Quand Hydro-Québec dépense un milliard de dollars, combien cela crée-t-il d'emplois? Réponse: ça dépend si vous demandez à Hydro ou aux libéraux de Jean Charest.

Quand Hydro-Québec dépense un milliard de dollars, combien cela crée-t-il d'emplois? Réponse: ça dépend si vous demandez à Hydro ou aux libéraux de Jean Charest.

Dans ce qui est au centre de sa campagne électorale, le PLQ soutient qu'un plus grand nombre de chantiers au Québec permettra à «plus de 100 000 Québécois» de se présenter au travail au cours des cinq prochaines années. Au coeur de cette promesse: des routes refaites, des écoles et hôpitaux rénovés et les investissements d'Hydro-Québec.

Pour la seule société d'État, le PLQ prévoit «supporter» 37 300 emplois directs pour la seule année 2009, selon des documents que le parti a fournis à La Presse Affaires. Hydro-Québec, de son côté, fait plutôt état de 20 000 jobs, directs et indirects, créés par ses investissements. L'écart est de 17 300 emplois ou 87%, selon les chiffres publiés dans son plan stratégique 2006-2010, toujours en vigueur.

Une partie de cette différence se trouve dans le montant prévu des investissements : Hydro en compte pour 4 milliards en 2009, comparativement à 5 milliards pour les troupes libérales. Ce milliard supplémentaire s'explique par le fait «qu'on inclut tout. On inclut le développement de nouveaux barrages et l'entretien du réseau», explique Philippe Dubuisson, chef de cabinet de la ministre Monique Jérôme-Forget et un des responsables du contenu de la campagne libérale.

En tenant compte de ce milliard supplémentaire, chaque emploi du PLQ nécessite donc des investissements d'un peu moins de 135 000$ de la part d'Hydro-Québec. Chez Hydro, on calcule plutôt qu'il faut investir près de 20 0000$ pour chaque emploi.

«Ça me paraît un peu suspicieux, explique le professeur d'économie Steve Ambler, de l'UQAM. L'écart est très grand.»

Chez Hydro-Québec, la semaine dernière, la porte-parole, Flavie Côté, a d'abord renvoyé toutes les questions sur les investissements annoncés pour Hydro-Québec à la direction du parti libéral. «Ce sont des chiffres de Michel Rochette (directeur des communications du PLQ)», a-t-elle dit.

Hier, elle a reconnu que la comparaison entre les chiffres libéraux et ceux d'Hydro, «ce n'est pas clair du tout ».

D'autant moins clair qu'Hydro- Québec inclut dans son calcul les emplois directs et indirects, alors que M. Dubuisson assure que les siens n'incluent que les emplois directs. M. Dubuisson a expliqué que les données fournies par le parti libéral étaient celles du gouvernement et qu'elles étaient calculées par l'Institut de la statistique (ISQ) avec le modèle «input-output».

À l'ISQ, l'économiste Sébastien Gagnon confirme que, selon ce modèle, des investissements de 5 milliards d'Hydro-Québec génèrent quelque 38 000 emplois.

Le hic, c'est qu'Hydro-Québec se réclame aussi d'un modèle de l'ISQ, qui tient compte du type d'investissements prévus par Hydro. «Un projet de nouvelle centrale, ce n'est pas la même chose que de la réfection», explique Flavie Côté.

La porte-parole convient toutefois, sans pouvoir l'expliquer, qu'il y a «une bonne différence pour les emplois» entre les chiffres de la société d'État et ceux présentés par le parti au pouvoir.