Sans sombrer dans la morosité, les manufacturiers canadiens se préparent à faire face au passage à vide de l'économie américaine.

Sans sombrer dans la morosité, les manufacturiers canadiens se préparent à faire face au passage à vide de l'économie américaine.

À peine un sur cinq est désormais d'avis que sa production de biens va augmenter au cours du trimestre alors que trois sur dix sont d'avis qu'elle va diminuer.

Il s'agit du bilan le plus faible depuis 2002 de l'Enquête sur les perspectives du monde des affaires menée par Statistique Canada auprès de quelque 3000 fabricants. Le sondage a été mené plus tôt ce mois-ci.

Ce sont surtout les producteurs de matériel de transport ou de composantes électriques qui s'attendent au ralentissement le plus fort. L'agence fédérale précise cependant que 14 sous-secteurs s'attendent à des replis, la grande exception venant de la première transformation des métaux.

«Ces résultats mettent en évidence la détérioration des perspectives du commerce extérieur canadien associée au ralentissement actuel de l'économie américaine, à l'appréciation du huard et à l'accentuation de la concurrence mondiale», résume Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Tout n'est pas sombre pour autant. Le niveau des nouvelles commandes est à la hausse pour le troisième trimestre d'affilée tandis que le niveau actuel des commandes est jugé normal ou plus que normal par 85% des répondants.

Les entreprises sondées entendent majoritairement maintenir leurs effectifs. Ce ne sera pas le cas dans quatre provinces cependant, dont le Québec où de nouveaux licenciements sont à craindre.

«La baisse de production prévue au Québec est la septième d'affilée, fait remarquer Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. La grande nouvelle est que le bilan des opinions concernant la production en Ontario a plongé. Il s'agit du premier relevé négatif en un an.»

Évidemment, c'est avant tout l'industrie automobile qui va écoper du ralentissement américain.

Parmi les obstacles à la production que les fabricants voient, outre l'économie américaine et la concurrence internationale, il y a encore la rareté de la main-d'oeuvre qualifiée, ce qui pousse les salaires à la hausse.

L'Enquête sur la rémunération des salariés publiée lundi par Statistique Canada faisait état de hausses annuelles de 4,5% dans le secteur manufacturier, en novembre.

«Nous devons noter que ni les attentes à l'égard de la production, ni celles de l'emploi ne sont aussi faibles que durant le ralentissement de 2001-2002, souligne Jacqui Douglas, stratège chez Valeurs mobilières TD. Les perspectives du secteur manufacturier ne pointent pas encore vers une récession.»

C'est sans doute ce que les marchés des devises ont compris. Ils ont poussé le huard au-dessus de la parité dans la perspective d'une nouvelle baisse de 50 centièmes du taux directeur de la Réserve fédérale, dès mercredi après-midi à 14h15.