Quelles sont les pertes de la Caisse de dépôt? Bien malin qui pourrait y répondre avec précision, mis à part certains initiés. Or, un expert en informatique financière vient de passer au crible le portefeuille public de la Caisse de dépôt et obtient des résultats surprenants.

Quelles sont les pertes de la Caisse de dépôt? Bien malin qui pourrait y répondre avec précision, mis à part certains initiés. Or, un expert en informatique financière vient de passer au crible le portefeuille public de la Caisse de dépôt et obtient des résultats surprenants.

Ainsi, depuis le début du déclin boursier, en octobre, les actions détenues par la Caisse inscrites à la Bourse de New York auraient chuté de 39%, selon Marc-André Dumont, analyste à son compte. Ce recul est semblable à celui des autres caisses de retraite canadiennes, les Teachers' et cie, mais bien supérieur à l'indice américain S&P500, qui a reculé de 30% durant la même période.

Marc-André Dumont n'a pas fait ses calculs sur le coin d'une table. Pour tirer de telles conclusions, il a analysé chacun des 202 titres d'actions ordinaires de la Caisse inscrits à la Bourse de New York au 30 septembre. Ses renseignements sont tirés de la SecuritiesandExchange Commission (SEC), qui exige des institutions qu'elles dévoilent leurs positions sur les Bourses américaines. Ils sont consignés dans le document 13-F le plus récent.

Globalement, donc, la Caisse avait l'équivalent de 7,9 milliards US de titres inscrits à la Bourse de New York au 30 septembre, selon M. Dumont. Il s'agissait de 83% de la valeur de l'ensemble des titres américains, le reste étant détenu au NASDAQ ou à d'autres Bourses.

Parmi ces titres négociés à la Bourse de New York, mentionnons les entreprises canadiennes CGI, BCE et Domtar, mais également les titres d'entreprises américaines, telles Coca-Cola ou Microsoft.

M. Dumont a ensuite calculé la perte de valeur de ces titres entre le 30 septembre et le lundi 1er décembre. Résultat: la Caisse aurait subi une perte de 39,3%.

L'analyste a fait le même exercice pour les caisses de retraite Ontario Teachers Pension Plan, Ontario Municipal Employees Retirement System (OMERS) et Régime de pensions du Canada (RPC). Pour ces trois institutions, les pertes auraient été respectivement de 39,1%, 39,5% et 34,7%.

Des bémols

Certains bémols doivent être apportés à l'analyse de Marc-André Dumont.

D'abord, le portefeuille de référence est celui du 30 septembre. Or, face à la crise, les gestionnaires institutionnels ne sont pas restés les bras croisés.

Ils ont vendu ou acheté des titres, ce qu'on appelle de la gestion active. Impossible de savoir, néanmoins, si cette gestion a procuré de meilleurs ou de moins bons rendements que s'ils avaient conservé leurs portefeuilles du 30 septembre.

«C'est évident que les positions de ces investisseurs bougent. Mais mon analyse donne une indication du rendement, à défaut de mieux», fait valoir M. Dumont.

Autre bémol: l'analyse de Marc-André Dumont porte sur une petite portion de l'ensemble du portefeuille de ces institutions. À la Caisse, les actions américaines représentaient environ 6% de l'ensemble portefeuille au 31 décembre 2007, selon le rapport annuel.

Au total, l'actif net de la Caisse au 31 décembre s'élevait à 155,4 milliards. Outre les actions américaines, l'institution a investi dans les actions canadiennes, les actions étrangères, les obligations, l'immobilier et le placement privé, essentiellement.

La Caisse ne dévoile jamais ses rendements avant la publication de son rapport annuel, en février.

Le vendredi 21 novembre, en conférence de presse, l'institution affirmait avoir comme politique en ces temps de crise de protéger le capital des déposants. Elle indiquait alors disposer de 20 milliards de dollars de liquidités.

Teachers' et BCE

Fait intéressant, l'analyse de M. Dumont démontre à quel point la déconfiture du titre de BCE a fait mal aux rendements de l'ontarienne Teachers'.

Entre le 30 septembre et le 1er décembre, l'institution aurait perdu 1,8 milliard US à la Bourse de New York en supposant un portefeuille stable.

Or, à lui seul, le titre de BCE représente une perte de 815 millions US, soit 45% de la perte totale présumée. Sans BCE, la perte présumée sur deux mois aurait été de 34,7% plutôt que 39,1%.