La dernière année a été un peu folle - et pas très faste - pour l'économie canadienne comme pour l'économie mondiale. Malgré tout, l'année 2008 a connu son lot de gagnants ... et de perdants.

La dernière année a été un peu folle - et pas très faste - pour l'économie canadienne comme pour l'économie mondiale. Malgré tout, l'année 2008 a connu son lot de gagnants ... et de perdants.

Les entreprises québécoises

Metro et Semafo

Discrètes mais performantes

En pleine crise économique, les succès de Metro et Semafo sont passés inaperçus. Rien d'étonnant: ces deux entreprises sont tout sauf flamboyantes.

Les investisseurs ont toutefois apprécié leur prudence, faisant d'elles les deux seules entreprises québécoises avec une capitalisation boursière de plus de 100 millions de dollars à terminer l'année en hausse sur les marchés boursiers.

Metro a vu son titre s'apprécier de 37,91% cette année. «Metro a bien fait ses devoirs, dit Luc Girard, directeur du groupe de conseils en portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins. La direction de l'entreprise est excellente. Les dirigeants sont là pour améliorer les marges de profit.»

Semafo, la plus grande société aurifère québécoise, a quant à elle gagné 28,71% sur les marchés boursiers cette année tout en extrayant environ 175 000 onces d'or dans l'ouest de l'Afrique. Pas mal pour une entreprise créée dans des circonstances plutôt particulières, en 1993, alors que son futur PDG Benoit Lasalle était en voyage humanitaire en Afrique.

«Ça m'a permis de rencontrer les présidents des pays, les premiers ministres, les fonctionnaires, a-t-il dit. Ils m'ont dit: vous devriez revenir, vous pourriez nous aider à mettre en valeur le secteur minier.» Benoit Lasalle a saisi l'occasion, et sa société vaut maintenant 273 millions de dollars à la Bourse de Toronto.

ENTREPRISES QUÉBÉCOISES EN BOURSE

Rendement en 2008

37,90%

Cours de l'action hier à la fermeture

36,34$

Semafo

36,34$

Rendement en 2008

28,71%

Cours de l'action hier à la fermeture

1,30$

Garda et Quebecor World

Pécher par endettement

Triompher par la dette, périr par la dette - tel a été le destin des deux sociétés québécoises les plus touchées en Bourse cette année, l'entreprise de sécurité Garda World et l'imprimeur Quebecor World. Cette année, elles ont perdu toutes deux au-delà de 90% de leur valeur boursière.

La chute de Garda World - un des plus récents success story québécois en Bourse - a été particulièrement brutale. "Ce n'est pas tellement compliqué: Garda était une société qui avait le vent dans les voiles mais qui était trop endettée, dit Luc Girard, directeur du groupe de conseils en portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins. L'élastique a été poussé à l'extrême."

Les déboires de l'imprimeur Quebecor World ont aussi retenu l'attention en 2008. Jadis le fleuron de l'empire Quebecor, les imprimeries ont été larguées par la société dirigée par la famille Péladeau. À la mi-décembre, la famille Péladeau a officialisé sa rupture avec Quebecor World en démissionnant en bloc du conseil d'administration de l'imprimeur. Contrairement à Garda World, les difficultés de Quebecor World ne sont pas seulement attribuables à la crise du crédit. "En plus d'avoir à faire face à une dette importante, Quebecor World devait affronter un vent de face, dit Luc Girard. L'industrie de l'impression suit une tendance négative."

Mais le ralentissement de son industrie n'explique pas toutes les difficultés de Quebecor World, dont le concurrent nord-américain RR Donnelly a fait des profits au cours des trois premiers trimestres de l'année. "Donnelly a mis toutes ses énergies afin de sauver l'entreprise, notamment en réinvestissant dans la machinerie", dit Luc Girard.

Garda Rendement en 2008

-95,71%

Cours de l'action hier à la fermeture

0,66$

Quebecor World

0,66$

Rendement en 2008

-98,87%

Cours de l'action hier à la fermeture

0,02$

Les pays

Chine

La médaille d'or de l'économie

Avec ses 51 médailles d'or - 15 de plus que les Américains -, les sportifs chinois ont été les grands gagnants des Jeux olympiques de Pékin. Ex aequo avec l'économie chinoise, qui a profité du boom olympique afin de connaître la plus grande croissance économique au monde cette année - 9,7%, contre 7,8% pour sa plus proche rivale, l'économie indienne.

