Les taux viennent de diminuer, avez-vous lu récemment dans votre quotidien préféré. L'offre de la banque semble alléchante, insiste votre douce moitié. Plus besoin de se casser la tête avec l'hypothèque pendant plusieurs années, fait remarquer le beau-frère.

Les taux viennent de diminuer, avez-vous lu récemment dans votre quotidien préféré. L'offre de la banque semble alléchante, insiste votre douce moitié. Plus besoin de se casser la tête avec l'hypothèque pendant plusieurs années, fait remarquer le beau-frère.

Et pourtant, la plupart des experts vous en conjurent: ne renouvelez surtout pas votre hypothèque à long terme.

«Prendre une hypothèque de cinq ans dans les conditions actuelles est une décision qui n'a pas de bon sens», dit Yvan Fontaine, premier vice-président et chef de l'investissement chez Addenda Capital, société de gestion de placements spécialisée dans la gestion de portefeuilles à revenu fixe.

Soit, la plupart des experts prévoient une baisse des taux hypothécaires en 2008. Mais la méfiance d'Yvan Fontaine à l'égard des taux actuels tient à des motifs plus profonds.

Selon lui, il se passe présentement des choses mystérieuses sur les marchés hypothécaires.

«Ce que l'on vit est assez exceptionnel, dit-il. Les taux obligataires ont beaucoup baissé au cours des derniers mois, mais les taux hypothécaires ont monté. Habituellement, les deux taux suivent pourtant la même courbe.»

Le premier vice-président d'Addenda Capital croit avoir résolu les mystères du marché hypothécaire.

«Comme les banques ont perdu beaucoup d'argent dans d'autres secteurs d'activité, elles ont dû trouver une façon de se refaire, dit Yvan Fontaine. C'est pourquoi leurs marges bénéficiaires sont plus importantes sur leurs hypothèques.»

Jimmy Jean, économiste à la Banque Royale, abonde dans son sens. «La crise du crédit a mis de la pression sur les banques, qui ont refilé les coûts aux consommateurs en augmentant les taux d'intérêt», dit-il.

Une fois l'explication trouvée, le dilemme des propriétaires immobiliers reste entier: doit-on opter pour une hypothèque à long terme (de trois à cinq ans) ou se contenter d'une hypothèque à court terme (moins d'un an)?

La plupart des économistes recommandent d'attendre encore un peu avant de s'engager pour cinq ans.

Selon Jimmy Jean, économiste à la Banque Royale, les taux des hypothèques de cinq ans devraient atteindre leur niveau le plus bas -6,95%, soit 0,42% de moins qu'à l'heure actuelle- à la fin de l'année 2008.

«Nous envisageons que les taux vont encore baisser, mais ça ne durera pas très longtemps, dit-il. S'il y a une récession, elle devrait être de courte durée. Lorsque l'économie américaine reprendra du mieux au début de 2009, les taux hypothécaires augmenteront très rapidement.»

L'économiste Mathieu D'Anjou, du Mouvement Desjardins, prévoit aussi une baisse des taux hypothécaires en 2008. Le taux d'une hypothèque de cinq ans devrait atteindre 7%, soit une baisse de 0,39%.

«En comparaison avec les taux en vigueur dans les années 80 et 90, ce n'est pas très élevé, dit-il. Un consommateur qui voudrait fermer son hypothèque pendant cinq ans agirait de façon très prudente. Ça le protégerait des fluctuations du marché, mais il pourrait probablement obtenir un meilleur taux s'il attendait encore quelques mois.»

Quoi faire si l'hypothèque vient à échéance au cours des prochaines semaines, voire des prochains jours? Prendre une hypothèque à taux variable convertible en tout temps en attendant des jours meilleurs.

«Nous serons dans une tendance à la baisse en 2008, dit Jimmy Jean, économiste à la Banque Royale. Les gens qui attendent risquent surtout une baisse de taux.»

Mais attention: tous les économistes ne voient pas une baisse des taux hypothécaires dans leur boule de cristal.

«En se basant sur les taux du marché obligataire, les taux hypothécaires ne devraient pas baisser de façon significative au cours des deux prochaines années», croit Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale.