Avec l'iPhone d'Apple (AAPL) qui sera disponible chez Rogers (T.RCI.B) d'ici la fin de l'année, il faut s'attendre à une guerre des téléphones intelligents qui risque de presque tout rafler sur son passage dans le monde du sans-fil.

Avec l'iPhone d'Apple [[|ticker sym='AAPL'|]] qui sera disponible chez Rogers [[|ticker sym='T.RCI.B'|]] d'ici la fin de l'année, il faut s'attendre à une guerre des téléphones intelligents qui risque de presque tout rafler sur son passage dans le monde du sans-fil.

C'est ce qu'anticipent des experts du monde des télécommunications contactés par LaPresseAffaires.com.

Ceux qui ont sorti leur boule de cristal s'attendent à ce que les appareils comme l'iPhone et le BlackBerry de Research in Motion [[|ticker sym='T.RIM'|]] deviennent irrésistibles.

«Une part considérable de la clientèle du sans-fil post-payé est prête à migrer vers un téléphone intelligent», indique Greg MacDonald, analyste qui suit les faits et gestes de Rogers pour la Financière Banque Nationale.

L'analyste n'hésite pas à souligner que ce marché du post-payé est énorme. Sur les 19 millions d'abonnements recensés en 2007 par l'Association canadienne des télécommunications sans fil, près de 80% étaient facturés après l'utilisation.

«La facture moyenne par abonné est de 70 $ alors que l'abonnement au iPhone coûte en moyenne 90 $ US aux États-Unis», souligne M. MacDonald.

Cette ressemblance frappante au niveau des coûts moyens justifierait amplement l'utilisation d'un téléphone intelligent comme l'iPhone ou le BlackBerry.

C'est dans ce créneau que se trouve le potentiel pour l'industrie, soutient aussi Amit Kaminer, analyste en télécommunications pour la firme torontoise de consultants Seaboard Group.

«Les téléphones intelligents ont récemment procuré cinq fois plus de croissance que les téléphones réguliers», rappelle l'analyste.

Pour l'instant, Research in Motion et Apple ont dressé une muraille autour du marché des téléphones aux fonctions avancées. Les deux entreprises détiennent respectivement 41% et 28% du marché américain et RIM domine au Canada.

«Le BlackBerry et l'iPhone ont le contrôle de ce créneau, insiste Greg MacDonald. Ce que le reste de l'industrie n'a pas compris, c'est comment exceller avec plusieurs fonctions. Et les téléphones intelligents gagneront des parts de marché aux dépens des téléphones statiques.»

Cependant, tant le BlackBerry et l'iPhone ont la réputation de n'avoir qu'un type de client. RIM est populaire auprès des gens d'affaires avec 14 millions d'abonnements dans le monde et Apple a la faveur des consommateurs après avoir vendu 2 millions d'iPhone.

Mais chacun veut ratisser le jardin de l'autre. Le BlackBerry offre de plus en plus de designs raffinés et de fonctions comme l'écoute de musique.

Pour sa part, Apple doit lancer en juin une deuxième génération de l'iPhone afin d'offrir des fonctions d'affaires comme l'accès amélioré au courrier électronique et la compatibilité avec les serveurs Exchange.

Les analystes se demandent à quel point les deux géants pourront percer le marché de l'autre.

«Le BlackBerry est encore largement un produit de messagerie, dit M. MacDonald. C'est la raison pour laquelle je l'ai et que j'y suis accro !»

Amit Kaminer, lui, estime qu'il faut redouter l'efficacité d'Apple quand vient le temps de prédire les besoins des clients qu'elle vise.

«Je crois qu'ils peuvent y arriver, dit-il. Les gens d'affaires sont plus conservateurs et recherchent de l'efficacité. RIM est reconnue pour sa fiabilité et Apple aura à faire ses preuves. Les premiers qui choisiront l'iPhone seront ceux qui n'utilisent pas encore un téléphone intelligent.»

Pourquoi Rogers attend

Il reste à comprendre pourquoi Rogers attend la fin de l'année avant de mettre l'iPhone dans ses vitrines de magasins.

Si certains ont cité la crainte que Bell et Telus s'unissent pour bâtir conjointement un réseau GSM - compatible avec le téléphone d'Apple - d'autres estiment qu'une autre concurrence était encore plus menaçante.

Lawrence Surtees, vice-président principal et analyste en communications canadiennes chez IDC Canada, croit que les enchères d'Industrie Canada pour du spectre sans fil ont quelque chose à voir avec le choix de Rogers.

«Quand un nouveau joueur national entrera sur le marché du sans-fil, lance M. Surtees, il ne fera pas concurrence sur la voix seulement. C'est avec les services de données que l'on peut gagner des clients et c'est en changeant la dynamique des prix qu'on y arrivera.»

Un nouveau concurrent agressif aurait pu vouloir bouleverser les prix avec un iPhone et des forfaits de données illimitées comme ceux offerts aux États-Unis. Jusqu'ici, les clients ont généralement été limités dans leur consommation.

«Rogers voulait garder Apple hors des mains de cet éventuel concurrent, dit M. Surtees. Mais en attendant que ce nouveau joueur puisse offrir ses services, il ne sent pas l'urgence d'offrir son propre forfait.»

Que récoltera Rogers quand elle vendra l'iPhone ?

Greg MacDonald a déjà ajusté ses prévisions de façon conservatrice. La compagnie torontoise devrait obtenir 60 000 abonnements nets de plus en 2008, ce qui porterait ses ajouts nets à 660 000. L'impact de l'iPhone serait de 80 000 abonnements nets de plus en 2009.

D'après Amit Kaminer, du Seaboard Group, le téléphone lui-même devrait coûter 500 $ au Canada.

«Les consommateurs visés par Apple n'auront pas de problème à payer le prix pour ce produit, dit cet analyste. Le prix ne compte pas énormément quand on veut avoir le bon appareil. Les clients aux États-Unis avaient déjà les mains liées avec des contrats. Mais ils voulaient vraiment payer pour annuler leurs ententes et les 400 $ pour un iPhone qui procure une expérience sans fil supérieure.»

Cela ne veut pas dire que le prix ne chutera pas. Le magazine Fortune rapportait le 29 avril que l'iPhone sera bientôt subventionné par AT&T aux États-Unis. Le prix serait abaissé à 200 $ US avec la signature d'un contrat de deux ans.

Une guerre des prix se montre-t-elle déjà le bout du nez ? Un dossier à suivre.