L'économie chinoise a connu ses meilleurs moments durant la première moitié de l'année, alors que le pays finalisait les derniers préparatifs des Jeux olympiques de Pékin. Afin d'accueillir les meilleurs athlètes au monde, les Chinois ont dû construire plusieurs nouveaux stades et améliorer leurs infrastructures de transport. Ils ont notamment construit un nouveau terminal d'aéroport - considéré le plus moderne au monde. "Cette année, l'économie de la Chine a profité des Jeux olympiques en plus du processus normal d'industrialisation", dit Martin Lefebvre, économiste au Mouvement Desjardins.

Cette médaille d'or économique est un prix de consolation pour la Chine, qui avait connu une croissance économique de 11,9% en 2007, selon le Fonds monétaire international. "Les Chinois ont aussi connu un ralentissement économique en deuxième moitié d'année, dit Martin Lefebvre. De passer d'une croissance de 11% à 9%, c'est un ralentissement aussi notable que ce qui se passe en Amérique du Nord."

CHINE

9,70% - Croissance économique

586 milliards US - Plan de sauvetage du gouvernement chinois afin de contrer le ralentissement économique mondial

Islande

L'île du crédit

L'Islande était une petite île où il faisait bon vivre - jusqu'à ce qu'elle soit envahie par la tourmente du crédit.

D'une situation économique enviable - quatrième ou cinquième pays le plus riche au monde par résidant, selon le critère choisi -, les Islandais sont devenus les victimes et le symbole de la crise du crédit. C'est que leurs banques, déréglementées au début des années 2000, ont fait des prêts à risque partout en Europe en quantité astronomique - jusqu'à six fois la taille de l'économie de l'Islande!

Incapables de refinancer leurs activités outre-mer, les trois banques islandaises ont ainsi fait perdre au pays 30% de son PIB. "Si les banques islandaises s'en étaient tenues à leurs frontières, il n'y aurait pas eu de problèmes, résume Martin Lefebvre, économiste au Mouvement Desjardins. Mais les banques islandaises ont décidé de faire des prêts à risque dans toute l'Europe et elles sont devenues trop grosses."

Les conséquences de la crise du crédit ont été catastrophiques pour les Islandais. La Bourse islandaise a perdu 94,5% depuis le début de l'année. La couronne islandaise a perdu 47,9% de sa valeur par rapport à l'euro. Comme si ce n'était pas suffisant, les taux d'intérêt sont supérieurs à 18%.

L'Islande a obtenu plusieurs milliards du Fonds monétaire international et de certains pays européens. Les 320 000 Islandais espèrent que ce sera suffisant afin de remettre leur économie sur les rails. "Sinon, ce sera une remontée longue et pénible comme celle de l'Argentine lors de la crise du peso (au début des années 2000)", dit Martin Lefebvre.

ISLANDE

-94,5% Rendement de l'indice de la Bourse de Reykjavik en 2008

-47,9% Dévaluation de la couronne islandaise par rapport à l'euro en 2008

Les devises

Le dollar américain

Une réputation intacte

En 2008, une seule devise a fait mieux que le dollar américain: le yen. Mais les Japonais sont plutôt embêtés par leur monnaie forte, qui freine leurs exportations. La santé économique du Japon dépend de ses exportations aux États-Unis. "Si le dollar américain continue de se déprécier, on peut supposer que la Banque du Japon va acheter massivement des dollars américains afin de dévaluer le yen", dit Martin Lefebvre, économiste au Mouvement Desjardins.

En cette année qui s'est déroulée sur fond de ralentissement économique, le dollar américain a fait honneur à sa réputation de valeur refuge - même si l'économie américaine est ironiquement l'une des plus mal en point. "Quand les gens ont paniqué, ils se sont réfugiés vers les valeurs refuges les plus sûres, comme le dollar américain, dit Martin Lefebvre. L'ensemble des transactions de la planète sont encore effectuées en dollars américains."

S'il doit sa récente hausse sur les marchés financiers à l'incertitude, le dollar américain risque de se déprécier quand cette incertitude se sera dissipée. Le billet vert est d'ailleurs en forte baisse au cours des dernières semaines. "Quand il y aura moins de risques sur les marchés, le dollar américain va en subir les conséquences", dit Martin Lefebvre.

LE DOLLAR AMÉRICAIN

Contre le yen

Cours

1$US = 90,87 yens

Rendement en 2008

-22,98%

Contre l'euro

-22,98%

Cours

1$US = 0,72

Rendement en 2008

4,29%

Le dollar canadien

Si lointaine, la parité avec le billet vert

Après avoir fait la fierté des Canadiens en dépassant le billet vert de l'Oncle Sam en 2007, le huard a connu une dernière année difficile, perdant 22% contre le dollar américain et 17% contre l'euro.

