L'univers scintillant du cinéma a perdu de son lustre, jeudi, pour la Société générale de financement. Alliance Film a vu sa dette de 400 M$ décotée par la firme de notation Moody's, de New York.

L'univers scintillant du cinéma a perdu de son lustre, jeudi, pour la Société générale de financement. Alliance Film a vu sa dette de 400 M$ décotée par la firme de notation Moody's, de New York.

Cette décote, qui risque d'augmenter le coût du crédit pour Alliance, survient trois mois après que la SGF eut investi 100 millions de dollars dans Alliance Film, en échange de 38,5% des actions et 51% des droits de vote de ce distributeur de films pancanadien.

Hier, Moody's abaissé la cote de l'entreprise - et celle de son risque de défaut - de «B2» à «Caa1».

Conséquemment, Moody's a aussi décoté d'un cran deux facilités de crédit séparées totalisant des emprunts de 400 millions de dollars américains auprès de banques, en première et deuxième hypothèques.

Ni le président d'Alliance, Patrick Roy, ni le chef des finances, Tony Long, n'ont pu être joints jeudi.

L'avis de Moody's n'explique pas spécifiquement la décote mais semble faire allusion à une autre mauvaise nouvelle pour Alliance, survenue lundi dernier, quand Alliance a perdu un important contrat de distribution avec un de ses plus anciens partenaires, New Line Cinema.

«La cote Caa1 attribuée à (...) Alliance Film est un reflet de son endettement élevé, de la faiblesse de ses liquidités et du risque associé avec la qualité cinématographique et le renouvellement de contrat, écrit l'analyste de Moody's. De plus, le modèle d'affaires requiert le versement d'avances, pour obtenir le contenu, et ce, avec des retours imprévisibles au fil du temps. Cette absence (...) de paiements minimum garantis nécessite des liquidités robustes; or, la faiblesse de la compagnie au chapitre des liquidités contribue à la décote.»

Moody's reconnaît toutefois la valeur de son catalogue de produits existants et l'importance de sa part du marché canadien de la distribution cinématographique.

À la SGF, on n'a pas voulu commenter les finances d'Alliance Film, ni même confirmer le lien entre la décote et la perte annoncée du contrat avec New Line Cinema.

Mais on réitère que la perte du contrat de New Line Cinema ne change rien de substantiel à la valeur à long terme de l'investissement dans cette firme qui a annoncé récemment le déménagement à Montréal de son siège social.

«Nous savions que ce contrat était à risque quand nous avons négocié notre entrée au capital d'Alliance et nos négociateurs ont obtenu un prix qu'ils considèrent juste et équitable dans ces circonstances», a dit Marie-Claude Lemieux, de la SGF.

Elle note que le contrat avec New Line Cinema a jadis été très payant pour Alliance à l'époque où la trilogie de Le Seigneur des Anneaux a été diffusée, mais que les années récentes ont été moins intéressantes.

Selon Mme Lemieux, l'investissement dans Alliance Film demeure stratégique aux yeux de la SGF et positionne la société d'État québécoise en distribution, donc en aval des revenus de production cinématographique.

La SGF avait d'abord annoncé des investissements de 158 millions sur quatre ans dans une trentaine de longs métrages ou séries télévisées qui seront produits par Lion's Gate et Dark Castle.

Quatre de ces productions ont déjà été tournées à Montréal et deux autres devraient suivre, a dit la porte-parole de la SGF.