Bear Stearns (BSC) qui s'effondre dimanche. Lehman Brothers (LEH) qui trébuche lundi. Pas de doute: la semaine s'annonce longue pour les banques américaines.

Bear Stearns [[|ticker sym='BSC'|]] qui s'effondre dimanche. Lehman Brothers [[|ticker sym='LEH'|]] qui trébuche lundi. Pas de doute: la semaine s'annonce longue pour les banques américaines.

Et plusieurs analystes se demandent maintenant quelle sera la prochaine à tomber au combat.

La banque d'investissement new-yorkaise Lehman Brothers a vu son titre perdre jusqu'à 48% lundi après-midi avant de regagner une partie du terrain perdu. L'action a clôturé à 31,75 $ US, une perte de 19%.

Cette dure journée en suivait une autre: dimanche, la banque rivale Bear Stearns s'était vendue pour une bouchée de pain, JPMorgan l'avalant pour un prix 90% plus bas que celui du marché.

«Ce n'est pas fini, a prédit à La Presse Affaires l'économiste Peter Morici, de l'Université du Maryland. On va voir au moins une ou deux faillites supplémentaires et une récession qui va perdurer.»

Il reste toutefois à voir si la panique qui a plombé hier Lehman Brothers est justifiée. L'entreprise a fait valoir lundi que «son niveau de liquidité a été et continue d'être fort».

Elle a rappelé qu'elle avait 35 milliards dans les coffres à la fin novembre, un montant qui couvrait 128% de ses engagements à court terme, contre 52% chez Bear Stearns.

Lehman Brothers a aussi été relativement épargné par la crise du crédit jusqu'à maintenant. La banque a radié pour 830 millions d'actifs l'an dernier, une bagatelle comparativement aux 21 milliards de Citigroup et aux 19 milliards de Merrill Lynch.

L'agence de notation Moody's a maintenu hier la cote de Lehman Brothers à A1, mais a fait passer ses perspectives de «positives» à «stables». La banque dévoilera ses résultats aujourd'hui.

«Le secteur financier est basé sur la confiance», rappelle l'analyste Michael Goldberg, de Valeurs mobilières Desjardins, devant cette dégringolade. Et en cette période trouble où l'on suspecte les hypothèques à risque d'avoir contaminé une large gamme d'actifs, tout le monde se méfie de tout le monde.

Selon l'analyste, les mesures d'urgence annoncées dimanche par la Fed devraient parvenir à rassurer le marché.

À tel point, en fait, qu'il s'attend à ce que plusieurs banques profitent du contexte relativement favorable pour vider leur sac de mauvaises nouvelles cette semaine lors du dévoilement de leurs résultats.

«Maintenant qu'ils ont un accès assuré à des liquidités, les courtiers américains n'ont plus de raisons de se retenir. Ils vont purger tout ce qu'il peut y avoir de mauvais. Ça peut vouloir dire de grosses pertes. Ça peut vouloir dire qu'ils doivent lever du capital supplémentaire.»

Peter Morici, de l'Université du Maryland, est autrement plus sévère envers la Fed, dont il compare l'intervention à «envoyer une chaudière de bière sur un incendie de forêt».

«Nous allons encore voir des faillites de banques parce que Bernanke et ses amis ne se sont pas occupés du problème de fond. Ils n'ont pas obligé les banques à changer leurs pratiques d'affaires, et c'est ce qui nous a menés à cette crise. Il y a un manque de confiance de la part des investisseurs internationaux dans les banques américaines et dans l'économie des États-Unis en général.»

Selon lui, Lehman Brother figure comme un «candidat de choix» sur la liste des prochaines banques à tomber au combat. Mais l'économiste n'hésite pas à en désigner une autre, et non la moindre: l'une des plus importantes au monde.

«Lehman Brothers n'est que l'une des voitures du convoi. La question, c'est de savoir si la locomotive qui les entraîne est en train de dérailler. Et ça, c'est Citigroup une banque malade qui est mal dirigée», a-t-il dit.

Tous les analystes consultés hier par La Presse Affaires ont jugé les banques canadiennes dans une meilleure posture que leurs consoeurs américaines.