La baisse du prix du brut au cours des dernières semaines ne fait pas seulement l'affaire des automobilistes. En ce début d'hiver, ceux qui chauffent leurs maisons au mazout ont aussi droit à un répit.

La baisse du prix du brut au cours des dernières semaines ne fait pas seulement l'affaire des automobilistes. En ce début d'hiver, ceux qui chauffent leurs maisons au mazout ont aussi droit à un répit.

À 88 cents sans les taxes, le prix du litre de mazout à Montréal est presque revenu au niveau moyen de l'hiver dernier. Ça veut dire qu'il n'en coûterait pas plus cher que l'an dernier pour se chauffer au mazout, si le prix restait à ce niveau.

En incluant la TPS et la TVQ, un litre de mazout se vendait hier un plus cher qu'un litre d'essence ordinaire, soit 98,4 pour le mazout avec taxes et 98 cents pour l'essence ordinaire, dont les prix affichés incluent toujours les taxes. Comment se fait-il que le mazout, qui se vendait toujours moins cher que l'essence, soit maintenant devenu plus cher? se demandait cette semaine La Presse Affaires.

«Les prix de l'essence et du mazout varient selon les saisons et ils évoluent en sens inverse», explique Cathy Hay, analyste de la firme MJ Ervin, de Calgary, qui suit l'évolution des prix de tous les types de carburants.

Ainsi, le prix de l'essence est à son niveau le plus élevé en été et baisse une fois l'automne arrivé. Le prix du mazout est au plus bas en été, quand la demande pour le chauffage est inexistante, et augmente à l'automne à mesure que la température baisse.

En outre, la demande d'essence a beaucoup diminué récemment, en raison du ralentissement de l'économie et les stocks ont augmenté. À l'inverse, les stocks de diesel et de mazout sont bas, ce qui explique les prix plus élevés, précise l'analyste. «À Montréal, les prix de gros du mazout sont environ 17 cents par litre de plus que les prix de gros de l'essence», souligne-t-elle.

Ce n'est pas d'hier que le mazout et le diesel (qui sont le même produit mais sont taxés différemment) se vendent plus cher que l'essence ordinaire, explique de son côté Louis Forget, porte-parole d'Ultramar, qui raffine et vend différents types de carburants.

Camions et avions

La raison: l'augmentation du nombre de camions sur les routes et d'avions dans le ciel. C'est la forte hausse de la demande pour le diesel pour les camions et le kérosène pour les avions, qui explique les prix plus élevés, selon lui. «Depuis au moins deux ans, le prix du diesel (et du mazout) est plus élevé que celui de l'essence ordinaire», dit-il

Les raffineurs ont aussi dû investir pour se conformer aux nouvelles normes environnementales et produire du diesel plus propre. Dans le cas d'Ultramar, 750 millions ont été investis à sa raffinerie de Saint-Romuald, en face de Québec.

Marge de raffinage

Ces investissements sont ensuite récupérés par les raffineurs. Ainsi, la marge de raffinage atteint 20,3 cents par litre de mazout depuis le début de l'année à Montréal, comparativement à 8,8 cents par litre pour l'essence. Pour le diesel, la marge de raffinage est de 22,2 cents le litre depuis le début de l'année, selon MJ Ervin.

Depuis que le prix du brut a chuté, les prix du mazout et de l'essence ont baissé à peu près dans les mêmes proportions, a indiqué le porte-parole d'Ultramar. Le litre de mazout a baissé de 67% par rapport à son prix le plus élevé et celui de l'essence a diminué à 63%.

Mais ce répit pourrait être de courte durée. Hier, le prix du brut a rebondi à New York, pour repasser au-dessus des 70$US. Il a fini la journée à 70,53$US, en hausse de 6,62$US.

Même plus élevé, le prix du pétrole reste très inférieur au niveau atteint en juillet dernier, soit 147$US.

De tels prix ont découragé les automobilistes américains, qui ont réduit leur consommation, et les craintes d'une grave récession aux États-Unis expliquent la dégringolade rapide du prix du brut.