La poussée à la hausse qui a propulsé le prix du pétrole à 139,12 $ US le baril (un record) il y a quelques jours est plus importante que la ruée vers les titres des technos qui a précédé l'éclatement de la bulle du marché point-com en l'an 2000.

La poussée à la hausse qui a propulsé le prix du pétrole à 139,12 $ US le baril (un record) il y a quelques jours est plus importante que la ruée vers les titres des technos qui a précédé l'éclatement de la bulle du marché point-com en l'an 2000.

Le prix du pétrole brut a explosé de 697% depuis que l'or noir se négociait à 17,45 $ US le baril à New York en novembre 2001 et il a atteint 28 records cette année.

La dernière fois qu'un phénomène semblable a été observé, c'était il y a huit ans lorsque les actions des cybercompagnies ont propulsé l'indice composite NASDAQ à un sommet de tous les temps, le faisant bondir de 640%, selon des données compilées par Bloomberg et Bespoke Investment Group.

Le NASDAQ a retraité de 78% depuis son sommet de mars 2000, faisant disparaître en fumée environ six mille milliards de dollars américains de capitalisation boursière, les investisseurs en étant venus à la conclusion que les prix n'étaient pas justifiés par les profits de compagnies telles que Broadcom Corp. et Amazon.com.

Vers une dégringolade

George Soros, un investisseur milliardaire, et Stephen Schork, président de Schork Group Inc., soutiennent que le pétrole est mûr pour une dégringolade parce que les prix ne sont pas justifiés par l'offre et la demande.

«Il n'y a rien de différent entre cet engouement et celui pour les actions des compagnies point-com, le marché immobilier, le Dow Jones des années 1920, la bulle South Sea et l'emballement pour les tulipes hollandaises», soutient M. Schork, dont la firme de Villanova, en Pennsylvanie, fournit des conseils à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), à des firmes de Wall Street et à des sociétés pétrolières en ce qui concerne les perspectives touchant les prix énergétiques.

«L'histoire se répète sans cesse», dit-il.

Le prix du pétrole a grimpé en raison notamment de la demande croissante de la Chine et de l'Inde, dont les économies ont présenté un essor, au cours des sept dernières années, d'un taux moyen de 10,2% et de 7,3% respectivement.

Des perturbations de l'approvisionnement au Nigeria et en Irak de même qu'une baisse de la production en Russie ont également fait gonfler les prix. Les investisseurs ont ajouté environ 250 milliards US aux transactions sur les matières premières depuis 2003, d'après Mike Masters, président et fondateur de Masters Capital Management, un fonds spéculatif de St. Croix.

Le pétrole attire l'argent tandis que l'économie mondiale ralentit. La pire déprime sur le marché de l'habitation aux États-Unis depuis les années 1930 et plus de 390 milliards US en dépréciations et pertes de crédit subies par des banques ralentiront la croissance économique mondiale à 2,7% cette année comparativement à 3,7% en 2007, selon la Banque mondiale.

La flambée des prix pétroliers est le résultat d'une «bulle» causée par la spéculation de fonds indiciels et un équilibre précaire entre l'offre et la demande, indiquait récemment M. Soros lors d'un témoignage devant le Comité du Sénat américain sur le commerce, la science et le transport. «Cette bulle s'ajoute à une tendance à la hausse des prix pétroliers qui a de fortes assises dans la réalité», avait-il ajouté.

«Je ne saurais dire si on doit parler d'une bulle ou non», avait pour sa part déclaré M. Masters lors d'un témoignage devant le Sénat américain au cours d'une audience sur le rôle des spéculateurs sur le marché des matières premières. «Pas de doute que la demande des investisseurs a un effet sur les prix. La chose a très peu à voir avec l'offre et la demande physiques du pétrole brut», avait dit M. Masters.