Le Fonds monétaire international a fustigé mardi Wall Street, dans des termes inhabituellement sévères et précis, pour sa responsabilité dans la genèse d'une crise qui pourrait coûter jusqu'à 945 G$ au système financier international.

Le Fonds monétaire international a fustigé mardi Wall Street, dans des termes inhabituellement sévères et précis, pour sa responsabilité dans la genèse d'une crise qui pourrait coûter jusqu'à 945 G$ au système financier international.

Dans son rapport semestriel, le service du Fonds chargé de la surveillance des marchés a chiffré à 565 G$ les pertes des banques et autres institutions financières dues à la crise du crédit hypothécaire à risque (subprime), une estimation qui monte à 945 G$ si d'autres catégories de prêts connexes y sont ajoutées.

«La crise a dépassé les confins du marché américain du subprime, pour toucher concrètement les principaux marchés de l'immobilier d'entreprise et résidentiel, le crédit à la consommation et le crédit aux entreprises», a expliqué le FMI, à quelques jours de son assemblée de printemps.

C'est la première fois que l'institution financière internationale livre officiellement une estimation chiffrée des pertes financières globale dues à la crise du crédit, née aux États-Unis.

Mi-février, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, avait fait toutefois état d'estimations du FMI les évaluant à 400 G$. C'est ce chiffre qui ressort aujourd'hui actualisé à 565 G$, a-t-on appris de source proche de l'institution.

Le montant de 945 G$ inclut «d'autres catégories de prêts et de titres initiés ou émis aux États-Unis et se rapportant à l'immobilier commercial et au crédit à la consommation et aux entreprises».

Ce rapport, particulièrement critique à l'égard de Wall Street, sonne comme une réponse aux soupçons d'impartialité dont l'institution a été l'objet.

Lors de sa dernière assemblée, en octobre, plusieurs pays émergents avaient reproché au Fonds, dominé par les pays riches, de n'avoir pas su anticiper la crise, parce que née aux États-Unis, et d'en traiter les effets avec complaisance.

«Le Fonds n'a pas eu grand chose à dire de constructif sur cette crise et a été très prudent dans ses recommandations et justifie cette prudence en arguant du caractère inédit des problèmes», avait notamment jugé le ministre des Finances brésilien Guido Mantega.

Mi-décembre, le nouveau directeur général de l'institution, Dominique Strauss-Kahn, avait annoncé une reprise en main du dossier: «Les événements survenus récemment sur le marché du crédit des pays développés ont montré que la stabilité financière nationale et internationale ne devait pas être considérée comme acquise», expliquait alors le FMI dans un nouveau programme de travail, dont l'échéance correspond précisément à l'assemblée de printemps.

Revenu à son rôle de gendarme, le Fonds juge que, dans cette affaire, «l'ensemble des intervenant n'ont réussi à apprécier ni l'ampleur de l'effet de levier auquel ont eu recours de nombreuses institutions (...) ni les risques de dénouement désordonné qui en découlent».

Le rapport dénonce en rafale «prise de risque excessive» et «manque de rigueur» au sein d'«institutions faiblement capitalisées» et va jusqu'à recommander une réforme du mode de rémunération des cadres impliqués dans la gestion des produits à risques.