L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a décidé vendredi de réduire nettement son offre, avec moins 1,5 million de barils par jour, pour tenter d'enrayer la chute des prix pétroliers en pleine crise financière.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a décidé vendredi de réduire nettement son offre, avec moins 1,5 million de barils par jour, pour tenter d'enrayer la chute des prix pétroliers en pleine crise financière.

L'OPEP va «réduire sa production de 1,5 million de barils par jour» (mbj) à partir du 1er novembre, a annoncé le ministre saoudien, Ali al-Nouaïmi à l'issue d'une très brève réunion d'urgence à Vienne.

Les 11 membres de l'OPEP soumis au système des quotas (l'Irak en est exclu) vont donc réduire leur cible de production commune de 28,8 millions de barils par jour actuellement à 27,3 mbj.

Le ministre saoudien, premier producteur mondial et chef de file du cartel pétrolier, a ajouté qu'une deuxième baisse n'était pas envisagée pour l'instant ultérieurement.

Pour autant, le ministre algérien du pétrole, Chakib Khelil, actuel président de l'OPEP, a souligné que la baisse n'était pas «seulement de 1,5 mbj» mais de «1,8 mbj» d'ici «la fin de l'année» car «300 000 barils/jours sont déjà en train d'être» retirés du marché» par les pays membres, lors de la conférence de presse de clôture.

Les ministres s'étaient réunis en réaction à la chute des prix du pétrole, qui ont perdu plus de la moitié de leur valeur depuis juillet, tombant du record de 147,50 $ US.

Cependant le prix du brut a continué sa dégringolade après l'annonce de l'OPEP: il perdait plus de 3 $ vers 6h et cotait 62,59 $ US à Londres, 64,61 $ US à New York.

Le marché «craint que la baisse ne soit pas suffisante pour compenser le ralentissement de la demande», a commenté Peter Fertig, analyste de Dresdner Kleinwort.

La baisse de production de l'OPEP sera répartie proportionnellement entre les pays membres en fonction de leur niveau de production. Le communiqué publié à l'issue de la réunion détaille les réductions de production par pays.

L'Arabie saoudite contribue ainsi à l'effort du cartel en réduisant sa production à hauteur de 466 000 barils par jour.

«La crise financière a déjà un impact manifeste sur l'économie mondiale, réduisant la demande d'énergie en général et de pétrole en particulier» dans un marché «déjà trop approvisionné», justifie l'OPEP dans son communiqué.

«L'OPEP a assisté à un effondrement spectaculaire des prix sans précédent (...) qui met en danger l'existence de nombreux projets pétroliers et amène à en annuler d'autres, ce qui pourrait causer des pénuries d'offre à moyen-terme», précise-t-il.

Chakib Khelil a souligné que les membres du cartel soumis aux quotas allaient se montrer disciplinés et mettre en oeuvre la baisse promise, même si cela doit, dans l'immédiat, réduire leurs revenus pétroliers.

«Quel autre choix ont-ils? Voir les prix baisser à des niveaux encore plus bas», a-t-il fait valoir.

Il a par ailleurs précisé que le cartel ne s'était pas fixé de fourchette ou de cible de prix à défendre.

Pour David Kirch, de PFC Energy, certains pays veulent officieusement défendre un seuil de 100 $ US, d'autres de 80 $ US, 50 $ US étant «inacceptable» pour tous.

Il ajoute que l'OPEP fait face à «son plus gros défi» depuis la crise asiatique il y a dix ans, car elle doit stopper la chute des prix pétroliers sans aggraver pour ses clients, les pays consommateurs, l'impact de la crise financière la plus grave depuis 1929.

En 1997, en pleine crise asiatique, l'OPEP avait tardé à baisser sa production entraînant un effondrement du prix du baril à moins de 10 $ US.

Le consensus envers une baisse était acquis dès jeudi, mais les ministres divergeaient encore sur l'ampleur de la baisse: les «durs» du cartel, Iran et Libye en tête, souhaitaient une baisse massive de deux millions de barils jour, les modérés hésitaient à accepter plus de 1 mbj.

Ils ont donc opté pour une solution médiane.