Paolo Oliveira, propriétaire du Café Méliès, sur le boulevard Saint-Laurent, n'a pas vraiment besoin de consulter les cours de la Bourse pour savoir si les marchés sont à la baisse.

Paolo Oliveira, propriétaire du Café Méliès, sur le boulevard Saint-Laurent, n'a pas vraiment besoin de consulter les cours de la Bourse pour savoir si les marchés sont à la baisse.

Il n'a qu'à regarder la salle de son restaurant. «La bouffe, c'est l'indicateur nº 1 pour savoir si les affaires vont bien. Quand la Bourse plonge, on le sent tout de suite. Mes clients qui sont en affaires, je ne les vois plus. Quand ça remonte, les gens recommencent tout de suite à vivre à la même vitesse qu'il y a 24 mois. On commande de bonnes bouteilles.»

Ces temps-ci, les plats bon marché sont les plus populaires au Café Méliès. Les sandwiches, les salades. Les plats hauts de gamme, comme le risotto au homard et à la truffe, à 32$, sont en nette régression. «Les gens sont bien plus conscients de la valeur de leur argent.»

Bref, la Bourse ne va pas bien. Et le ralentissement est palpable même dans les restos de Montréal.

«Les débuts de semaine sont un peu plus tranquilles. On appréhende un peu la suite des choses», dit Christine Lamarche, du restaurant Toqué! Car les mois d'hiver qui suivent les Fêtes sont une période morte pour les restaurateurs. «La grande crainte, ce n'est pas la période actuelle. C'est ce qui s'en vient. Le moment de vérité, ce sont les mois d'hiver. La réduction des ventes ne sera plus de 5%, ça pourrait être 20 ou 25% de moins», craint M. Oliveira.

Démarrage dangereux

Ouvrir un restaurant à Montréal est une entreprise périlleuse. Les risques de faire faillite dans les six premiers mois sont élevés. «Dans le contexte actuel, ça va tomber comme des mouches. Le nombre de faillites va être colossal, cette année», prévoit Paolo Oliveira. Depuis le début de l'année, précise François Meunier, de l'Association des restaurateurs du Québec, le nombre de faillites a déjà augmenté de 30%.

Les ventes dans les restaurants qui offrent le service aux tables ont diminué. Cependant, les restaurants de service au comptoir, eux, ont vu leurs affaires augmenter de 14%. «Il y a un transfert des habitudes de consommation. Dès qu'il y a une crise économique, la restauration et le divertissement sont les deux secteurs les plus touchés», dit M. Meunier.

Des billets qui ne se vendent plus

L'industrie du spectacle est également touchée. Cette semaine, les responsables de l'ensemble I Musici ont été contraints d'annuler un spectacle avec le chanteur Michel Rivard. «Il est beaucoup plus difficile de vendre des billets qu'il y a six mois. Les gens sont plus frileux. Les ventes ont vraiment chuté depuis le début de la crise», confirme Mathieu Rodrigue, coordonnateur des activités spéciales de l'orchestre de chambre.

Seule une centaine de billets avaient été vendus pour le concert de Michel Rivard, qui devait se tenir au Métropolis, une salle dont la capacité est de 1200 places. «On ne s'attendait pas à ce que ça soit aussi flagrant et aussi marqué. Michel Rivard était déçu. Tout le monde était déçu», dit M. Rodrigue.

Même scénario du côté du festival Montréal en lumière, qui a dû annuler un grand spectacle: l'opéra du créateur François Girard. «La billetterie n'est pas partie en bombe. Et comme on a eu moins de subventions que prévu, nous avions peur de placer le festival en déficit. La vente de billets n'était pas catastrophique, mais disons que ceux-ci ne se sont pas envolés. Et on ne pouvait pas tabler sur un gros boom dans le temps des Fêtes, en raison du contexte économique», explique Marie-Ève Boisvert, porte-parole de la manifestation.