Signe que l'environnement préoccupe davantage l'industrie aérienne, Pratt&Whitney Canada investit 360 millions de dollars sur trois ans afin de mettre au point des moteurs d'avion moins polluants à son siège social de Longueuil.

Signe que l'environnement préoccupe davantage l'industrie aérienne, Pratt&Whitney Canada investit 360 millions de dollars sur trois ans afin de mettre au point des moteurs d'avion moins polluants à son siège social de Longueuil.

«Nous voulons concevoir et développer au Québec une nouvelle génération de moteurs qui consommeront moins d'essence et qui seront moins bruyants, dit Jean-Daniel Hamelin, conseiller principal aux communications de Pratt&Whitney Canada. Avec la hausse du prix de l'essence, nos clients veulent des moteurs plus économes en carburant et plus verts. Les exigences environnementales de l'Organisation civile internationale sont aussi plus sévères et certains pays les appliquent de façon très stricte.»

Sur les 360 millions investis par Pratt&Whitney Canada (PWC), 125 millions seront déboursés par le gouvernement du Québec au cours des trois prochaines années. Québec recevra des redevances à échéance sur les ventes des moteurs mis au point grâce à ses prêts. «Nous ne faisons pas souvent ce genre de prêts, mais nous l'avons fait à l'occasion avec CAE, Bell, Bombardier. Sur 25 ans, nous avons toujours retrouvé notre argent et même un peu plus», dit le ministre du Développement économique du Québec, Raymond Bachand.

«C'est un bon deal pour le gouvernement, dit Jean-Daniel Hamelin, de Pratt&Whitney. Ça nous permet de continuer de développer la technologie et de garder les emplois au Québec.»

L'investissement de PWC ne créera aucun emploi, mais il assure l'emploi de 450 des 1000 ingénieurs en recherche et développement (R&D) au siège social de Longueuil. «C'est un investissement majeur, surtout dans la période d'incertitude économique que nous vivons actuellement», dit le ministre Bachand.

L'an dernier, le budget de R&D de PWC était de 400 millions, ce qui ferait d'elle la deuxième entreprise qui investit le plus en R&D au Canada. «Pratt&Whitney est le leader de la recherche et développement au Québec, ajoute le ministre Bachand. L'entreprise devance même Bombardier.»

En 2005, Québec avait octroyé une subvention de 75 millions sur trois ans à PWC, qui compte actuellement une vingtaine de moteurs en phase de développement. «Aucun montant n'a encore été remboursé, mais il faut généralement cinq ans avant de développer un moteur, dit Jean-Daniel Hamelin, de PWC. Les moteurs développés avec les subventions de 2005 commenceront à produire des redevances seulement en 2010.»

Pratt&Whitney Canada, qui se spécialise dans les moteurs d'avions d'affaires et d'hélicoptères civils, a plus de 40 000 moteurs en exploitation actuellement dans le monde. L'entreprise, dont le siège social mondial est situé au Connecticut, a comme rivales l'américaine General Electric (GE) et la britannique Rolls-Royce. «Mais nous sommes les seuls à assembler des moteurs d'avion de A à Z au Québec», dit Jean-Daniel Hamelin. Il rappelle que ces nouveaux moteurs moins énergivores ne seront pas utilisés par Bombardier dans le développement de la CSeries.

Au Québec, l'industrie de l'aéronautique représente 42 200 emplois et des ventes annuelles de 12 milliards de dollars. Le Québec se classe ainsi au cinquième rang mondial derrière les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne. Environ 80% des ventes de l'industrie aéronautique québécoise constituent des exportations.