BHP Billiton Ltd. a renoncé à son projet entamé il y a un an de mettre la main sur Rio Tinto Group, invoquant la dégringolade des prix des matières premières et le gel des marchés de crédit qui ont fait tourner court le plus gros rachat hostile de tous les temps.

BHP Billiton Ltd. a renoncé à son projet entamé il y a un an de mettre la main sur Rio Tinto Group, invoquant la dégringolade des prix des matières premières et le gel des marchés de crédit qui ont fait tourner court le plus gros rachat hostile de tous les temps.

Marius Kloppers, PDG de BHP Billiton, première société minière au monde, a indiqué qu'une nouvelle dette de 40 milliards US et les obstacles érigés par les autorités réglementaires ont rendu le projet d'acquisition de Rio Tinto, au coût de 66 milliards US, trop risqué dans un contexte où le ralentissement de l'économie mondiale a réduit la demande de matières premières. En mai dernier, la transaction était évaluée à pas moins de 194 milliards US avant que les prix des métaux chutent.

Jusqu'à aussi récemment qu'août dernier, M. Kloppers se faisait optimiste quant à l'évolution des prix des produits de base et à la hausse de la demande en Chine, ce qui justifiait son projet de rachat. Mais après avoir dépensé 450 millions US pour son offre, il fait maintenant face à une chute de 50% des prix du cuivre et de 45% des prix pétroliers, tandis que les plus importantes économies connaissent leurs premières récessions simultanées depuis la Deuxième Guerre mondiale.

«Le retrait de cette offre signifie que le portrait est très sombre», estime Charles Cooper, analyste d'Evolution Securities Ltd., à Londres. «Les perspectives quant aux matières premières vont demeurer peu reluisantes, ajoute-t-il, les stocks vont augmenter et les prix baisseront, ce qui aura des effets négatifs sur les bénéfices et les prix des actions des compagnies.»

Le titre de Rio Tinto s'échange sous le prix de l'offre de BHP Billiton depuis avril dernier, les investisseurs faisant l'hypothèse que la tentative de rachat échouera. Par ailleurs, la dégringolade des prix des matières premières a aussi fait en sorte que la société brésilienne Vale do Rio Dolce a renoncé à acquérir la suisse Xstrata plc en mars dernier. Et plus tôt ce mois-ci, l'aciériste russe OAO Novolipetsk a annulé un accord pour acheter la société américaine John Maneely Co.

Hier, à la clôture des marchés à Londres, l'action de Rio Tinto chutait de 900 pence, ou 37%, à 1550 pence, ce qui conférait à la société une valeur de 27,8 millions de livres (42,7 milliards US). De son côté, le titre de BHP Billiton, de Melbourne, en Australie, grimpait de 7,2%, à 1051 pence.

La volte-face de BHP Billiton pourrait être une bénédiction pour M. Kloppers. Barclay plc, qui avait échoué dans sa tentative de racheter ABN Amro Holding l'an dernier, a finalement racheté la division nord-américaine de son concurrent failli, Lehman Brothers Holdings, en septembre dernier. Royal Bank of Scotland, qui avait acheté une partie d'ABN au prix de 14,3 milliards d'euros (18,6 milliards US), fait l'objet d'une entreprise de sauvetage de la part du gouvernement britannique après que ce rachat eut accru sa vulnérabilité tandis que ses pertes de crédit ont augmenté.

La fusion de BHP Billiton et de Rio Tinto aurait donné naissance à une société qui aurait été l'équivalente de Vale do Rio Dolce à titre de plus important producteur de minerai de fer au monde. Cette société aurait aussi été le plus gros producteur mondial de cuivre, avec environ 9% du marché, et le leader dans le secteur de l'aluminium, avec environ 7% du marché.