Après les jours noirs qu'ont connus les Bourses mondiales la semaine dernière, les annonces de plans de sauvetage des banques se succèdent à un rythme effréné depuis samedi.

Après les jours noirs qu'ont connus les Bourses mondiales la semaine dernière, les annonces de plans de sauvetage des banques se succèdent à un rythme effréné depuis samedi.

Tandis que les États-Unis peaufinent leur plan d'action en s'inspirant des initiatives européennes, la Grande-Bretagne a annoncé qu'elle se portait aux secours de trois des plus grosses banques du pays.

L'ère des privatisations à tout-va est bel et bien terminée au Royaume-Uni. Le gouvernement de Gordon Brown a annoncé hier que les contribuables britanniques allaient prendre possession de 60% des actions de la Royal Bank of Scotland (RBS) et de 40% des parts de HBOS et de la Lloyds, en échange d'une injection de 74 milliards de dollars en capital.

«Les mesures que nous prenons aujourd'hui sont sans précédent, mais essentielles à nous tous», a assuré le premier ministre Gordon Brown. À court de superlatifs, le réputé analyste de la BBC, Robert Peston, a décrit cette journée comme étant la «plus extraordinaire de l'histoire des banques britanniques.» Une affirmation que Margaret Thatcher n'aurait pas approuvée.

Le gouvernement britannique compte injecter 40 milliards de dollars des deniers publics dans RBS et près de 35 milliards dans la Lloyds et HBOS, qui doivent fusionner sous peu.

Historiques, ces nationalisations partielles ont été accueillies positivement par la Bourse de Londres, qui a connu des gains importants (+8,26%), après deux semaines catastrophiques. Le cours de la livre, malmené ces derniers temps, a également connu sa plus forte hausse face au dollar américain depuis 2004. Les actions des banques nationalisées ont toutefois perdu de leur valeur alors que le gouvernement annonçait qu'il allait sabrer les dividendes aux actionnaires.

Si l'atmosphère était positive sur le parquet de la Bourse, l'ambiance était morose dans les bureaux des banques impliquées. Conspués par le public et critiqués par les médias pour leur «incompétence» et leur «arrogance», les principaux dirigeants de la RBS et d'HBOS ont d'ailleurs annoncé leur démission hier.

Alors que le premier ministre Gordon Brown a promis de mettre fin à l'ère des «récompenses à l'échec», son ministre des Finances, Alistair Darling, a soutenu que les dirigeants démissionnaires de la RBS n'auraient pas droit aux fameux «parachutes dorés» si répandus dans le monde de la finance.

En plus d'annuler les dividendes aux actionnaires et de restreindre les bonus, le gouvernement a également dit vouloir que les banques partiellement nationalisées recommencent à prêter aux PME et aux acheteurs de maisons. Le gouvernement souhaite que les banques prêtent au même niveau qu'en 2007, soit beaucoup plus qu'à l'heure actuelle.

Nouvel actionnaire principal, le gouvernement devrait également obtenir des sièges sur les conseils d'administration de la RBS et d'HBOS-Lloyds. «Les ministres ne vont pas être impliqués dans la gestion au jour le jour» des banques, a toutefois promis le ministre des Finances.

Les employés inquiets, les contribuables ravis

Les employés qui quittaient les immenses bureaux de verre et d'aluminium de la RBS, dans le coeur de la City de Londres, avaient la mine basse hier. «Les gens sont plutôt inquiets, personne n'est très heureux», expliquait un employé de la RBS sous le couvert de l'anonymat. Le principal sujet d'inquiétude des banquiers? Leurs bonus qui devraient fondre. «Nos emplois sont probablement plus en sécurité, mais si on n'est pas bien payés, qu'est-ce que cela vaut?» poursuivait le courtier.

Ce genre de commentaires n'attirait toutefois aucunement la pitié des «nouveaux actionnaires» de la RBS. Les contribuables britanniques rencontrés hier critiquaient tous «l'avidité» et «l'incompétence» des banquiers. Ils s'inquiétaient également de savoir que ces mêmes banquiers allaient désormais pouvoir investir avec l'argent de leurs impôts. «Cela ne me réjouit pas du tout de savoir qu'ils vont pouvoir parier avec notre argent», déplorait Kennick Yearwood, un spécialiste en informatique.