La Chine a lancé vendredi son premier aéronef à réaction de passagers pour faire concurrence à Bombardier et à Embraer sur le marché mondial de l'aviation dont la croissance est la plus vive.

La Chine a lancé vendredi son premier aéronef à réaction de passagers pour faire concurrence à Bombardier et à Embraer sur le marché mondial de l'aviation dont la croissance est la plus vive.

La société chinoise Aviation Industry Corp. I (ou AVIC I), plus important constructeur d'avions du pays, a fait sortir hier de sa chaîne de montage son premier jet de transport régional ARJ21 à son usine de Shanghai, précisait l'agence de presse Xinhua.

L'appareil de 70 à 90 places doit faire l'objet de premiers essais en vol en mars prochain et le premier client devrait le recevoir au troisième trimestre de 2009.

Le ARJ21, ou Advanced Regional Jet for the 21st Century, est la première étape du projet caressé par la Chine de devenir un constructeur d'aéronefs présent sur la scène mondiale et de profiter du marché intérieur qui, selon les prévisions, aura besoin de quelque 3400 nouveaux appareils au cours des 20 prochaines années.

Mais obtenir des commandes au détriment de Bombardier et de Embraer sera difficile parce que la technologie du ARJ21 n'aura pas fait ses preuves, selon l'analyste Jim Eckes.

Vendredi, l'action de Bombardier a grimpé de 4 sous à 6,02 $ à la Bourse de Toronto.

«Ce sera une vente difficile», ajoute M. Eckes, directeur général de Indoswiss Aviation, une compagnie de location d'aéronefs dont le siège se trouve à Hong-Kong.

«Il existe à l'heure actuelle beaucoup d'appareils offrant ce nombre de sièges, ajoute-t-il. Les Chinois tentent de faire une percée sur le marché et, dans une certaine mesure, de réinventer la roue.»

Le nouvel aéronef porte aussi le nom de Xiang Feng, en chinois, ce qui signifie «phénix volant», a souligné l'agence Xinhua. Les médias étrangers n'ont pas eu le droit d'assister à la cérémonie où l'appareil a été dévoilé.

AVIC I cherche à obtenir 80 commandes pour l'appareil ARJ21 (34 millions US pièce) d'ici la fin du présent mois, indiquait en septembre dernier l'agence Xinhua, qui citait un dirigeant de la compagnie ayant requis l'anonymat.

Des acheteurs tels que Shandong Airlines, Shanghai Airlines et le gouvernement du Laos ont déjà placé 73 commandes, précisait en septembre dernier Hu Wenming, vice-président de AVIC I. Un Embraer de taille comparable coûte environ 30 millions US.

La Chine aura besoin de 330 nouveaux aéronefs à réaction de taille moyenne au cours des 20 prochaines années alors que la demande mondiale atteindra 3700, selon une prévision de Boeing, deuxième constructeur mondial d'aéronefs commerciaux.

Mitsubishi Heavy Industries, plus importante compagnie aérospatiale d'Asie, planche également sur le premier aéronef à réaction de passagers construit au Japon pour affronter la concurrence sur les routes locales.

Pour leur part, les autorités chinoises de l'aviation travaillent de concert avec l'organisme américain Federal Aviation Administration pour faciliter la certification de l'appareil à l'étranger. Attirer des clients pourrait prendre du temps, a admis M. Hu.

«Nous sommes très conscients que le marché international n'a pas une très haute opinion quant à la capacité de la Chine de construire un aéronef commercial», avouait M. Hu lors d'une conférence tenue en septembre dernier à Hong-Kong. «C'est pourquoi, ajoutait-il, nous ne nous attendons pas à une grosse commande avant de lancer le projet.»