Les adéquistes et certains intervenants du monde des affaires sont modérément satisfaits, les péquistes rugissent. Cela résume les réactions au budget provincial 2008-09 déposé jeudi à Québec.

Les adéquistes et certains intervenants du monde des affaires sont modérément satisfaits, les péquistes rugissent. Cela résume les réactions au budget provincial 2008-09 déposé jeudi à Québec.

Pendant la période de huis clos qui a précédé le discours du budget à l'Assemblée nationale, l'opposition s'est divisée sur l'analyse à faire du travail de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.

Gilles Taillon, porte-parole de l'Action démocratique du Québec en matière de Finances, a annoncé ses couleurs rapidement: il faut adopter ce budget.

Selon lui, «ce budget ne passera pas à l'histoire. Nous sommes conscients du contexte financier et de la faible marge de manoeuvre du gouvernement du Québec après 5 années de gestion libérale.»

Les demandes de l'ADQ pour la famille et les aidants naturels ont reçu un certain appui, dit-il. Par contre, les prévisions à peine équilibrées comprennent «une bonne dose de pensée magique pour la deuxième année».

M. Taillon dénonce «l'impuissance du gouvernement à contrôler ses dépenses» mais il se réjouit d'un «début de prise de conscience sur la dette».

Les libéraux n'ont pas répondu à la demande adéquiste d'envoyer un chèque de 100 $ par semaine par enfant aux familles qui élèvent leurs enfants à la maison. Gilles Taillon trouve donc que l'exercice manque d'ambition mais il ne croit pas que cela justifie de renverser le gouvernement Charest.

François Legault, critique péquiste en matière de Finances, aborde le budget d'un tout autre oeil. Le député de Rousseau s'en prend surtout à l'augmentation du dividende en provenance d'Hydro-Québec. «Les Québécois, dit M. Legault, ont beaucoup pelleté cette année mais personne n'aura autant pelleté que la ministre des Finances ! Le pelletage libéral se traduit par un pelletage de la dette à Hydro-Québec et aux réseaux.»

«Pire, ajoute le député péquiste, ce budget consacre le retour à un déficit technique de 1,37 G$ selon les principes comptables généralement reconnus.»

François Legault est loin d'être satisfait des mesures visant à aider les manufacturiers. «Pour les entreprises du Québec, alors qu'elles font face à un problème de 6 G$, l'aide additionnelle du gouvernement Charest dans le présent budget se chiffre à 104 M$ seulement.»

Son collègue Sylvain Simard, porte-parole en matière de Conseil du trésor, s'indigne de la baisse de 15 M$ en dépenses de programmes au ministère de l'Agriculture, des pêcheries et de l'alimentation après le dévoilement du rapport Pronovost. «C'est assez ironique. Pour payer le coût de cette consultation pendant près de deux ans, le gouvernement Charest va sabrer dans le budget du MAPAQ !»

Le député de Richelieu s'attaque aussi à la baisse du budget du ministère des Ressources naturelles alors que le Québec traverse une crise forestière.

Les milieux d'affaires prudents

Les Manufacturiers et exportateurs du Québec, eux, démontrent beaucoup de satisfaction jeudi. Leur PDG, Jean-Luc Trahan, estime que Québec lance un signal important en les invitant à investir.

«Nous sommes heureux que le gouvernement abolisse immédiatement la taxe sur le capital pour les entreprises manufacturières [...] que nous réclamions depuis plusieurs années, dit M. Trahan dans un communiqué. Cette mesure permettra aux entreprises de dégager des liquidités nécessaires pour réaliser de nouveaux investissements et donc oeuvrer à améliorer leur productivité.»

M. Trahan note que combinée au crédit de 5% à l'investissement, la taxe sur le capital procurera des économies de 163 M$ cette année.

«Quoi que ce crédit soit modulé en fonction de l'éloignement des entreprises, cette forme d'aide favorise davantage la productivité qu'un crédit à la masse salariale», déclare le PDG des Manufacturiers et exportateurs.

La réaction du Conseil du patronat du Québec se veut plus mesurée. Cet organisme aurait souhaité davantage de «stimulants fiscaux».

«L'investissement privé au Québec est en panne, souligne Michel-Kelly Gagnon, président du CPQ. Une telle situation aurait exigé des allégements et des incitatifs fiscaux plus énergiques pour l'ensemble des entreprises.»

Selon M. Kelly-Gagnon, il fallait abolir la taxe sur le capital pour tout le monde. L'homme se dit également déçu que le taux d'imposition des sociétés augmente de 11,5% à 11,9% à partir du 1er janvier 2009.

Si le CPQ appuie les nouveaux crédits d'impôt à l'investissement, il conclut que cela nu suffira pas pour dynamiser l'économie du Québec dans son ensemble.