient d'attendre pour profiter de promotions encore plus grandes», a commenté le président de comScore, Gian Fulgoni, qui s'attend à ce que les ventes totales de novembre-décembre arrivent tout juste au niveau de celles de l'an dernier - «sauf nouvelles catastrophiques en provenance d'institutions financières, ou de faillites de fabricants ou de détaillants».