La Chine pourrait terminer l'année 2008 avec la croissance économique la plus faible en près de 20 ans, estiment des économistes après la publication des chiffres de novembre, nettement moins bons que prévu.

La Chine pourrait terminer l'année 2008 avec la croissance économique la plus faible en près de 20 ans, estiment des économistes après la publication des chiffres de novembre, nettement moins bons que prévu.

Une série d'économistes estiment que la croissance sera située en 2008 entre 5% et 6,5% au quatrième trimestre.

Pour l'ensemble de l'année, la Banque mondiale avait indiqué qu'elle s'attendait à ce que l'économie chinoise progresse de 9,4%.

«Notre prévision est plutôt pessimiste», dit Tao Dong, analyste au Crédit Suisse à Hong Kong, qui prévoit 6,5% de croissance entre octobre et décembre.

Selon lui, c'est le niveau le plus bas depuis que la Nation asiatique a commencé à publier des indicateurs trimestriels en 1995.

Avant, la Chine avait enregistré une croissance annuelle de 3,8% en 1990.

Son économie s'était ensuite emballée, affichant des taux jamais inférieurs à 7,6%, même pendant la crise financière asiatique de 1997.

Xing Ziqiang, économiste basé à Beijing pour China International Capital Corporation, partage le même pessimisme, prévoyant un chiffre entre 5% et 5,5% au quatrième trimestre.

Les indicateurs publiés depuis la semaine dernière pour le mois de novembre montrent que la quatrième économie mondiale ressent l'impact de la crise mondiale beaucoup plus fortement que prévu.

Parmi les principales inquiétudes figure le recul des exportations, pour la première fois depuis 2001, de 2,2% sur un an, alors qu'elles avaient progressé en octobre (+19,2%).

L'indice des prix à la consommation, principale mesure de l'inflation en Chine, a progressé en novembre de 2,4% sur un an, son plus bas niveau mensuel depuis près de deux ans, laissant planer la menace d'une déflation dès le premier trimestre 2009.

Dans le même temps, la production industrielle en Chine a également fortement ralenti, en augmentant de 5,4% sur un an, alors qu'elle avait atteint un pic en mars (+17,8%).

Le dernier chiffre, publié mardi, montre que les investissements en capital fixe ont progressé de 26,8% sur un an entre janvier et novembre, contre 27,2% sur les dix premiers mois.

Beijing a pris récemment une série de mesures pour accroître la demande intérieure et adoucir les effets du ralentissement des marchés à l'exportation, notamment quatre baisses des taux d'intérêt depuis septembre.

Les autorités ont également adopté un plan de relance budgétaire de 4000 milliards de yuans (724 G$ CAN) jusqu'à la fin de 2010.

Cependant, les économistes soulignent qu'il faudra plusieurs mois avant d'en sentir les effets. Dans ce contexte, le gouvernement devrait agir de nouveau.

Mardi, le gouverneur de la Banque centrale Zhou Xiaochuan a laissé entendre que de nouvelles baisses des taux d'intérêt pourraient intervenir, soit fin décembre soit au début de l'année prochaine.

D'autres programmes pour réduire les impôts, accroître les crédits aux petites et moyennes entreprises et soutenir les familles à revenus modestes sont attendus en fonction des résultats du plan de relance, selon les économistes.

Malgré tout, la Chine, qui a connu des taux de croissance à deux chiffres ces cinq dernières années, semble encore mieux placée que les autres économies pour affronter l'hiver.

Huang Yiping, économiste chez Citigroup à Hong Kong, prévoit ainsi une croissance de 8,2% en 2009, en prenant en compte les effets des mesures de relance, dont une grande partie sera consacrée aux infrastructures. «Cela serait encore plus bas sans ces politiques», dit-il.

BNP Paribas voit une croissance chinoise à 7-8% l'année prochaine.