Quand on pense exportations québécoises en agroalimentaire, on pense porc et sirop d'érable.

Quand on pense exportations québécoises en agroalimentaire, on pense porc et sirop d'érable.

Mais ils sont loin d'être les seuls sur la liste des produits alimentaires exportés par le Québec, dont 85% sont transformés.

Bon an, mal an, le Québec exporte pour environ 3,8 milliards, soit 17% de sa production agroalimentaire.

De la viande, mais aussi des produits de la mer, des produits céréaliers, des boissons et même ... du chocolat!

Ce qui le place au quatrième rang canadien, derrière l'Ontario, la Saskatchewan et l'Alberta.

Pourrait-on faire mieux?

C'est ce que croit Jean-Claude Dufour, professeur au département d'économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l'Université Laval.

"Le marché québécois a atteint sa maturité, dit-il. La croissance annuelle de la consommation alimentaire suit la croissance de la population, aux alentours de 1%. Ce n'est pas assez si on veut une industrie qui se développe."

D'après lui, on doit exporter plus, et on doit diversifier notre exportation.

"La majorité d'entre elles sont envoyées aux États-Unis, dit-il. On serait mieux de diversifier nos marchés pour réduire nos risques, on le voit présentement avec la hausse du dollar."

De plus, le Québec doit développer des marchés ciblés avec des produits de créneaux spécialisés qui le rendent plus compétitif, selon le Groupe Export agroalimentaire, qui représente 350 manufacturiers exportateurs.

Un champion de l'exportation

La valeur ajoutée et la différenciation permettent à un transformateur de se démarquer sur les marchés étrangers. L'exemple de Fruit d'Or l'illustre bien.

La PME fait la transformation de canneberges et de bleuets à Notre-Dame-de-Lourdes, près de Plessisville.

Elle exporte plus de 85% de son chiffre d'affaires dans 25 pays, en Europe et aux États-Unis, mais aussi au Japon, en Chine, en Australie et en Afrique du Sud.

Son président, Sylvain Dufour, a remporté le Prix d'excellence à l'exportation en agroalimentaire en 2006.

Il y a huit ans, il s'est allié à deux producteurs de sa région pour fonder l'entreprise.

"Nous aurions pu nous contenter de vendre nos canneberges en vrac à un transformateur américain, raconte-t-il. Mais nous voulions plutôt créer de la valeur ajoutée ici même, à partir de notre production."

Résultat: plus de 120 emplois ont été créés. Dans une localité de moins de mille habitants, c'est tout un coup de pouce pour l'économie locale!

L'entreprise a développé une gamme d'une cinquantaine de produits dérivés de la canneberge et du bleuet, en jus ou séchés et aromatisés.

"Notre grande force, c'est d'avoir une gamme complète et ce, autant dans le biologique que dans le conventionnel", dit M. Dufour.

Un atout qui permet de s'adapter aux différents marchés.

Pour se distinguer sur les marchés européens, elle a mis l'emphase sur sa gamme de produits biologiques.

"Nous sommes devenus les premiers transformateurs de canneberge biologique dans le monde, dit-il. En Europe il y a plus d'ouverture qu'ici pour les produits biologiques."

De l'avis de l'entrepreneur, le premier défi d'une PME qui souhaite exporter est de structurer un réseau de vente de représentation de ses produits à l'international. "Il faut trouver des partenaires commerciaux avec qui on est confortables", dit-il. Le deuxième est d'adapter ses produits aux conditions du marché, en conformité avec les différentes réglementations locales.

Et avant de se lancer, il faut s'assurer que le produit plaît au marché où l'on souhaite d'implanter.

"C'est pour percer de nouveaux marchés en Asie que nous offrons le bleuet séché. Les Asiatiques sont friands de bleuets plutôt que de canneberges", explique M. Dufour.