Hydro-Québec et deux distributeurs américains d'électricité veulent construire une nouvelle interconnexion reliant la ligne de transport Nicolet-Des-Cantons et le sud de l'État du New Hampshire, dans le but d'augmenter sensiblement les exportations d'énergie québécoise.

Hydro-Québec et deux distributeurs américains d'électricité veulent construire une nouvelle interconnexion reliant la ligne de transport Nicolet-Des-Cantons et le sud de l'État du New Hampshire, dans le but d'augmenter sensiblement les exportations d'énergie québécoise.

Le projet, dont le coût est estimé à entre 700 millions et 1 milliard US, a été soumis le 12 décembre dernier à la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) par Northeast Utilities et NStar, deux distributeurs d'électricité de la Nouvelle-Angleterre, et HQ Energy Services, filiale américaine d'Hydro-Québec.

Il prévoit que les deux entreprises américaines paieront pour la construction de la ligne de transport et Hydro-Québec les remboursera éventuellement en payant des droits d'accès pour acheminer son électricité vers les marchés de la Nouvelle-Angleterre.

Les parties ont aussi entamé des négociations d'un contrat d'approvisionnement à long terme en électricité du Québec, qui serait le premier contrat de ce type conclu depuis plus de 20 ans.

La nouvelle ligne de transport aurait la capacité d'envoyer 1200 mégawatts de plus vers les marchés de la Nouvelle-Angleterre, soit assez d'électricité pour alimenter un million de foyers qui utilisent une autre source d'énergie pour le chauffage.

Si le projet reçoit le feu vert, la construction de la ligne pourrait commencer en 2011 et les premières livraisons d'électricité sont prévues en 2014.

Il faut toutefois s'attendre à ce que le projet rencontre de l'opposition. En dépit de l'augmentation de la consommation, aucune nouvelle ligne de transport n'a été construite dans le nord-est des États-Unis depuis 20 ans, en raison de l'opposition des résidants et de l'importance des investissements requis.

Un autre projet de ligne de transport, piloté par American Consumers Industries et Borealis, filiale de la caisse de retraite canadienne Omers et qui traverserait l'État de New York, soulève beaucoup d'opposition.

Le mouvement citoyen Stop NYRI (New York Regional Interconnect) a même écrit à la caisse de retraite des employés municipaux de l'Ontario pour lui demander de se retirer du projet. La nouvelle ligne de transport "endommagera ou détruira plusieurs communautés, de même que certains des plus grands points d'intérêt historiques et biologiques de l'État de New York", écrivent les porte-parole des opposants.

Les citoyens qui résident à proximité du tracé de la future ligne craignent de voir leurs maisons perdre de la valeur et s'inquiètent de devoir payer le coût de construction de l'interconnexion par l'augmentation de leurs tarifs d'électricité.

La construction d'une nouvelle interconnexion du Québec vers les États-Unis ouvre la porte au retour des contrats d'exportation à long terme, qui n'avaient plus la cote depuis la déréglementation du marché américain de l'énergie en 1998.

Hydro-Québec a aussi entrepris la construction d'une autre interconnexion de 1200 mégawatts vers l'Ontario, qui pourrait également être suivie d'une entente de vente à long terme avec la province voisine.

Le retour des contrats de vente à long terme chez Hydro-Québec est possible, mais peu probable, estime le professeur Jean-Thomas Bernard, spécialiste en énergie de l'Université Laval.

Selon lui, les prix actuels de l'énergie sont très volatils, ce qui rend très difficile la négociation du prix de l'énergie pour une période de 20 ou 25 ans. Et surtout, le prix du gaz naturel, qui sert de base pour établir le prix de l'électricité dans l'est des États-Unis, risque de rester assez bas alors que le coût des nouvelles centrales d'Hydro-Québec est en hausse.

«Je vois difficilement de l'avenir là-dedans (les contrats à long terme)», a commenté le professeur.

Actuellement, Hydro-Québec a seulement deux engagements à long terme, l'un avec le Vermont et l'autre avec la ville de Cornwall en Ontario.

La nouvelle interconnexion avec la Nouvelle-Angleterre permettrait à Hydro d'augmenter de 50% ses exportations vers ce marché.

En achetant plus d'électricité québécoise, la Nouvelle-Angleterre pourrait réussir à atteindre le tiers de son objectif de réduction des gaz à effet de serre, ont fait valoir les promoteurs du projet d'interconnexion à la FERC.