Les cinq acheteurs qui ont manifesté un certain intérêt pour TQS le mois dernier seraient Corus, Rogers, Radio-Nord Communications, Transcontinental ainsi que la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Les cinq acheteurs qui ont manifesté un certain intérêt pour TQS le mois dernier seraient Corus, Rogers, Radio-Nord Communications, Transcontinental ainsi que la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Aucun d'entre eux n'a voulu commenter cette information mercredi.

En novembre, les cinq auraient signé une lettre de confidentialité pour recevoir une présentation des affaires internes et externes de TQS.

Après l'avoir lue, Corus, Radio-Nord Communications, Transcontinental et la Caisse ont choisi de ne pas déposer de lettre d'intention avant le 30 novembre, la date limite.

Rogers aurait demandé une extension jusqu'au 11 décembre. Mais l'entreprise a finalement décidé ne pas bouger.

Incapable de trouver un acheteur, TQS s'est donc placée lundi dernier sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. La chaîne déficitaire se donne ainsi une ultime chance de trouver un acquéreur.

Seul l'imprimeur Transcontinental a clarifié ses intentions depuis. Sa position est limpide: «TQS ne nous intéresse pas», a indiqué mercredi sa porte-parole, Nessa Prendergast.

TQS espère que d'autres changeront d'avis grâce à la loi C-36. Cette entente, valide pour 30 jours, change les conditions de vente. L'offre d'achat peut être définie avec plus de souplesse.

Au lieu d'acheter TQS avec toutes ses dettes, on pourrait conclure une entente particulière avec les créanciers ou relancer la société sous une nouvelle forme. La chaîne pourrait être achetée à un prix plancher, par exemple 1$, ou être liquidée.

TQS est une copropriété de Cogeco (60%) et de CTVglobemedia (40%). Elle possède les droits canadiens de diffusion en français des Jeux olympiques de 2010 de Vancouver.

Lundi dernier, Louis Audet, président et chef de la direction de Cogeco, a présenté deux portraits d'acheteur probable.

«Il pourrait vouloir réorienter la programmation ou posséder assez de propriétés dans les médias pour profiter d'une stratégie de convergence.»

Rogers correspond à ce second profil. La société possède quelques chaînes de télévision (dont Sportsnet et The Biography Channel), des magazines (dont Châtelaine, L'actualité et Loulou) et plusieurs stations de radio dans six provinces, dont l'Ontario et le Nouveau-Brunswick.

Avec TQS, Rogers pourrait chercher à marquer des points contre ses concurrents, notamment Bell.

Rappelons que la protection permise par la Loi C-36 dure 30 jours. Pour la renouveler, les deux partis (les actionnaires de TQS et leur principal créancier, la CIBC) devront se présenter de nouveau en Cour supérieure.

Des producteurs, comme le Groupe Télé-Vision (Loft Story) ont déjà commencé à consulter leurs experts comptables et juridiques. Si TQS devait déclarer faillite ou être liquidée, ils veulent savoir s'ils recevront l'argent qui leur est encore dû.

«C'est une situation nouvelle pour nous. Nous voulons bien l'évaluer. Mais même si une faillite reste possible, je doute beaucoup que cela arrive», affirme Jean Rémillard, président de Télé-Vision. Malgré tout, le producteur concède que l'annonce de lundi n'augure pas très bien.

«Le signal envoyé, c'est qu'ils pourraient ne pas payer tout l'argent dû. D'ailleurs, ce serait plutôt surprenant qu'ils aient pris cette mesure pour finir par payer toutes leurs créances.»

TQS doit encore de l'argent au producteur pour Loft Story 4. Mais ce dernier ne précise pas si TQS est en retard sur l'échéance prévue, et si la somme encore due est importante. Michel Bissonnette de Zone 3, producteur de Flash, préfère aussi ne pas dévoiler ce genre d'information.

D'autres producteurs avouent avoir récemment assoupli leurs modalités de paiement pour aider TQS. Par exemple, Vendôme Télévision, qui produit 450, Chemin du golf, a accepté de recevoir le même montant total à la même échéance finale, mais réparti en des versements plus petits et plus nombreux.

Chantal Lacroix, productrice de son émission 90 minutes de bonheur, a aussi changé les modalités de paiement pour «donner un coup de pouce à TQS».

«Bien sûr que je m'inquiète pour mon équipe et pour moi, admet l'animatrice. Mais je reste solidaire avec TQS, la chaîne qui m'a donné ma première chance.»

Esther Bégin, nouvelle vedette du Mouton noir, reste aussi optimiste.

«Quand je me suis jointe à TQS cet été, je connaissais très bien ses difficultés financières. Mon moral n'est donc pas à terre. Au contraire, l'annonce me semble positive, car elle augmente nos chances d'être achetés.»

Son contrat avec TQS est d'une durée de trois ans. En le signant, elle a prévu une clause en cas de faillite.

«Je ne pouvais pas laisser 17 ans de sécurité dans une entreprise pour me lancer dans le vide», explique-t-elle. Il n'a pas été possible d'en savoir plus sur cette clause.