«Zoom Media deviendra incontournable dans l'affichage publicitaire intérieur en lieux ciblés au Amérique du Nord», affirme François de Gaspé Beaubien, son président et principal actionnaire.

«Zoom Media deviendra incontournable dans l'affichage publicitaire intérieur en lieux ciblés au Amérique du Nord», affirme François de Gaspé Beaubien, son président et principal actionnaire.

Trop ambitieux, le fils cadet de la famille identifiée à l'ex-groupe de presse Télémédia?

En fait, il a quelques bonnes raisons.

La veille même de l'entrevue avec La Presse Affaires, dans son grand bureau «loft» de l'édifice Softimage, boulevard Saint-Laurent à Montréal, le président de Zoom venait de conclure une importante acquisition aux États-Unis.

Une transaction de «quelques millions au comptant» qui lui permet de mettre la main sur son principal concurrent dans le marché américain de l'affichage publicitaire dans les restaurants et les bars.

En achetant InSite, de New York, Zoom agrandit de moitié son réseau de panneaux aux États-Unis, à quelque 30 000 panneaux situés dans 5000 établissements.

En tout, en incluant son réseau canadien, Zoom aura bientôt un inventaire d'environ 60 000 panneaux dans 8000 lieux publics, répartis dans les 40 principales régions urbaines du continent.

Beaucoup de restos-bars, mais aussi des centres d'exercice et des campus universitaires.

Plus grande notoriété

Autre motif d'ambition pour François de Gaspé Beaubien: la notoriété croissante de Zoom Media dans le milieu publicitaire nord-américain.

Un exemple? Le mois prochain, à une conférence nord-américaine de l'affichage publicitaire à Boca Raton en Floride, le président de Zoom sera à la remise des prix annuels de cette industrie de 7 milliards US par an.

Parmi les participants, les patrons des plus grandes entreprises d'affichage publicitaire sur le continent: les américaines CBS Outdoor et Clear Channel, la française JC Decaux, etc.

Mais comment Zoom est-elle parvenue à ce niveau, alors qu'elle demeure relativement menue dans ce secteur?

«Nous avons investi un créneau négligé de l'affichage publicitaire, c'est-à-dire les petits panneaux d'emplacements ciblés et de proximité, avec l'objectif d'en être le chef de file», résume François de Gaspé de Beaubien.

Naissance dans les toilettes

Zoom est née il y a 16 ans avec ces petits panneaux publicitaires qu'elle installait d'abord dans les toilettes des restaurants et bars de la région de Québec!

Quatre ans plus tard, Télémédia y investissait comme actionnaire minoritaire, ajoutant Zoom à son actif d'alors en magazines et en médias électroniques.

Cette participation deviendra majoritaire à 75% en 2001, puis complète à 100% deux ans plus tard.

Depuis, la propriété de Zoom est passée de Télémédia, devenue société privée de placement, aux trois enfants de son président-fondateur, Philippe de Gaspé Beaubien.

Et c'est le cadet des trois, François, alors au début de la quarantaine, qui a pris la présidence et l'actionnariat majoritaire.

Mais auparavant, il a dû défendre Zoom devant le conseil d'administration de Télémédia et les membres de sa famille, qui n'y voyaient plus d'intérêt suffisant.

"J'ai dû les convaincre du potentiel de Zoom. Mais ensuite, ils m'ont dit que ça serait mon affaire et donc de ma responsabilité de la faire prospérer", indique François de Gaspé Beaubien.

Depuis, il se dit fort heureux de cette continuité familiale.

"Avec mon frère Philippe, bon en finances, et ma soeur Nanon, stratège en nouveaux médias, nous formons un bon trio de partenaires avec chacun nos projets, mais des échanges constants d'expertise et d'idées".

N'empêche, côté médias, François de Gaspé Beaubien a le plus repris le flambeau d'affaires familial allumé par son père, Philippe.

C'est d'ailleurs à la direction de l'ex-division des magazines de Télémédia qu'il fit ses premières armes de gestionnaire d'entreprise, à la fin des années 90.

Maintenant, avec Zoom, il estime être de nouveau à une étape importante de l'essor d'une entreprise médiatique.

L'achat d'InSite aux États-Unis rapprochera Zoom de "notre prochain objectif de 50 millions de revenus", avec une majorité provenant bientôt des activités américaines.

La rentabilité de Zoom en sera aussi rehaussée, affirme François de Gaspé Beaubien.

"Nous sommes bien rentables au Canada. Mais aux États-Unis, Zoom était encore jusqu'à récemment en phase de rentabilisation d'investissements. L'achat d'InSite va accélérer et renforcer cette rentabilité".

Par conséquent, le président de Zoom affirme avoir toutes les capacités financières pour la suite de son plan d'affaires.

Il prévoit près de 50 millions en investissements d'expansion et de modernisation de Zoom d'ici deux ans, incluant d'autres acquisitions ciblées. L'ambition: presque tripler le chiffre d'affaires de l'entreprise, vers les 150 millions.

Numérisation à grande échelle

Après quelques années préparatoires, Zoom s'estime lance la numérisation à grande échelle de son réseau de milliers de panneaux d'affichage.

Il s'agit de transformer des panneaux dits "statiques", avec des affiches de papier ou de plastique traditionnels, en écrans électroniques informatisés, gérés à distance par liens interactifs.

Zoom a numérisé quelques centaines de panneaux jusqu'à maintenant. Elle veut porter ce nombre à plusieurs milliers de panneaux d'ici deux ans.

"Cette technologie est beaucoup moins chère qu'il y a quelques années. Son potentiel de rentabilisation a enfin rejoint la demande forte pour ce type de nouveau média dans le milieu publicitaire", soutient M. de Gaspé Beaubien.

"Les technologies numériques transforment tous les médias dits traditionnels. C'est maintenant au tour des panneaux d'affichage publicitaires."

Cet intérêt a été corroboré par La Presse Affaires auprès de publicitaires d'influence.

Parmi eux, John Tarantino, vice-président à la planification médias chez Cossette Communications, à Montréal.

"Zoom Media s'avance dans un créneau de l'affichage qui est très attendu en publicité, et de façon bien organisée au lieu des petits projets improvisés qu'on nous propose souvent", a indiqué M. Tarantino.

"La numérisation des panneaux de Zoom permettra des campagnes encore plus diversifiées, avec des affiches publicitaires en coordination plus immédiate avec d'autres médias, selon des moments et des lieux bien ciblés."

Zoom Media compte aussi sur la numérisation de ses panneaux pour rehausser la croissance de ses revenus par unité.

Car avec la numérisation en réseau, l'usage des panneaux pourra être programmé entre divers annonceurs simultanément, selon leurs objectifs publicitaires.

Pour le moment, c'est une annonce à la fois, avec quelques jours d'intervalle entre les changements d'affiches.

"Zoom sera la première à offrir une telle flexibilité aux publicitaires avec un grand réseau de panneaux numérisés, dont la gestion est déjà bien en place", insiste François de Gaspé Beaubien.

Ambitions à suivre