La valeur des permis de bâtir a chuté de 15,7% au Canada en octobre 2008 par rapport au mois précédent, en pleine crise financière, mais elle a encore augmenté au Québec, de 8,5%.

La valeur des permis de bâtir a chuté de 15,7% au Canada en octobre 2008 par rapport au mois précédent, en pleine crise financière, mais elle a encore augmenté au Québec, de 8,5%.

Selon les données désaisonnalisées de Statistique Canada, la dégringolade au pays a touché surtout la construction non résidentielle (-23,9%), mais aussi l'habitation (-7,8%). Toutes les provinces en ont souffert, sauf Terre-Neuve et le Québec.

C'est le bond de 28,7% des permis non résidentiels qui aide au Québec, souligne Carlos Leitao, économiste en chef de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Des projets d'immeubles institutionnels et industriels mijotent, ajoute Statistique Canada.

«L'Ouest canadien fait un virage plus rapide à la baisse que le Québec, où les permis sont en hausse depuis des mois, note Hélène Bégin, économiste principale de Desjardins. Ça rassure un peu, mais le Québec n'échappera pas à l'impact de la récession américaine et des gros nuages canadiens. La hausse des travaux d'infrastructures, à 8,3 milliards de dollars en 2009, va par contre aider.»

Le Québec a lancé ce programme avant les autres provinces, des viaducs sont tombés, signale Carlos Leitao.

Les intentions de construire sont en «chute libre» au pays, déclare Charmaine Buskas, économiste principale de TD Securities. «Le déclin ne devrait pas garder cette ampleur, mais la tendance est par contre bien enclenchée. À la fois l'habitation et la construction commerciale réagissent au refroidissement de l'économie. Les entrepreneurs vont encore corriger le tir et cela va nuire à la croissance économique.»

En un mois, la valeur des permis de bâtir a chuté de 6,4 milliards à 5,4 milliards au pays en octobre dernier, précise Statistique Canada. Au Québec, par contre, les projets de construction ont augmenté de plus de 100 millions, à 1,3 milliard, contrairement à l'Ontario où ils reculent, de 2,4 milliards à 1,8 milliard.

La baisse touche des villes ontariennes de l'auto, comme Oshawa (-75,2%) et Windsor (-35,3%).

Montréal profite par contre d'une hausse (+4,6%), tout comme Saguenay (+94%), Sherbrooke (+15,8%) et Trois-Rivières (+19,1%), mais pas Québec (-19,3%), ni Gatineau (-6,4%).

La baisse des permis dans la construction non résidentielle provient surtout de l'Ontario, de la Saskatchewan et de l'Alberta, indique Statistique Canada.

Dans le résidentiel, les municipalités du pays ont accordé en octobre des permis d'une valeur de 3 milliards, en baisse de 7,8%. C'est la troisième baisse mensuelle consécutive, attribuable aussi au secteur unifamilial. La Colombie-Britannique accuse la plus forte baisse dans le résidentiel, à cause du multifamilial.

De janvier à octobre dernier, par rapport à 2007, la valeur des permis municipaux n'a par contre baissé que de 2,3%, à 60,9 milliards. Le résidentiel a reculé de 6,5%, mais le non résidentiel a monté de 4,2%.

Pour les chantiers industriels, la valeur des permis a chuté de 41,5%, principalement en Ontario et en Alberta. Dans la construction commerciale, les permis baissent de 13,4%, à cause aussi de l'Ontario et de l'Alberta.

Depuis le début de l'année, les permis dans la construction institutionnelle et industrielle ont monté de 16,1% et de 5,8%, respectivement, mais ceux dans le commercial ont baissé de 0,9%, par rapport à 2007.

L'économiste Charmaine Buskas note que le pays a profité d'une hausse de 12,5% des permis en septembre.

VALEUR DES PERMIS DE BÂTIR

Variation de septembre à octobre 2008

Canada: -15,7%

Québec: +8,5%

Terre-Neuve : +9,7%

Ontario: -24,8%

Saskatchewan: -58,7%

Alberta : -17,5%

Colombie-Britannique: -5,2%

Source : Statistique Canada, données désaisonnalisées