La course à la présidence du Mouvement Desjardins, qui doit déboucher sur l'élection du successeur d'Alban D'Amours, demain, s'annonce plus imprévisible que la dernière et promet des surprises.

La course à la présidence du Mouvement Desjardins, qui doit déboucher sur l'élection du successeur d'Alban D'Amours, demain, s'annonce plus imprévisible que la dernière et promet des surprises.

Ghislain A. Paradis, professeur d'administration à l'Université de Sherbrooke et ex-cadre supérieur de Desjardins, s'attend tout de même à une élection «moins corsée» que celle d'Alban D'Amours, qui a nécessité six tours de scrutin avant que s'élève la fumée blanche en toute fin de soirée.

Un des huit candidats, Bertrand Laferrière, président de la Fédération des caisses Desjardins du Québec, peut être considéré comme le dauphin d'Alban D'Amours par plusieurs des 256 délégués du collège électoral, mais personne ne part en avance cette fois-ci, souligne Michel Séguin, directeur de la chaire de coopération Guy Bernier de l'UQAM.

Jocelyn Proteau, alors président de la puissante fédération du sud-ouest du Québec, a démarré avec une avance dans la course, en février 2000, mais il a malgré tout fini par mordre la poussière devant Alban D'Amours, après sept heures de tractations et d'alliances des délégués des régions.

L'affrontement entre les régions et Montréal apparaît moins important cette fois-ci, selon Ghislain Paradis. «C'est plutôt la capacité d'harmoniser les défis mondiaux et les valeurs coopératives qui joue», dit-il.

C'est seulement la deuxième élection avec ce collège électoral. Le résultat reste plus difficile à prévoir qu'avec le conseil d'administration de 32 dirigeants qui a choisi auparavant le président de Desjardins, dit Michel Séguin.

Sévèrement réglementée et studieuse, la course laisse filtrer peu d'indiscrétions, dit Ghislain Paradis. L'élection suscite pourtant beaucoup d'intérêt car Desjardins regroupe 5,8 millions de membres, 40 000 employés (c'est le plus gros employeur privé du Québec) et un actif de 150 milliards de dollars.

Quelques candidats plus connus peuvent se démarquer, comme M. Laferrière, Jean-Guy Langelier, président de la Caisse centrale Desjardins, et Monique F. Leroux, chef de la direction financière du Mouvement.

«Mais Clément Samson, président du conseil des représentants de Québec, pourrait créer des surprises ou orchestrer des alliances importantes de délégués», selon Ghislain Paradis.

D'autres sources évoquent la qualité des candidatures d'Andrée Lafortune, présidente du conseil des représentants de Montréal, et de Louis L. Roquet, président de Desjardins Capital de risque. Prudents, peu de délégués n'osent cependant s'avancer sur le gagnant.

Par contre, tous paraissent faire consensus sur des pouvoirs accrus aux régions et sur la séparation prochaine des fonctions de président et de président du conseil du Mouvement.

«Pour tous, en outre, c'est impératif que Desjardins s'adapte rapidement, mais il faut trouver la bonne ingénierie pour faire face aux défis», ajoute Ghislain Paradis.

«Les régions réclament de la décentralisation, mais jusqu'où faut-il leur larguer certains pouvoirs et à quel rythme?» Le professeur doute que ce soit la priorité de tous les candidats.

Quant au renforcement des valeurs coopératives, c'est une constante partout, mais «ça reste un concept à géométrie variable».

Ghislain Paradis mise sur des progrès dans la gestion démocratique, la participation au capital et la distribution de ristournes. Les membres réclament avant tout de meilleurs services, à prix concurrrentiels et livrés près de chez eux, dit-il.

À Québec, samedi, les délégués commenceront à voter dès 9h30, précise le porte-parole de Desjardins, André Chapleau. Quatre ou cinq candidats seraient éliminés rapidement, mais deux ou trois suscitent toujours des débats intenses chez les délégués, selon Ghislain Paradis, qui ne les identifie pas.