À la surprise générale, la valeur des permis de bâtir a grimpé d'un océan à l'autre en septembre au Canada et en particulier dans sa société distincte. C'est l'heureux présage de plusieurs chantiers de construction durant l'automne et même une partie de l'hiver.

À la surprise générale, la valeur des permis de bâtir a grimpé d'un océan à l'autre en septembre au Canada et en particulier dans sa société distincte. C'est l'heureux présage de plusieurs chantiers de construction durant l'automne et même une partie de l'hiver.

Au Canada dans son ensemble, le bond atteint 13,4% et annule la plongée de 11,7% d'août. Ce regain est dû essentiellement à une poussée de 41,7% de la valeur des permis non résidentiels dont l'évolution est très volatile au fil des mois. Du côté de l'habitation, en général plus stable, les nouvelles sont moins bonnes, puisque la baisse de 11,6% est la seconde d'affilée.

Au Québec, l'équilibre est meilleur. La valeur totale des permis est en hausse de 5,3%, grâce à une progression à la fois des secteurs résidentiel (4%) et non résidentiel (7,8%).

Fait des plus encourageants, les permis d'unifamiliales progressent de 9,5%, tandis que le segment logements multiples, qui inclut les condos et les immeubles locatifs (incluant les résidences pour personnes âgées), recule faiblement de 7,8%.

C'est la troisième fois en quatre mois que la valeur des permis d'unifamiliales progresse. Il s'agit d'une donnée moins volatile que le logement multiple qui peut varier de plusieurs centaines d'unités avec le lancement par exemple d'un seul projet de résidences pour personnes âgées.

Dans l'agglomération montréalaise, la progression plus modeste de 3% résulte d'un repli de 2,3% du secteur résidentiel, amplement compensé par le bond de 12,6% des permis de construction non résidentielle.

Règle générale, un permis résidentiel se transforme en mise en chantier deux ou trois mois après son émission. Dans le cas d'un permis non résidentiel, le délai varie davantage, selon le nombre d'autorisations requises.

«C'est assez positif et rassurant, commente Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins. En septembre, la crise boursière était déjà intense. Une fois le permis accordé, on présume que le financement a été attaché malgré la crise du crédit.»

Cette question revêt la plus haute importance pour les permis non résidentiels. Ces projets commerciaux, institutionnels et industriels sont scrutés avec le plus grand soin par les institutions financières en raison des montants en jeu.

La composante industrielle est décevante tant à Montréal que dans l'ensemble de la Belle Province et témoigne sans aucun doute des difficultés du secteur manufacturier.

La composante commerciale est en revanche fort encourageante. Les promoteurs demeurent confiants de louer leurs locaux de bureaux ou leurs locaux marchands.

Cela ne signifie pas que le financement soit facile. Mme Bégin souligne que huit projets d'immeubles de bureaux équivalant à un million de pieds carrés sont gelés dans la Vieille Capitale en raison des coûts d'emprunt plus élevés.

Cela dit, il y a peut-être aussi surchauffe dans la région puisque des chantiers en cours ajouteront un million de pieds carrés à l'offre locative.

À Montréal, on ne dispose pas de données équivalentes. La Commission de la construction du Québec (CCQ) affirme cependant que l'activité reste fébrile. La réfection de la voirie occupe encore plus de travailleurs que la construction.

Cela dit, même la CCQ entend mettre l'épaule à la roue avec la construction prochaine de son siège social montréalais qui mettra fin à son statut de locataire. Le projet de 35 millions de dollars doit se concrétiser l'an prochain sur le terrain où est localisé le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) à l'angle des rues Christophe-Colomb et Crémazie. Le permis de bâtir sera sans doute délivré en janvier.

À l'échelle canadienne, la valeur des permis a bondi surtout à cause de grands projets lancés en Ontario et en Saskatchewan. Le secteur résidentiel essuie un repli attribuable à la composante volatile du segment multiple.

«Il est évident que la construction demeure sous pression et que c'est le secteur non résidentiel qui soutient l'activité», résume Charmaine Buskas, économiste principal chez Valeurs mobilières TD.