Oto-rhino-laryngologistes (orl), audiologistes, audioprothésistes... Les trois spécialistes manifestent un intérêt professionnel pour vos oreilles. À qui s'adresser pour un problème d'audition? Démêlons les responsabilités.

Oto-rhino-laryngologistes (orl), audiologistes, audioprothésistes... Les trois spécialistes manifestent un intérêt professionnel pour vos oreilles. À qui s'adresser pour un problème d'audition? Démêlons les responsabilités.

L'ORL s'intéresse aux maladies, malformations et autres dommages à l'appareil auditif. Selon le Dr Sylvain St-Pierre, ORL et président de l'Association d'oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale du Québec, «il est important qu'un médecin fasse l'évaluation globale du patient, pas seulement une évaluation de l'audition».

Si nécessaire, ce médecin dirigera le patient vers un ORL, dont l'objectif est d'établir un diagnostic, appuyé sur un questionnaire médical et un examen spécialisé.

La loi autorise les médecins et les ORL à faire des tests auditifs. «Mais pour évaluer plus finement l'audition, la majorité d'entre eux s'en remettent à un audiologiste», soutient Louis Beaulieu, président-directeur général de l'Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ).

C'est l'audiologiste, avec sa formation de deuxième cycle universitaire, qui fera les tests nécessaires et précisera les besoins du client, pour finalement émettre ses recommandations. Vous pouvez avoir accès à leurs services par l'intermédiaire de votre médecin de famille ou, selon les régions, par une autre porte d'entrée du système de santé public, comme les CLSC.

Une cinquantaine des quelque 300 audiologistes du Québec pratiquent en cabinet privé. Une consultation, un test auditif et une ordonnance coûtent entre 60$ et 80$. Consultez l'OOAQ à ce propos.

L'audioprothésiste, enfin, détient l'exclusivité de la vente de prothèses auditives, dont il fait également l'ajustement et l'entretien. Depuis le début des années 80, un diplôme d'études collégiales spécialisé donne accès à cette profession.

«Notre loi nous oblige à obtenir un certificat médical ou une recommandation de prothèse auditive par un audiologiste, un ORL ou un médecin pour appareiller les gens», précise Claude Forest, secrétaire générale de l'Ordre des audioprothésistes du Québec.

L'audioprothésiste peut effectuer des tests d'audition pour l'ajustement des prothèses. Et c'est là que naît la controverse.

«Pour compliquer encore les choses, quand le patient choisit l'avenue du privé, il n'est pas obligé de voir l'audiologiste ou l'ORL, décrit Claude Forest. Ça peut être un médecin de famille, avec un test d'audition fait par un audioprothésiste. Mais on ne se cachera pas qu'il y a un petit conflit sur qui a le droit de faire les tests d'audition et dans quel but.»

Les audiologistes reprochent aux audioprothésistes d'excéder leurs prérogatives en faisant des tests d'audition en vue de prescrire des prothèses, ce qu'encourage un certain flou législatif.

«Si les choses étaient plus claires, constate Louis Beaulieu, le travail en tandem et en trio serait probablement un peu plus facile entre l'ensemble des professionnels.»

Le Dr Sylvain St-Pierre ajoute un élément au débat: pour réduire la pression sur les audiologistes, il serait sans doute souhaitable d'ajouter un intermédiaire, peut-être de formation professionnelle collégiale, qui serait habilité à faire des tests d'audiométrie.

Une cacophonie...

PROTHÈSES AUDITIVES, PREMIÈRE PARTIEUn court rappel

Dans la première partie de notre dossier sur les prothèses auditives, paru le dimanche 20 avril, nous avons présenté les principaux types de prothèses: numériques-contour d'oreille, intra-auriculaire, intra-conduit et intra-profond. Rappelons que la RAMQ paie une prothèse numérique aux enfants de moins de 12 ans dont la déficience auditive compromettrait le développement, aux jeunes de 12 ans à 18 ans et aux étudiants de 19 ans ou plus dont une oreille est atteinte d'une déficience d'au moins 25 décibels, ainsi qu'à toute personne dont la meilleure oreille est atteinte d'une déficience d'au moins 35 décibels.

La liste des appareils couverts par la RAMQ comporte une cinquantaine d'appareils numériques, qu'elle paie en moyenne environ 500$.

L'Ordre des audioprothésistes du Québec (OAQ) avait suggéré que le client ait le choix entre une prothèse couverte par le programme et une somme forfaitaire équivalente, qu'il pourrait appliquer à l'appareil de son choix. Cette avenue n'a pas été retenue par le ministère de la Santé et des services sociaux.

Claude Forest, secrétaire de l'OAQ, a par ailleurs apporté la précision suivante: plutôt que l'OAQ, c'est l'Association professionnelle des audioprothésistes du Québec qui peut suggérer à ses membres un ordre de grandeur pour le prix des prothèses auditives.