L'économiste américain Paul Krugman, lauréat à 55 ans du prix Nobel d'économie 2008, est l'un des chroniqueurs les plus écoutés de la planète, critique intransigeant de l'administration Bush et un ardent défenseur d'une économie de la justice sociale.

L'économiste américain Paul Krugman, lauréat à 55 ans du prix Nobel d'économie 2008, est l'un des chroniqueurs les plus écoutés de la planète, critique intransigeant de l'administration Bush et un ardent défenseur d'une économie de la justice sociale.

«Quelque chose de bizarre m'est arrivé ce matin...», a-t-il réagi avec son sens de l'humour pince-sans-rire habituel sur son blog sur le site du journal New York Times.

La veille, ce barbu au regard franc et ironique écrivait d'ailleurs sur le même blog: «de nos jours, j'ai besoin de dire un peu de bêtises pour tenir le coup».

Dans ses éditoriaux engagés, qu'il publie deux fois par semaine dans le New York Times depuis 1999, Paul Krugman offre une lecture lumineuse des statistiques économiques à destination du grand public. Il s'y fait souvent l'avocat d'une économie préservant la justice sociale et mène une critique méthodique de la politique menée par le président américain George W. Bush.

Idole des démocrates et bête noire républicaine, il a tour à tour dénoncé la guerre en Irak, les réductions d'impôt, les réformes des retraites publiques, le scandale Enron, le copinage dans l'administration Bush, et éreinte aujourd'hui sa gestion de la crise financière, la qualifiant d'«idéologique», n'épargnant pas au passage le secrétaire au Trésor Henry Paulson.

Dans sa plus récente tribune, lundi, ce spécialiste des crises financières et économiques vantait en revanche les mérites du Premier ministre britannique, Gordon Brown, qui, selon lui, a fait preuve de «clarté et de détermination» dans la tourmente.

«Je n'aurais jamais cru que je verrais quelque chose qui ressemblerait à 1931 -- la Grande dépression qui a suivi la crise financière de 1929, ndlr -- dans ma vie, mais c'est le cas de cette crise», a-t-il commenté lundi après s'être vu décerner le Nobel.

«Heureux» des mesures de sauvetage des banques et de relance du marché du crédit annoncées en Europe ce week-end, il a malgré tout qualifié la crise de «terrifiante».

Politiquement engagé, il avait d'abord soutenu Hillary Clinton lors des primaires dans le camp démocrate en vue de la présidentielle, et s'était montré très critique des propositions de Barack Obama, notamment sur l'assurance maladie.

Pour lui, M. Obama a «tort de dire qu'une administration McCain-Palin serait la même chose que l'ère Bush-Cheney. Ce serait pire, bien pire».

Né le 28 février 1953 à Long Island, dans l'Etat de New York, Paul Krugman est diplomé des universités de Yale et Stanford, et a reçu un doctorat du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1977.

Il enseigne aujourd'hui l'économie et les affaires internationales à la non moins célèbre université de Princeton, dans le New Jersey.

Il est l'un des créateurs du courant économique de «la nouvelle théorie des échanges» et ses travaux universitaires ont permis de mieux comprendre la mondialisation de l'économie, la mobilité de la production, de la main d'oeuvre et des capitaux.

Il est à la fois un pourfendeur et un défenseur de la mondialisation qui, selon lui, tend à concentrer la production et les populations dans les régions déjà les plus favorisées, mais qu'il ne juge pas responsable d'une montée du chômage.

L'Académie Nobel l'a notamment récompensé pour «avoir montré les effets des économies d'échelle sur les modèles du commerce international et la localisation de l'activité économique».

Il avait déjà reçu en 1991 la médaille John Bates Clark de l'American Economic Association récompensant des penseurs économiques de moins de 40 ans.

Paul Krugman est l'auteur de 20 ouvrages dont «Pourquoi les crises reviennent ?» et son dernier opus, «L'Amérique que nous voulons», vient de sortir en France.