Les ventes de voitures sont en chute libre, les ménages consomment moins et l'immobilier plante. Mais s'il y a des produits qui risquent de se vendre en période de déprime économique, ce sont les antidépresseurs.

Les ventes de voitures sont en chute libre, les ménages consomment moins et l'immobilier plante. Mais s'il y a des produits qui risquent de se vendre en période de déprime économique, ce sont les antidépresseurs.

Ça tombe bien pour Labopharm [[|ticker sym='T.DDS'|]]. La biotech de Laval planche sur un antidépresseur, le trazodone, qui sera examiné par les autorités américaines en juillet prochain. L'entreprise a dévoilé hier des détails sur la façon dont les patients de la dernière étude ont réagi à sa consommation qui ont semblé plaire au marché.

Le titre de Labopharm a bondi de 18,6%, ou 16 cents, hier, pour clôturer à 1,02$.

«Ça regarde assez bien, a dit à La Presse Affaires Claude Camiré, analyste chez Paradigm Capital. C'était la première fois qu'on voyait les résultats ce matin et ils ont l'air assez bien.»

Le gain en Bourse s'inscrit dans une période folle pour Labopharm. Du 4 au 15 décembre, le titre a carrément doublé (de 43 à 86 cents), si bien que le TSX a demandé des explications à l'entreprise. Il faut dire que l'action avait frôlé les 3$ en début d'année et qu'elle déclinait depuis.

La biotech a répondu qu'elle n'avait «connaissance d'aucun motif expliquant la récente activité boursière» sauf le fait qu'un autre de ses médicaments, le tramadol, fera aussi l'objet d'un verdict de la Food and Drug Administration américaine le 2 janvier prochain. Le tramadol est un analgésique déjà commercialisé dans 14 pays, dont le Canada, mais qui s'est buté à des délais et à des demandes supplémentaires aux États-Unis.

Un antidépresseur amélioré

L'analyste Claude Camiré estime que, cette fois, les probabilités sont de 80% que le tramadol passe le test et accède au plus gros marché de la planète.

Quant au trazodone, M. Camiré estime que ses probabilités d'approbation en juillet sont supérieures à 50%. Avec 18 millions d'Américains qui souffrent de trouble dépressif majeur, le marché pourrait être le double, voir le triple de celui du tramadol.

«Ce n'est pas tout le monde qui répond bien au trazodone, mais je pense qu'il a des qualités que d'autres antidépresseurs n'ont pas», dit l'analyste. La direction de Labopharm a insisté hier sur le fait que son antidépresseur n'exacerbe pas les problèmes d'insomnie et d'anxiété et qu'il cause peu de dysfonctions sexuelles.

Selon M. Camiré, le fait que la substance soit déjà connue devrait faciliter son approbation. Labopharm a suivi sa recette: prendre un produit déjà commercialisé et l'améliorer pour en faire un nouveau médicament. Dans ce cas, l'entreprise a modifié le trazodone pour qu'il soit libéré de façon plus graduelle dans l'organisme.

«C'est comme si, au lieu de prendre quatre verres de vin d'un seul coup le matin, vous les sirotiez graduellement pendant la journée. La dose est la même. Mais les effets sont complètement différents», a dit le Dr David Sheehan, de l'University of South Florida College, au cours de la présentation d'hier.

Le trazodone a tout de même causé davantage de maux de tête, de somnolence et d'étourdissements que le placebo. Des neuf analystes recensés par l'agence Bloomberg, cinq recommandent d'acheter des actions de Labopharm et quatre conseillent de les conserver. Prix cible moyen: 2,30$.