La technologie de la future aluminerie d'Alcan (T.AL) au Saguenay lui permettra d'augmenter sa production et de réduire ses coûts, selon des analystes.

La technologie de la future aluminerie d'Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]] au Saguenay lui permettra d'augmenter sa production et de réduire ses coûts, selon des analystes.

Annoncée jeudi dans le secteur Jonquière à Saguenay, l'usine pilote construite à compter de 2008 au coût de 600 millions $ fera usage de la nouvelle technologie AP50, qui vise à produire davantage d'aluminium, avec moins d'énergie et d'émissions de gaz à effet de serre.

Au dire d'un analyste de BMO Nesbitt Burns à New York, Victor Lazarovici, une seule salle de cuves AP50 peut produire 500 000 tonnes d'aluminium par année, soit le double de ce que la technologie actuelle peut produire.

«C'est un processus en évolution, a-t-il commenté en entrevue. (Alcan) a actuellement la meilleure technologie de l'industrie et elle franchit simplement désormais une nouvelle étape, afin de réduire ses coûts, ses coûts d'exploitation et en capital, avec le temps, si la technologie est adoptée.»

Il a fait remarquer qu'une usine pilote ne serait pas nécessaire à Saguenay si la technologie avait déjà fait ses preuves.

«Ils (Alcan) doivent changer d'échelle, du laboratoire à l'échelle commerciale, et démontrer qu'elle (technologie) peut donner le rendement espéré avant de pouvoir la considérer comme viable.»

L'usine amorcera sa production en 2010 et devrait atteindre un volume de 60 000 tonnes d'aluminium par année. En 2015, la cadence annuelle devrait être de 450 000 tonnes.

La société française Pechiney, acquise il y a plus de deux ans par Alcan, travaillait déjà sur la technologie AP50 il y a environ 10 ans et les nouvelles installations de Saguenay s'inscrivent en continuité, a ajouté M. Lazarovici.

Le procédé pourrait aussi être vendu par Alcan, a commenté un analyste de la Financière Banque Nationale, Ian Howat.

«S'ils (Alcan) arrivent à démontrer que la technologie peut fonctionner pour les 10 à 15 prochaines années, les entreprises qui construiront d'autres alumineries emploieront la technologie d'Alcan. Ils se montrent ouverts à vendre leur technologie, donc ils peuvent en tirer bénéfice.»

Par contre, Alcan ne veut pas construire tout de suite une usine à gros volume de production qui a recours à AP50, a estimé M. Howat. A son avis, la multinationale veut d'abord effectuer des tests, avec des activités de recherche et développement qui procurent des avantages fiscaux.

Toutefois, affirmer que l'annonce de jeudi amorce une est réducteur, selon M. Lazarovici, puisqu'une usine d'une telle envergure ne peut être érigée dans toutes les régions, en raison de ses besoins en électricité. La technologie actuelle des alumineries peut consommer autant d'électricité qu'une petite ville en un an, a-t-il précisé.

De même, selon lui, il serait simpliste de soutenir que cette nouvelle aluminerie satisfera la demande croissante de la Chine, car sa production sera réduite au cours des premières années.

L'investissement de 600 millions $ annoncé jeudi par Alcan à Saguenay fait partie d'une enveloppe de près de 2 milliards $ US qui sera investie d'ici 10 ans au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

L'investissement entraînera la création de 740 emplois dans cette région fortement éprouvée par le chômage, dont 180 dans l'usine qui sera construite à Saguenay.

Mis à contribution, le gouvernement du Québec a allongé un prêt sans intérêt de 400 millions $ au géant de l'aluminium pour une durée de 30 ans, en plus de lui concéder, de 2010 à 2045, un bloc de 225 mégawatts (MW) d'électricité au tarif L, le tarif avantageux destiné à la grande entreprise. En 2006, le tarif L est de quatre cents le kilowattheure.

Vendredi, à la Bourse de Toronto, l'action d'Alcan a terminé à 57,50 $, en baisse de 0,75 $.