La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a dénoncé, dimanche, le fait que les problèmes de pénurie de main-d'oeuvre touchent 84 pour cent des entreprises de la province, selon un sondage commandé par l'organisation et rendu public dimanche.

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a dénoncé, dimanche, le fait que les problèmes de pénurie de main-d'oeuvre touchent 84 pour cent des entreprises de la province, selon un sondage commandé par l'organisation et rendu public dimanche.

La FCCQ estime que le sondage, commandé à la firme Baromètre à l'occasion du Rendez-vous sur les pénuries de main-d'oeuvre qualifiée prévu lundi, rend compte des difficultés auxquelles font face les entreprises au niveau du recrutement, de la formation et de la rétention des travailleurs qualifiés.

Selon les résultats de l'enquête, 76 pour cent des entreprises seraient déjà confrontées à des difficultés liées à la pénurie de main-d'oeuvre, et 84 pour cent des entreprises auraient déjà ou prévoiraient avoir à court terme des problèmes de pénurie.

Le manque de travailleurs qualifiés se ferait d'ailleurs sentir dès le recrutement, selon le sondage.

Vingt-quatre pour cent des entreprises sondées ont indiqué avoir du mal à recruter des ouvriers non spécialisés, 18 pour cent à embaucher des gens de métier et des techniciens, 16 pour cent des entreprises ont affirmé peiner à recruter des travailleurs hautement qualifiés, et 8 pour cent à engager des professionnels universitaires.

Par ailleurs, le sondage indique également que les conséquences des pénuries de main-d'oeuvre se font déjà sentir dans plusieurs entreprises. En effet, en raison de la pénurie, 39 pour cent des entreprises interrogées ont affirmé voir leur coût de production augmenter, vivre des tensions accrues avec leurs clients ou reporter ou annuler des projets d'expansion. Dix pour cent ont même répondu perdre des contrats, limiter leurs soumissions ou sentir que leur survie est menacée.

La présidente et directrice générale de la FCCQ, Françoise Bertrand, a expliqué qu'à la lumière de ce sondage, il était devenu clair que les problèmes de pénurie de main-d'oeuvre sont bien réels puisque les entreprises ont commencé à prendre des moyens pour combattre la situation.

Alors qu'un sondage à teneur différente réalisé il y a quelques années révélait qu'environ 40 pour cent des entreprises estimaient que la pénurie de main-d'oeuvre représentait un problème, Mme Bertrand a estimé que le présent sondage en confirmait l'ampleur.

«Maintenant on voit que c'est une question réelle et non plus virtuelle», a-t-elle souligné.

Reconnaissant que plusieurs causes expliquent la situation à laquelle est confronté le milieu des affaires, Mme Bertrand a précisé que plusieurs solutions étaient envisageables, tant pour le gouvernement que pour les entreprises.

Au niveau des entreprises, les départs à la retraite pourraient être freinés, par une flexibilité ou un allégement de la tâche de travail. Le transfert des connaissances des employés quittant le marché du travail pourrait également pallier le manque de formation des nouveaux arrivants, selon la présidente.

Une ouverture du marché aux immigrants venants de l'étranger ou des autres provinces canadiennes a également été suggérée par Mme Bertrand, ainsi qu'une collaboration avec le secteur de l'éducation pour régler les lacunes des formations.

La présidente de la FCCQ a en outre lancé l'appel à une collaboration entre le milieu des entreprises et le gouvernement pour établir les solutions possibles.

A l'instar de Mme Bertrand, une majorité des entreprises interrogées souhaiteraient d'ailleurs voir une amélioration des services gouvernementaux qui leurs sont offerts pour faire face à cette crise, notamment au chapitre de la formation adaptée aux besoins de l'entreprise, du soutien à la productivité, de l'aide à la gestion des ressources humaines et au financement de la formation, conclut le sondage.

Mme Bertrand demeure inquiète face au problème démographique du Québec, une des principales causes de la pénurie, selon elle. Le très faible taux de natalité du Québec a engendré une rareté de la main-d'oeuvre qui laissera le milieu des affaires face à un manque d'entre 500 000 et 700 000 employés en 2020, selon la présidente de la FCCQ.

La firme Baromètre a réalisé pour sa recherche 304 entrevues, entre le 23 septembre et le 23 octobre, avec les propriétaires ou gestionnaires principaux des ressources humaines d'entreprises québécoises de 10 employés ou plus. Les sondés ont été choisis au hasard parmi une liste de 13 883 manufacturiers, grossiste-distributeurs et entreprises de service.