Voyant les politiciens promettre de l'aide aux secteurs manufacturier, de la santé et de l'éducation, des acteurs du secteur des technologies de l'information (TI) s'estiment négligés par la campagne électorale.

Voyant les politiciens promettre de l'aide aux secteurs manufacturier, de la santé et de l'éducation, des acteurs du secteur des technologies de l'information (TI) s'estiment négligés par la campagne électorale.

Faisant valoir l'important poids économique de cette industrie et la pénurie de main-d'oeuvre qui la guette, ils aimeraient que les partis leur promettent un coup de pouce comparable à ce qui a été promis en santé, notamment.

L'industrie québécoise des TI compte 160 000 professionnels et génère des retombées économiques annuelles estimées à 20 milliards. Le Conference Board du Canada, qui publie ces statistiques, estime que chaque nouvel emploi créé dans les TI génère des retombées de 120 000$ par an, soit le double du salaire moyen dans ce secteur.

Les prévisions font état de 24 000 postes à combler en TI au cours des trois prochaines années. «Ça représente trois milliards de dollars en revenus et en salaires qui, pour le gouvernement du Québec, aideraient à financer le système de santé», estime Jacques Topping, président du réseau Action TI, l'ancienne Fédération informatique du Québec (FIQ).

Bon pour la santé, bon pour les TI

M. Topping aimerait qu'on promette à l'industrie des technologies de l'information une aide équivalente à celle qui a été promise au réseau de la santé par le Parti libéral: un boni salarial de 3000$ par an sur trois ans pour chaque nouveau diplômé technicien ou bachelier, ainsi qu'une prime annuelle de 8000$ pour chaque retraité qui prolonge son séjour sur le marché du travail. «On a tout un défi à relever au cours des prochaines années. Quelle bonne nouvelle ce serait pour nous!» dit-il.

Le réseau Action TI, qui s'est donné comme mandat de défendre publiquement l'intérêt des travailleurs en TI, pense même qu'on pourrait faire d'une pierre deux coups. «Arrêtons de penser aux CGI de ce monde. Que fait-on pour les gens en TI au sein d'entreprises manufacturières?» s'exclame son président. «En plus, ils améliorent la compétitivité et la productivité de ces entreprises.»

À court terme, M. Topping aimerait qu'on accélère la conversion de travailleurs d'autres secteurs vers les TI, qu'on facilite l'immigration de professionnels de ce secteur et qu'on en fasse une meilleure promotion auprès des écoles. «Pourquoi le fait-on pour la santé, mais pas pour les TI, qui apportent tant à l'économie?» questionne-t-il enfin.

Stimuler l'originalité

Le secteur technologique le plus en vue au Québec est sans doute celui du jeu vidéo. Avec ses 6200 travailleurs, il ne constitue qu'une fraction du total, même s'il se classe parmi les plus importants pôles mondiaux de cette industrie. Dans un vaste rapport sur ce sujet publié la semaine dernière, l'Alliance numérique concluait elle aussi que le gouvernement pourrait en faire davantage pour favoriser la croissance de ce secteur.

«On ne peut pas tout régler sans l'aide du gouvernement, explique André d'Orsonnens, président de ce regroupement d'entreprises issues du milieu du multimédia, du jeu vidéo et de l'internet. Par exemple, on aimerait créer un nouveau fonds d'investissement pour venir en aide à la création de contenu originale. C'est sûr que le gouvernement pourrait venir en aide à ce niveau-là.»

À titre d'exemple, un tel fonds aiderait des entreprises à créer de nouvelles plateformes, plutôt que de seulement en reprendre des existantes. «Ça demande un gros investissement de départ, mais ça pourrait rapporter gros», croit M. d'Orsonnens.

À l'image de son homologue du réseau Action TI, M. d'Orsonnens pense qu'il faudrait se rapprocher des écoles afin d'expliquer plus en détail ce qui les attend s'ils font le saut en TI. «Les jeunes deviennent plus intéressés quand ils apprennent ce qu'est un emploi dans les TI, conclut-il. Faire la tournée des écoles, ce serait un bon remède contre la pénurie de talent.»