Les États-Unis ont repris la chasse à l'avion espion idéal. Des appareils de Bombardier pourraient se trouver dans leur ligne de mire.

Les États-Unis ont repris la chasse à l'avion espion idéal. Des appareils de Bombardier pourraient se trouver dans leur ligne de mire.

Le plus gros biréacteur d'affaires de Bombardier, le Global Express, avait été considéré dans le cadre du programme initial de remplacement des avions de surveillance de l'armée et de la marine américaine, l'Aerial Common Sensor Program.

Le Global Express serait encore un bon candidat pour le nouveau programme, mais un autre appareil de Bombardier pourrait être considéré, l'avion turbopropulsé Q300.

«Nous avons plusieurs manifestations d'intérêts au sujet de nos appareils sur la scène internationale, a déclaré le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne, sans vouloir commenter sur le programme américain.

Missions de surveillance

Il a rappelé que, 1999, le ministère britannique de la Défense avait choisi le Global Express pour effectuer des missions de surveillance dans le cadre du programme ASTOR (Airborne Stand-Off Radar).

La Grande-Bretagne a commandé cinq Global Express, qui se détaillent à 49 millions de dollars en version «affaires». La version "militarisée" comprend des radômes (dômes protégeant des antennes) et des ailerons additionnels.

Pour sa part, le ministère allemand de la Défense a commandé en janvier dernier quatre biréacteurs d'affaires Global 5000 pour le transport de personnalités et les vols d'évacuation médicale.

Des avions turbopropulsés Q200 et Q300 sont également utilisés pour des missions de surveillance et des missions spéciales dans le monde, notamment au Japon, en Australie, en Suède et aux États-Unis.

C'est toutefois le biréacteur régional Embraer 145 que Lockheed Martin avait proposé en 2004 à la Défense américaine pour le remplacement des avions de surveillance de l'armée et de la marine. Lockheed Martin avait réussi à décrocher un contrat initial de 879 millions de dollars US pour la livraison de cinq appareils.

L'entreprise devait par la suite livrer 33 avions supplémentaires à l'armée et 19 à la marine, ce qui devait porter la valeur totale du contrat à plus de sept milliards de dollars. Or, Lockheed Martin a fini par se rendre compte que l'Embraer 145 serait trop petit pour tout l'équipement nécessaire et a proposé d'utiliser à la place le Global Express, quatre fois plus dispendieux.

La Défense américaine a préféré annuler le programme le 12 janvier 2006 et reprendre le tout à zéro.

Les autorités américaines viennent de relancer un nouveau processus, mais avec un changement de taille: la marine américaine a décidé de faire cavalier seul et de lancer son propre processus pour remplacer ses avions de surveillance, EPX.

«Ils ont une solution toute trouvée, commente Richard Aboulafia, un analyste de la firme américaine de consultation Teal Group, spécialisée dans l'aéronautique et la défense. Historiquement, ils choisissent une version "avion de surveillance" de leur appareil de lutte anti-sous-marin.»

Il s'agit du P-8A Poseidon, une dérivé du Boeing 737, qui aurait donc une longueur d'avance.

Les observateurs estiment que d'autres appareils pourraient être considérés, à commencer par les plus gros biréacteurs d'affaires de Bombardier et de Gulfstream. Embraer pourrait toutefois revenir à la charge avec ses plus gros appareils régionaux, comme l'E170 ou l'E190. Il appartiendra aux grands intégrateurs qui participeront au processus, comme Lockheed Martin, Northrop Grumman et Boeing, de choisir et de proposer un type d'appareil à la marine.

L'armée demeure fidèle au programme Aerial Common Sensor. Il y a un mois, elle a réuni les intégrateurs intéressés au New Jersey afin de leur communiquer les nouveaux critères du programme et l'échéancier prévu. L'armée devrait lancer un appel d'offre cet automne et octroyer le contrat en 2009.

Dans une entrevue au National Defense Magazine, parue en mai dernier, le responsable du programme, le colonel Robert Carpenter, a indiqué que l'appareil que les intégrateurs proposeront devra obligatoirement peser moins de 100 000 livres (45 000 kilogrammes).

«La taille des avions que peut exploiter l'armée est limitée, a expliqué Richard Aboulafia, du Teal Group. Les appareils de plus grande taille sont exploités par les forces aériennes.»

Le colonel Carpenter a précisé que l'appareil qui servira de plateforme à l'Aerial Common Sensor sera un biréacteur d'affaires ou un avion turbopropulsé.

Ce commentaire exclut donc le Boeing 737, mais il ouvre la porte au Global Express et au Q300 ou Q400 de Bombardier.

«Je ne vois pas pourquoi un turbopropulseur ne ferait pas l'affaire, a commenté M. Aboulafia. D'ailleurs, l'avion que l'armée cherche à remplacer est un turbopropulseur.»

Si Lockheed Martin ne s'est pas encore manifestée, Northrop Grumman a fait savoir publiquement qu'elle entendait participer à l'appel d'offres. Elle n'a pas indiqué quel modèle d'avion elle proposera, mais il s'agira probablement d'un biréacteur d'affaires de Gulfstream: la société-mère de Gulfstream. General Dynamics, fait partie du consortium dirigé par Northrop Grumman.