Citigroup, en très mauvaise posture il y a quelques mois en raison de son exposition au «subprime», se sent désormais assez rétablie pour repasser à l'offensive et rattraper son retard en banque de détail en absorbant sa grande rivale Wachovia.

Citigroup, en très mauvaise posture il y a quelques mois en raison de son exposition au «subprime», se sent désormais assez rétablie pour repasser à l'offensive et rattraper son retard en banque de détail en absorbant sa grande rivale Wachovia.

En achetant lundi les activités bancaires de Wachovia moyennant 2,1 milliards de dollars (et la reprise de 53 milliards de dettes) sous l'égide des autorités fédérales, Citigroup rejoint le petit groupe des gagnants de la crise, avec Bank of America et JPMorgan Chase.

Pourtant, il y a moins d'un an, Citigroup était plutôt perçue comme la poutre vermoulue de l'édifice bancaire américain, comme l'attestait l'effondrement de son cours de bourse.

«Citigroup a eu 55,1 milliards de dépréciations et a dû lever 49,1 milliards de dollars, plus que toute autre institution financière», rappellent les analystes de la société d'informations financières Briefing.com.

La tempête avait éclaté dès novembre, avec l'annonce de pertes colossales et le débarquement du PDG, Richard Prince, l'un des premiers patrons à payer son aveuglement aux risques des produits financiers complexes.

La situation financière s'est assombrie trimestre après trimestre et l'image du groupe n'a cessé d'être entachée.

Mais à l'été, quelques lueurs d'espoir sont apparues, la réduction de ses pertes trimestrielles laissant entrevoir une sortie du tunnel, au prix de mesures d'amaigrissement drastiques: 16 000 emplois supprimés en un an.

«Le fait que Citigroup ait levé de l'argent très tôt a été crucial pour sa survie et cela explique qu'elle n'ait pas disparu, sinon, elle aurait déjà coulé, avant même AIG», estime Marc Pado, analyste de Cantor Fitzgerald.

Pour financer l'intégration des activités bancaires de Wachovia, Citigroup compte encore faire appel aux marchés pour 10 milliards de dollars.

«Mais cela ne signifie pas pour autant que (pour) Citigroup (...) le pire est derrière elle», prévient M. Pado.

Fin juillet, les analystes de Deutsche Bank estimaient que la banque devrait encore annoncer 8 milliards de dollars de dépréciations au troisième trimestre.

D'ailleurs l'agence de notation Standard and Poor's a annoncé lundi qu'elle envisageait d'abaisser la note de Citigroup - actuellement noté «AA-» pour sa dette long terme et «A-1+» pour sa dette court terme.

«Cette action reflète la pression continue des dépréciations d'actifs sur la propre performance de Citigroup», a expliqué l'agence de notation, en estimant toutefois que «l'acquisition de Wachovia n'ajoute pas en elle-même un risque matériel à Citigroup».

Les investisseurs ont tout de même pris peur: l'action Citigroup a perdu 11,91% de sa valeur lundi à Wall Street, pour arriver à 17,75 dollars.

Néanmoins, l'acquisition à bon prix de Wachovia semble être le signe que Citigroup a laissé tomber la position défensive pour chercher à regrossir comme dans ses premières années, à l'issue de la fusion entre Citicorp et Travelers en 1998.

Citigroup n'a pas précisé comment l'acquisition de Wachovia, avec ses 812 milliards d'actifs, s'intégrait dans ses projets de cession de 20% de ses actifs (soit 400 milliards de dollars d'actifs) dans les deux à trois ans.

L'absorption de Wachovia «va augmenter notre accès à un financement stable et à des liquidités», a commenté le PDG de Citigroup, Vikram Pandit, cité dans un communiqué. Au total, la banque disposera de 1300 milliards de dollars de dépôts dans le monde, un atout précieux en une période où les banques connaissent d'énormes difficultés pour se refinancer.