Les tenanciers de bar et les restaurateurs étaient furieux, samedi. Pour eux, le contrôle accru du fisc envers les pourboires des serveurs risque de nuire au milieu de la restauration.

Les tenanciers de bar et les restaurateurs étaient furieux, samedi. Pour eux, le contrôle accru du fisc envers les pourboires des serveurs risque de nuire au milieu de la restauration.

Le Soleil révélait samedi que Revenu Québec a récemment réclamé des centaines de dollars à des serveurs de la ville de Québec.

La moitié des 316 serveurs des Rotisseries St-Hubert de la capitale se sont vu réclamer de 250 $ à plus de 1000 $.

La raison: ils déclaraient seulement 8 % de leurs ventes, alors que le ministère du Revenu a calculé qu'ils recevaient plutôt des pourboires de 11,5 % de leurs ventes après vérification des reçus de cartes de crédit.

«Je trouve ça effrayant!», s'est emporté Peter Sergakis, président de l'Union des tenanciers de bars du Québec. Il affirme avoir passé une «très mauvaise matinée» samedi après avoir lu le journal.

«Les serveurs déclarent presque tout ce qu'ils font! a-t-il dit. On laisse les grosses compagnies faire de l'évasion fiscale, mais on essaye d'attraper les petits. C'est du harcèlement!»

Selon le propriétaire de 15 bars, les serveurs délaisseront tranquillement la profession. «C'est déjà dur de trouver du monde, alors imaginez si le fisc est à leurs trousses...»

Même réaction du côté de Sylvie Larue, gérante du St-Hubert de la rue Sainte-Catherine Est. Son restaurant - ni la dizaine de Montréal appelée par La Presse samedi - n'a pas reçu la visite du fisc dernièrement.

«C'est la mort de la restauration, dit-elle. On manque déjà de personnel. Les gens ne vont tout simplement plus vouloir travailler ici.»

Elle mentionne que plusieurs clients partent sans payer, et qu'il est souvent du ressort des serveurs d'acquitter la note des fugitifs. «C'est injuste tout ça», se désole-t-elle.

Peter Sergakis s'interroge également sur l'équité de cette vérification de Revenu Québec.

«Si le ministère a fait ses vérifications avec les cartes de crédit, qu'est-ce qu'ils vont faire avec tous les bars et restaurants qui se font payer en comptant seulement?», a-t-il demandé.

Revenu Québec refuse de répondre à cette question pour des raisons «stratégiques».

«Mais il y a toujours manière de connaître l'information financière des restaurants», a souligné l'attaché de presse du ministre du Revenu, Harold Fortin.

Le fisc sera-t-il aux trousses des restaurants de Montréal? «Ce sont des opérations ponctuelles et qui ont lieu toute l'année dans divers domaines», a répondu Harold Simard.

En restauration, l'évasion fiscale se chiffre à 303 M$ par année, selon les statistiques du ministère des Finances de 2002.