Le tourisme mondial connaît une «année infernale» et 2009 ne sera guère meilleure, selon plusieurs acteurs de l'industrie.

Le tourisme mondial connaît une «année infernale» et 2009 ne sera guère meilleure, selon plusieurs acteurs de l'industrie.

Il faudra «faire preuve d'agilité, de souplesse et d'opportunisme» pour contrer «la détérioration du marché et le climat d'instabilité, causés par le prix du carburant, l'effondrement de l'immobilier aux États-Unis, la crise mondiale du crédit et les bouleversements de l'industrie aérienne», reconnaît Michele McKenzie, PDG de la Commission canadienne du tourisme (CCT).

«L'environnement s'est transformé si rapidement que le tourisme au Canada et dans le monde en subit déjà les contrecoups, dit-elle. L'industrie canadienne doit s'ajuster aux nouvelles réalités économiques, rester aux aguets, prendre la vague du changement et ne rater aucune bonne occasion.»

Michele McKenzie suggère que le tourisme canadien «cible les clients à haut rendement», soit ceux qui résistent le mieux et les plus susceptibles de continuer à voyager. «Le tourisme traverse une période charnière, dont on se souviendra longtemps, mais c'est l'une des industries les plus robustes. Le voyage répond à un besoin fondamental, celui de se gâter, et cela, dès que la morosité économique va commencer à se dissiper.»

En outre, l'industrie canadienne doit «miser sur les marchés au meilleur rendement du capital», ajoute Michele McKenzie, et les différents intervenants du pays doivent «à tout prix éviter de se concurrencer à l'international».

Dans sa revue des derniers développements de l'industrie aérienne, la CCT dresse un portrait dévastateur. Qualifiant 2008 d'«année infernale», Mike Ambrose, directeur général de l'Organisation européenne des compagnies d'aviation régionales (ERA), s'attend à voir doubler le nombre de faillites de transporteurs d'ici la fin de décembre.

Le directeur compte déjà 35 faillites et le total annuel pourrait atteindre 70, craint-il. C'est beaucoup plus préoccupant pour les transporteurs et ça aura des conséquences beaucoup plus graves que les attentats de septembre 2001, dit-il. Après la perte de confiance dans la sécurité, c'est la perte de confiance dans les investissements, explique Mike Ambrose.

«L'avenir n'est pas très reluisant», renchérit Andy Harrison, président-directeur général du transporteur EasyJet. Les prochaines années ne seront pas de tout repos pour les transporteurs, certains disparaîtront, dit-il.

L'Association du transport aérien international prévoit que les transporteurs accuseront des pertes de 5,2 milliards en 2008 et de 4,9 milliards en 2009, soit tout un revirement après les profits de 5,6 milliards en 2007. Même British Airways a vu ses actions chuter en vrille.

Mike Ambrose réclame une baisse des frais de navigation et une diminution du fardeau réglementaire des transporteurs.

Entre-temps, la crise frappe même les grands voyageurs en classe affaires, ceux qui contribuent aux profits, et plusieurs transporteurs sabrent les vols et les sièges, en particulier aux États-Unis qui contribuent à la moitié de ces pertes mondiales, selon l'Official Airline Guide.