Les pouvoirs publics américains ont tiré une nouvelle épine du pied de General Motors en acceptant que sa filiale de crédit automobile puisse bénéficier d'un renflouement du Trésor, alors que son éventuelle faillite aurait pu porter un coup mortel au constructeur.

Les pouvoirs publics américains ont tiré une nouvelle épine du pied de General Motors en acceptant que sa filiale de crédit automobile puisse bénéficier d'un renflouement du Trésor, alors que son éventuelle faillite aurait pu porter un coup mortel au constructeur.

A quelques heures de Noël, la Réserve fédérale a octroyé à GMAC, la société qui finance les achats de voitures construites par GM, le statut de banque.

C'était là la condition indispensable à une recapitalisation de l'établissement sur fonds publics. En tant que banque, GMAC va pouvoir obtenir de nouveaux fonds propres du Trésor, dans le cadre du plan Paulson de stabilisation du système financier, qui prévoit de consacrer 250 milliards de dollars à la consolidation des bilans des grands établissements bancaires.

La société pourra également accéder aux opérations de refinancement organisées régulièrement par la Réserve fédérale.

D'autres sociétés de services financiers, comme American Express ou CIT Group, avaient fait la même démarche mais le cas de GMAC était considéré comme beaucoup plus difficile, en raison de l'ampleur des pertes, récurrentes, de la société. GMAC, qui s'est diversifié sans beaucoup de succès dans le crédit immobilier, a perdu 5 milliards de dollars sur les six derniers mois.

Mais les pouvoirs publics pouvaient-ils laisser tomber une société détenant pour 248 milliards de dollars d'actifs (essentiellement des prêts) et ayant 15 millions de clients ? D'autant que sa disparition aurait encore rendu pratiquement impossible la tâche de GM, qui lutte pour sa survie.

La Fed a motivé sa décision par «les circonstances inhabituelles et exigeantes qui affectent les marchés financiers».

Vendredi dernier, la Maison Blanche avait annoncé le versement avant la fin de l'année d'une aide de 9,4 milliards de dollars à GM et accepté le principe d'une versement supplémentaire de 4 milliards de dollars en février.

La Fed a expliqué avoir pris note des efforts du Trésor pour stabiliser GM, «qui vont bénéficier à GMAC». La banque centrale a pris sa décision avant même que soient annoncés les résultats de la restructuration de l'endettement de GM, qui devraient être connus vendredi. Plusieurs créanciers importants avaient toutefois manifesté leur intention de ne pas apporter leurs titres à l'offre, estimant que les actionnaires de GMAC ne faisaient pas les efforts nécessaires.

Dans un communiqué séparé, GMAC a expliqué que son nouveau statut «lui offrait des possibilités accrues de financement et d'accès aux capitaux, qui vont accroître sa flexibilité et sa stabilité» financière.

«L'annonce d'aujourd'hui est un tournant dans l'histoire de GMAC», s'est félicité son directeur général Alvaro de Molina.

Ancienne division de crédit automobile de GM, GMAC est actuellement la propriété du fonds d'investissement Cerberus (51% du capital), qui détient par ailleurs Chrysler, et du premier constructeur automobile américain (49%).

Parmi les conditions posées par la Fed, General Motors a dû s'engager à ramener sa participation dans sa filiale à moins de 10%.

La participation résiduelle de GM sera confiée à un fonds indépendant géré par un gestionnaire agréé par la Fed et le Trésor. Cette participation devra être cédée dans les trois ans, a précisé la banque centrale.

L'objectif est d'empêcher une compagnie industrielle d'exercer une tutelle sur une banque, a expliqué la Fed.

L'autre grand actionnaire de GMAC, le fonds Cerberus distribuera une partie de ses actions à ses propres investisseurs. Sa participation ne pourra excéder à l'avenir 33% du capital ou 14,9% des droits de vote. Aucun actionnaire individuel ne pourra recevoir plus de 5% des droits de vote ou 7,5% du capital de GMAC.