Combien Remstar a-t-il payé pour TQS? Dix. Pas 10 M$, mais bien 10$.

Combien Remstar a-t-il payé pour TQS? Dix. Pas 10 M$, mais bien 10$.

Selon les documents déposés devant le CRTC, Remstar n'a eu qu'à offrir la somme symbolique de 10$ afin de mettre la main sur les actions de TQS détenues par Cogeco (60%) et CTVglobemedia (40%).

Une offre dérisoire à première vue, mais tout à fait normale dans les circonstances puisque Remstar achète les actions d'une entreprise endettée d'au moins 35 M$ et placée sous la protection de ses créanciers.

«C'est tout à fait normal de payer une valeur symbolique pour les actions de TQS, qui ne valent rien, explique Me Denis St-Onge, avocat spécialisé en matière d'insolvabilité chez Gowlings Lafleur Henderson. Le contraire serait même un peu indécent, car les créanciers doivent être payés au complet avant de commencer à payer les actionnaires.»

Remstar doit déposer son plan d'arrangement à l'égard des créanciers de TQS avant le 7 mai.

Selon nos informations, les deux autres acheteurs intéressés - la firme torontoise Catalyst Capital Group et le consortium formé de Section Rouge Média et Global Evolutra - auraient aussi offert des sommes symboliques pour acheter les actions de TQS.

En plus du chèque de 10$, Remstar a dû verser 13 millions de dollars à la banque CIBC pour une créance garantie (une somme qui sera plus tard remboursée à Remstar) et financer les opérations quotidiennes de TQS, qui fonctionne à perte.

Lors de sa dernière année financière en 2006-2007, le réseau généraliste a encaissé des pertes de 18 millions de dollars. Remstar a aussi dû verser un dépôt de 1 M$ afin de prouver le sérieux de sa démarche.

Confusion chez Remstar

Remstar a continué à avoir de la difficulté à véhiculer son message mardi. La maison de production n'a pas répondu aux questions de La Presse.

Au cours de la journée, elle a relevé de ses fonctions son porte-parole depuis le début de la saga TQS, Jean-François Lebrun.

«M. Lebrun reste avec nous comme conseiller stratégique», a indiqué Maxime Rémillard, président de Remstar, au cours d'un bref entretien téléphonique.

M. Rémillard n'a pas voulu répondre à nos questions relativement à l'offre de Remstar, préférant nous diriger vers son nouveau porte-parole, Daniel Granger. Joint par La Presse, M. Granger a nié être le nouveau porte-parole de Remstar et a refusé de répondre à nos questions. «Adressez-vous aux gens (des communications) à TQS», a-t-il dit. Le porte-parole de TQS, Claude Deraîche, n'avait pas de commentaires à formuler au sujet de l'offre de Remstar.

La suite des négociations

Pendant ce temps mardi, les négociations se poursuivaient à l'hôtel Delta entre les représentants des neuf syndicats de TQS et la direction.

Samedi dernier en assemblée générale à Trois-Rivières, les syndicats ont adopté un plan d'action. Ils ont notamment obtenu de leurs membres le mandat de négocier, à condition que la salle de nouvelles et la production de nouvelles soient maintenues, autant à Montréal qu'en région.

«Nous avons remis à l'employeur une copie des propositions votées en assemblée, a indiqué mardi Luc Bessette, président du syndicat de l'information de TQS. À ce jour, l'employeur a laissé la demande (du maintien des nouvelles) dans le document. Il n'en a pas parlé ni demandé sa révocation. On poursuit et on va voir.»

Une rumeur évoque un possible compromis: la fermeture des salles de rédaction à Montréal, et leur maintien en région.

«Cela ne serait pas une chose acceptable pour nous», a commenté hier Luc Bessette.

La direction a continué de présenter ses demandes mardi. Les négociations se sont terminées à 19h. Elles devraient reprendre aujourd'hui (mercredi).

Les employés de TQS, comme les autres créanciers, ont jusqu'à aujourd'hui pour présenter leurs réclamations.

Lundi, Serge Bellerose, directeur par intérim de TQS, a annoncé à tous les employés - autant ceux licenciés que les autres - que leurs vacances accumulées ne sont pas incluses dans l'arrangement avec les créanciers prévu par la loi C-36.

Elles leur seront donc entièrement remboursées.