Le scénario d'une fusion entre General Motors (GM) et Chrysler, devant unir les forces de deux géants malades de l'automobile américaine, est plus que jamais d'actualité, alors que le spectre de la récession resserre son étau sur un marché automobile déprimé.

Le scénario d'une fusion entre General Motors (GM) et Chrysler, devant unir les forces de deux géants malades de l'automobile américaine, est plus que jamais d'actualité, alors que le spectre de la récession resserre son étau sur un marché automobile déprimé.

Les pourparlers entre deux des «Big Three» de l'automobile américaine -- Ford est le troisième constructeur national-- évoquées dans la presse depuis une semaine, se sont intensifiées ces derniers jours, a indiqué vendredi à l'AFP une source proche du dossier, en confirmant que «des discussions sont en cours».

S'il devait aboutir, ce projet permettrait à GM de conserver son leadership mondial, qu'il est en passe de céder cette année pour la première fois de son histoire, le japonais Toyota le devançant au premier semestre en termes de volumes vendus.

A ce stade, GM et Chrysler tentent de déterminer si les économies potentielles dépassent les coûts et difficultés associés à un tel rapprochement, a-t-on indiqué de même source.

Les défis qui se posent sont multiples: la mise en commun de deux cultures d'entreprises sensiblement différentes, la rationalisation des gammes de véhicules et des réseaux de concessionnaires pour éviter les doublons, ou encore l'unification des prestations salariales.

«Quand on commence à entrer dans ce genre de considérations, cela devient plus compliqué», a fait remarquer une source industrielle, sous-entendant que les discussions pourraient durer longtemps.

Mais le temps presse au plan financier, le marché s'inquiétant de l'épuisement des liquidités des deux groupes, sachant que GM a accumulé plus de 66 milliards de dollars de pertes nettes depuis 2005.

Ce sont d'ailleurs «les banquiers qui orchestrent l'opération», a noté une source proche de Chrysler, confirmant des rumeurs de marché selon lesquelles le fonds Cerberus, propriétaire de Chrysler, et la banque JPMorgan, principal créancier des deux groupes, poussaient à un accord.

Un mariage GM-Chrysler permettrait de mettre en commun 11 milliards de dollars de liquidités disponibles chez Chrysler ainsi que les fonds fédéraux devant être versés dans le cadre de l'enveloppe gouvernementale de 25 milliards d'aide au secteur.

Le problème de liquidités est de fait commun aux «Big Three», en perte de vitesse aux Etats-Unis depuis plusieurs trimestres, sous l'effet du ralentissement économique et de la concurrence des constructeurs asiatiques. Ces «Big Three», jadis omniprésents, détiennent aujourd'hui moins de 50% du marché.

Les décisions stratégiques --sortir de nouveaux véhicules compacts économes en carburant, transformer/fermer des usines pour réduire la production de 4x4 en déclin car trop gourmande en carburant-- nécessitent des milliards de dollars par trimestre.

Dans une note récente, l'influente agence de notation Standard's and Poor a averti que GM comme Ford faisaient face à «un sérieux problème de liquidités en 2009», en raison de «l'accélération de la détérioration des fondamentaux du secteur».

Au-delà des finances, une fusion GM-Chrysler irait dans le sens d'une consolidation, vue par certains observateurs comme un remède au ralentissement du marché, paralysé par l'arrêt des dépenses chez les Américains et la raréfaction du crédit automobile.

Face à la détérioration de l'économie, plusieurs analystes ont revu radicalement à la baisse leurs prévisions, tablant pour certains sur 11 millions de véhicules vendus en 2008, soit une chute de 30% sur un an et un plus bas depuis la récession du début des années 80.

Une perspective qui explique les spéculations tous azimuts sur le secteur depuis un mois: la presse s'est faite l'écho de discussions informelles entre Chrysler et Renault-Nissan ainsi qu'entre GM et Ford. Ce dernier chercherait d'ailleurs à céder une part dans le Japonais Mazda pour récupérer du cash.