Déjà très bousculés par la crise financière américaine, les investisseurs boursiers appréhendent la divulgation des profits des entreprises pour le troisième trimestre, terminé le 30 septembre.

Déjà très bousculés par la crise financière américaine, les investisseurs boursiers appréhendent la divulgation des profits des entreprises pour le troisième trimestre, terminé le 30 septembre.

Et l'annonce hier soir par le géant américain de l'aluminium Alcoa d'une chute de profit de 52% au troisième trimestre, avec un bénéfice par action inférieur de 34% aux attentes des analystes, n'avait rien pour calmer les appréhensions.

«On entre en récession aux États-Unis et en Europe, et les profits des entreprises dégringolent», a résumé à l'agence Bloomberg David Joy, stratège boursier en chef chez RiverSource Investments de Minneapolis, qui gère un fonds de 160 milliards US.

Selon le plus récent relevé de Bloomberg parmi les analystes, les entreprises de l'indice S&P500 de la Bourse américaine devraient annoncer une autre baisse de profit de 5,6% en moyenne au troisième trimestre.

Il s'agirait du cinquième trimestre consécutif de déclin parmi le S&P500.

Un relevé semblable parmi les analystes effectué par une autre firme, Zacks Investment Research, suggère lui une baisse moyenne de profits parmi les entreprises du S&P500 d'ici la fin de l'exercice 2008.

Modeste de prime abord, cette baisse moyenne de profits serait néanmoins l'une des plus graves à survenir à l'échelle de tout le S&P500 depuis plusieurs années. «La conjoncture sera très difficile pour les profits des entreprises au moins jusqu'à tard en 2009. Le récent déclin marqué des indices boursiers reflète déjà ces attentes, mais il en reste encore beaucoup à subir», selon le stratège boursier américain Ed Yardeni, cité par le site internet de l'influent hebdomadaire boursier Barron's.

Dans l'immédiat, Alcoa, troisième producteur d'aluminium au monde, est très surveillé sur la Bourse américaine car il a l'habitude d'inaugurer chaque épisode de résultats trimestriels.

Celui qui commence s'échelonnera jusqu'à la fin d'octobre pour la grande majorité des entreprises comprises dans les deux indices les plus représentatifs du marché boursier nord-américain: le S&P500 à New York et le S&P/TSX à Toronto.

Par ailleurs, comme fournisseur d'un métal de base, Alcoa est considéré un peu comme un baromètre des résultats d'entreprises à venir, selon la conjoncture économique.

En Bourse, d'ailleurs, Alcoa a déjà perdu la moitié de sa valeur boursière depuis le début de l'année, encore pire que le déclin de 32% de tout l'indice S&P500.

Au Canada, ces résultats bien pires qu'attendu pour Alcoa sont de plutôt mauvais augure pour l'un des secteurs les plus influents à la Bourse de Toronto: les matières premières.

Les investisseurs l'ont déjà anticipé en recalant fortement de 20% la valeur boursière de ce secteur depuis une semaine.

Il s'agit de la pire rechute des derniers jours parmi les secteurs de l'indice de marché S&P/TSX, avec celui des entreprises pétrolières.

Pour des stratèges boursiers comme Vincent Delisle, de Capitaux Scotia, le récent «boom» des matières premières sur la Bourse canadienne est bel et bien terminé.

Dans son plus récent bulletin à ses clients-investisseurs, il abaisse d'au moins 10% ses attentes de profits dans ce secteur pour les prochains trimestres.

Aussi, il abaisse d'au moins 5% ses attentes de profits pour les banques et les entreprises canadiennes de services financiers. En dépit de leurs bilans encore relativement sains, de grandes banques canadiennes et de gros assureurs-vie ont vu leur rentabilité amochée depuis un an par la forte dépréciation de certains actifs liés à la crise financière aux États-Unis.

Les prochains résultats des grandes banques canadiennes sont attendus à la fin de novembre, pour leur quatrième trimestre de 2008 qui prendra fin le 31 octobre.

Aux États-Unis, selon un relevé de la firme Standard&Poors parmi les analystes, les profits des entreprises financières devraient reculer d'au moins 52% au troisième trimestre de 2008 par rapport à la même période l'an dernier.

Un autre relevé, effectué celui-là par Zacks Investment Research, suggère une autre détérioration de profit d'au moins 68% dans le secteur financier américain.