Aussi difficile soit-il sur l'ego des Canadiens, un tel retour à la réalité était nécessaire pour l'économie canadienne. "À 1,10$US, le dollar canadien était victime de spéculation", dit Martin Lefebvre, économiste au Mouvement Desjardins.

S'il a tenu le coup une partie de l'année en raison du prix élevé du pétrole - jusqu'à 147$US le baril en juillet -, le huard a ensuite chuté comme toutes les autres devises reliées au cours des matières premières. "Le dollar australien, le dollar néo-zélandais et la couronne norvégienne se sont aussi fait rentrer dedans", dit Martin Lefebvre.

Avis aux optimistes qui rêvent de revivre la parité avec le billet vert: les prochaines variations du huard seront vraisemblablement à la baisse, selon le Mouvement Desjardins. Si la Banque du Canada décide d'abaisser les taux d'intérêt comme vient de le faire la Réserve fédérale américaine, la demande pour le huard diminuera. Sa valeur sur le marché des devises aussi.

LE DOLLAR CANADIEN

Contre le dollar américain

Cours

1$CAN = 0,82$US

Rendement en 2008

-21,86%

Contre l'euro

-21,86%

Cours

1$CAN = 0,59

Rendement en 2008

-16,64%

Les villes canadiennes

Saskatoon

Le géant qui dormait

Mi-décembre. Les ministres des Finances du pays se réunissent pour la dernière fois cette année. Coïncidence ou pas, la rencontre a lieu à Saskatoon. Drôle de choix? Pas vraiment, la ville ayant connu la plus grande croissance économique au Canada en 2008.

Selon les derniers chiffres du Conference Board du Canada, Saskatoon connaîtra une croissance économique de 5,3% en 2008, tout juste devant sa voisine Regina (+4,1%). La santé économique de Saskatoon s'est aussi manifestée dans son marché immobilier. "La santé économique des villes comme Saskatoon dépend du prix des matières premières", dit Martin Lefebvre, économiste au Mouvement Desjardins. Dans le cas de Saskatoon, il s'agit beaucoup du cours de la potasse, un engrais utilisé pour améliorer les récoltes. Le plus grand producteur de potasse au monde, Potash Corp, a son siège social à Saskatoon.

Le maire de Saskatoon, Don Atchison, n'est pas surpris de voir sa ville se retrouver en haut du palmarès des villes canadiennes. Saskatoon détenait d'ailleurs ce titre en 2007. "Nous étions un géant qui dormait pendant des décennies, dit-il. Nous sommes d'ailleurs la seule ville au Canada à avoir connu 16 années consécutives de croissance économique."

Le maire Atchison se dit confiant de l'avenir économique de sa ville. "Potash Corp a déjà annoncé la création de 11 000 nouveaux emplois au cours des prochaines années, peu importe les circonstances, dit-il. Nous produisons de l'uranium, de l'or, des diamants. Toutes les meilleures firmes d'ingénieurs au monde viennent faire un tour en ville."

SASKATOON

28,20% - Hausse du prix des propriétés en 2008

382 368$ - Prix moyen d'une maison individuelle en octobre 2008

Hamilton

Une dernière année dans la cave?

Les résidants de Hamilton ont reçu une bonne et une mauvaise nouvelle en cette fin d'année 2008.

D'abord, la mauvaise: leur ville vient de connaître la pire année au plan économique parmi les principaux centres urbains au pays. Selon les dernières prévisions du Conference Board du Canada, la croissance économique de Hamilton sera de seulement 0,3% cette année. Un chiffre qui devrait descendre sous la barre de zéro quand le Conference Board publiera les résultats finaux le mois prochain.

La bonne nouvelle, maintenant: l'an prochain, Hamilton devrait céder son titre de cancre de l'économie canadienne à une autre ville ontarienne, probablement Windsor. Selon le Mouvement Desjardins, les difficultés de l'industrie automobile deviendront graduellement plus importantes que celles de l'industrie manufacturière, particulièrement concentrée à Hamilton. "La restructuration de l'industrie automobile provoquera des pertes d'emplois et des réductions de salaires, dit l'économiste Benoit Durocher. Il y aura un effet boule de neige sur le marché de l'immobilier et l'ensemble de l'économie de Windsor en 2009."

HAMILTON

-12,80% - Hausse du prix des propriétés en 2008