Le dépôt d'une offre d'achat sur Yahoo! (YHOO) par Microsoft (MSFT) ressemble à un geste de désespoir d'une entreprise qui n'a pas réussi à déloger Google (GOOG) du premier rang en recherche sur Internet.

Le dépôt d'une offre d'achat sur Yahoo! [[|ticker sym='YHOO'|]] par Microsoft [[|ticker sym='MSFT'|]] ressemble à un geste de désespoir d'une entreprise qui n'a pas réussi à déloger Google [[|ticker sym='GOOG'|]] du premier rang en recherche sur Internet.

C'est l'analyse que fait Philippe Le Roux, associé de l'agence de conseil en stratégie d'affaires sur Internet VDL2, après l'annonce par le géant de Redmond qu'il voulait mettre la main sur Yahoo! pour 31 $ US par action.

Microsoft invoque le besoin de concurrencer Google en recherche sur le Web, mais Philippe Le Roux y voit de faibles chances de succès.

«Le geste de Microsoft en est un de dernier recours, dit ce pionnier du Web québécois. C'est presque une capitulation face à Google. Deux borgnes qui s'unissent, ça ne fait pas quelqu'un qui voit loin.»

«Microsoft dépense des milliards depuis des années pour se positionner dans le marché et a pris des parts négligeables, ajoute cet associé de VDL2. Malgré tous ses moyens financiers, Microsoft a démontré son incapacité à prendre sa place.»

Comment expliquer la domination si forte de Google en recherche, en ventes de publicité et en vente de mots clés ?

«Sur Internet, il n'y a pas de place pour un deuxième, répond Philippe Le Roux. Quand un acteur réussit à bien répondre aux besoins dans une niche et à l'occuper pleinement, les autres n'arrivent pas à le concurrencer. C'est le cas pour Amazon.com dans le commerce et eBay pour les enchères en ligne. On peut les affronter dans des créneaux spécifiques, mais pas pour l'ensemble du secteur. C'était déjà observable pour les services de télématique qui ont précédé Internet.»

Selon lui, il est tout à fait naturel pour l'internaute moyen d'adopter un seul service en ligne quand l'efficacité est là et que la gratuité élimine l'enjeu de la tarification. «Pourquoi aller ailleurs si ça marche très bien ? Sur Internet, c'est un phénomène extrêmement fort.»

Par contre, Microsoft pourrait trouver du potentiel dans les multiples services de Yahoo! comme le courrier électronique et la vidéo.

C'est ce que pense Patrice Leroux, directeur du programme de relations publiques à l'Université de Montréal.

«Derrière cette offre, il y des questions comme celle de la vidéo. YouTube est passé au quatrième rang des sites les plus consultés aux États-Unis après Google, Yahoo et MySpace, devant Windows Live et Facebook selon les données d'Alexa.»

En somme, il s'agit d'utiliser le Web 2.0 pour faire du marketing viral.

«Les entreprises se demandent, ajoute Patrice Leroux, comment elles peuvent influencer les individus qui peuvent eux-mêmes utiliser leur influence sur leurs amis et leur famille. La source de publicité se trouve là.»

C'est sans oublier un besoin pour Microsoft de ne pas se circonscrire aux logiciels et systèmes d'exploitation.

«Microsoft est saturée avec Windows, dit M. Leroux. Même si le Mac et Linux ne peuvent pas vraiment menacer son marché, Microsoft sent peut-être un besoin de se diversifier. Windows Vista a été mal accueilli et la compagnie n'a pas bonne presse depuis quelques années. Microsoft veut occuper la sphère Internet après avoir manqué le bateau pendant les années 1990. C'était sa plus grande erreur stratégique»