Vêtements Peerless, de Montréal, ne s'inquiète pas d'une récession américaine. Mais le fabricant de vêtements vient tout de même d'adapter son modèle d'affaires pour contrer l'impact du huard fort et des importations de Chine.

Vêtements Peerless, de Montréal, ne s'inquiète pas d'une récession américaine. Mais le fabricant de vêtements vient tout de même d'adapter son modèle d'affaires pour contrer l'impact du huard fort et des importations de Chine.

C'est aux États-Unis que Peerless réalise 90% de son chiffre d'affaires de plus de 500 millions, souligne à La Presse Affaires Elliot Lifson, vice-président du conseil du «plus important fabricant canadien, sinon nord-américain, de vêtements pour homme».

Les ventes vont se maintenir en 2008, mais les profits pourraient par contre subir des pressions, reconnaît-il.

Beaucoup d'hommes portent des pantalons, des vestons ou des complets de Peerless, mais sans toujours le savoir car la compagnie possède une douzaine de marques pour l'Amérique du Nord, dont Ralph Lauren, Calvin Klein, CK, Chaps, Fubu et Izod, outre la sienne.

Pas question de fermer

Et Elliot Lifson assure qu'il n'est pas question pour Peerless de fermer sa grosse usine du boulevard Pie-IX, contrairement à la compagnie américaine Men's Wearhouse, propriétaire de 116 magasins Moores au Canada.

Cette dernière va fermer en juillet son usine de Montréal, rue Saint-Denis, éliminant ainsi 540 emplois et 50% de sa production canadienne, au profit de l'Asie.

Moores n'a pas la bonne recette, réplique Elliot Lifson, qui est aussi président de la Fédération canadienne du vêtement, professeur de gestion en stratégie d'affaires à l'Université McGill et ex-président du conseil de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

«Montréal demeure le deuxième plus grand centre mondial de l'industrie du vêtement, derrière Los Angeles et devant New York», assure Elliot Lifson. Malgré tous les défis des dernières années, «40 000 employés au total travaillent encore dans le vêtement au Québec».

Peerless emploie toujours près de 2000 personnes à Montréal, même si le fabricant a commencé en 2005 à importer d'Asie des vêtements de fournisseurs exclusifs comptant 5000 employés, précise Elliot Lifson. Montréal a perdu ainsi 500 emplois, mais Peerless a pu gonfler ses ventes, selon lui.

«Il faut changer notre perception de l'industrie du vêtement, constituée d'usines, mais aussi d'entreprises innovantes, comme l'aéronautique, lance Elliot Lifson. Chez Peerless, 1000 personnes ne travaillent pas à l'usine de Montréal», mais au bureau (administration, ventes, design, logistique, informatique, service à la clientèle).

Plus de 600 finissants sortent des collèges Marie-Victorin (230) et LaSalle (385) dans le vêtement, confirme le porte-parole de ce dernier, Henri Biard. Ce n'est pas un secteur moribond.

Il y a trois manières de battre la concurrence, selon Elliot Lifson. Par le prix, mais Peerless n'a jamais le plus bas, préférant miser sur la valeur. Par la différenciation, la créativité et les marques. Et par le service. «C'est la seule recette», dit-il.

Le plus grand client va rester les États-Unis, voisin du Canada plutôt que de la Chine. Quoi faire alors? Peerless a monté à Montréal une chaîne de valeur ajoutée et a délégué à la Chine, à l'Inde et au Vietnam la production de vêtements à plus bas prix, explique Elliot Lifson.

Un système SAP gère la logistique et un autre d'EDI, les stocks des détaillants. Au Vermont, Peerless exploite un centre de distribution de 800 000 pieds carrés, avec 400 employés, dit-il.

Elliot Lifson ne va pas donner plus de contrats à l'Asie en 2008, car il faut garder l'expertise à Montréal, conclut-il.