Les faillites augmentent au Québec et au Canada. Il y a eu 8836 faillites au Canada en septembre dernier, presque 1400 (18%) de plus qu'au mois d'août, et presque 2000 (28%) de plus qu'en septembre 2007, à l'époque où les nuages noirs n'étaient pas encore arrivés sur l'économie.

Les faillites augmentent au Québec et au Canada. Il y a eu 8836 faillites au Canada en septembre dernier, presque 1400 (18%) de plus qu'au mois d'août, et presque 2000 (28%) de plus qu'en septembre 2007, à l'époque où les nuages noirs n'étaient pas encore arrivés sur l'économie.

Ces chiffres ont été publiés hier dans le rapport mensuel du Surintendant des faillites. Sur 12 mois, de septembre 2007 à septembre 2008, il y a eu 91 434 faillites au Canada, soit 6,4% de plus que les 86 069 faillites de septembre 2006 à septembre 2007.

Au Québec, le Surintentant signale 2609 faillites en septembre 2008, 28% de plus qu'en septembre 2007. Sur 12 mois, l'augmentation est de 8,4%. C'était 8,1% en Ontario.

Mais ces chiffres ne sont pas nécessairement une conséquence du choc financier ressenti à la Bourse; et c'est encore moins un signe annonciateur d'une récession, affirment une économiste et un syndic de faillite consultés hier par La Presse.

«Les faillites sont un des indicateurs qu'on regarde le moins pour faire des pronostics sur l'économie, c'est plus une conséquence», a noté hier l'économiste Hélène Bégin, du Mouvement Desjardins.

«L'indice des faillites mensuel peut être très volatil, et varier pour toutes sortes de facteurs. La hausse récente sert probablement un concours de circonstances autres que les événements récents sur les marchés financiers. Au Québec, l'emploi reste assez stable, il n'y a pas eu de pertes d'emplois massives. Par ailleurs, les taux d'intérêt sont relativement bas.» Or, dit-elle, c'est surtout lorsque les taux d'intérêt montent qu'on voit d'importantes hausses des faillites. «C'est ce qu'on avait vu en 1994 et en 1995.»

«La baisse des cours boursiers n'explique pas la hausse récente des faillites. Les investissements sont plus à long terme. On l'a vu en 2001, quand la bulle technologique a éclaté, les faillites n'ont pas atteint des niveaux particulièrement élevés. Les faillites au Québec étaient passées de 23 000 à 24 000.»

Desjardins s'attend à ce qu'il y ait 27 000 faillites au Québec en 2009, dit l'économiste Hélène Bégin. Elle note que les faillites sont en hausse régulière au Québec depuis six ans (il y avait eu 21 734 faillites en 2002).

Cette tendance à la hausse est liée à la baisse du taux d'épargne. Et cela n'est pas une bonne nouvelle, au début d'un ralentissement économique.

Moins d'épargne

«Les gens ont de moins en moins d'épargne, ils ont peu de fonds d'urgence. Ils sont peu protégés en cas d'imprévu, de séparation, de perte d'emploi», dit Mme Bégin. Le taux d'épargne était 4,7% en 2001, il est autour de 1% pour les 12 derniers mois, et il est autour de zéro pour le dernier trimestre.

Les faillites de consommateurs ont atteint 8347 en septembre, 30% de plus qu'en septembre 2007. Sur 12 mois, l'augmentation est de 7,2%, à 85 243 faillites personnelles. Au Québec, les faillites personnelles ont atteint 2609, une augmentation de 29% par rapport à septembre 2007. Sur 12 mois, la hausse est de 8,4% au Québec et de 7,2% au Canada dans son ensemble (9,3% en Ontario).

Les faillites d'entreprise sont plus significatives que les faillites personnelles, si on s'intéresse à l'avenir de l'économie, note Gilles Robillard, syndic chez RSM-Richter. «Si on se rappelle les récessions de 1982 et de 1991, c'est d'abord dans les faillites d'entreprises qu'on a vu des hausses. Et on ne voit rien -en tout cas pas encore- de significatif, rien de comparable aux débuts de récessions d'alors.»

En septembre, 489 entreprises ont fait faillite au Canada, 40 (9%) de plus qu'en septembre 2007; 175 de ces firmes ont déposé leur bilan au Québec, 22 (14%) de plus qu'en septembre 2007. En Ontario, la hausse sur la même période est de 2,8%.

Sur 12 mois, les faillites d'entreprise sont en baisse de 3,6% au Canada dans son ensemble, en hausse de 7,9% au Québec (en baisse de 6,5% en Ontario)

«Les entreprises québécoises partent d'une situation beaucoup plus favorable que les consommateurs», dit l'économiste Bégin. Les faillites d'entreprise ont atteint un creux de 1711 en 2005 et Desjardins en prévoit 2200 pour cette année (on est à 2146 jusqu'à présent, selon le rapport du Surintendant publié hier). «Depuis quelques années, les profits des entreprises québécoises ont été élevés, sauf dans le secteur manufacturier.»

L'indice précurseur de Desjardins prévoit une stagnation, mais pas de récession pour l'économie québécoise, a rappelé Mme Bégin.