Les turbulences économiques actuelles provoquent la réalisation à grande vitesse de fusions et d'acquisitions (F&A), malgré la multiplication d'échecs que cela risque d'engendrer.

Les turbulences économiques actuelles provoquent la réalisation à grande vitesse de fusions et d'acquisitions (F&A), malgré la multiplication d'échecs que cela risque d'engendrer.

Une nouvelle étude mondiale des consultants en gestion Towers Perrin démontre que les F&A se bouclent en 2008 deux fois plus rapidement qu'en 2007, soit en 80 jours plutôt qu'en 142 jours. Et la tendance devrait se maintenir en 2009.

«C'est dangereux parce que des entreprises sous-estiment les risques de telles transactions rapides», affirme à La Presse Affaires le chef des fusions, acquisitions et restructurations chez Towers Perrin au Canada, Éric D'Amours.

Des experts déplorent déjà depuis longtemps que de 50% à 65% des F&A échouent et n'augmentent pas la valeur aux actionnaires, ce qui provoque ensuite des licenciements, pour sabrer les coûts.

Le speed dating sert peut-être les célibataires à la recherche de l'âme soeur, mais convient-il vraiment aux transactions de milliards de dollars? Towers Perrin a analysé 500 transactions, d'au moins 2 milliards chacune, au Canada et à l'étranger, depuis janvier 2007.

Éric D'Amours explique qu'avec la crise du crédit, des entreprises sont au bord du gouffre, mais d'autres regorgent de capitaux. «C'est alors la chasse aux aubaines. On n'a pas de temps pour les vérifications usuelles. Il faut sauter sur l'occasion, profiter des bons prix quand ça passe», dit-il.

Ceux qui font des F&A en mode éclair remettent la vérification des livres de la proie après la transaction. «On vérifie après ce qui a été acheté», déclare Éric D'Amours. On achète ainsi à l'aveugle, sans voir les cadavres dans le placard.

«On dit souvent aux conseillers qu'ils ont trois jours pour produire leur rapport» sur l'acquisition, dit Éric D'Amours.

«Même si une acquisition peut se faire à 30% ou 50% de la valeur d'une entreprise, il faut quand même prévoir une réserve, pour les mauvaises surprises», recommande le patron de Towers Perrin.

«Le niveau d'échecs dépend de ce qu'on achète. Dans les entreprises en difficultés, le moral des troupes n'est pas fort. Dans quelle mesure ces employés vont-ils réussir à se dépasser? La tâche d'intégrer une telle entreprise sera plus lourde», souligne Éric D'Amours.

Les échecs antérieurs ont découlé en partie du manque d'efforts d'intégration de l'acquise, qui doit s'amorcer dès le lendemain de la transaction, afin de profiter du momentum et des synergies promises, déclare-t-il.

Trop souvent, «on a oublié la nécessité de l'intégration. Là, on mettra peut-être plus d'énergies pour intégrer. Sinon, les F&A n'auront pas plus de succès qu'avant. Payer moins cher n'est pas suffisant pour réussir», selon le consultant.

«Dans le secteur des ressources, dont le pétrole, les acquisitions se basent souvent sur les réserves et le prix de ces denrées. Par contre, dans le manufacturier et les services, les employés font souvent toute la différence», note Éric D'Amours.