La Société de transport de Montréal (STM) croise les doigts: les vieilles voitures MR-63 tiendront-elles le coup?

La Société de transport de Montréal (STM) croise les doigts: les vieilles voitures MR-63 tiendront-elles le coup?

Si la STM et le gouvernement se conforment à la décision du juge Joël Silcoff de la Cour supérieure du Québec et organisent un appel d'offres en bonne et due forme pour le remplacement des voitures du métro, tout le processus prendra un an supplémentaire. S'ils décident d'en appeler, le délai sera plus important encore.

«Pour peser les options, le critère «clientèle» va être extrêmement important, donc le critère «temps», a indiqué la responsable des relations publiques de la STM, Odile Paradis.

«Si nous faisons rouler des voitures dont la vie utile est finie, cela nous rend vulnérables.»

Le jugement Silcoff a déjà eu un impact bien concret: la STM a mis fin aux discussions avec Bombardier au sujet des spécifications des voitures et de la préparation du cahier des charges.

Selon l'échéancier initial, le train «tête de série» de Bombardier devait entreprendre une série d'évaluations à la fin de 2010.

Les autres trains devaient être livrés en 2012.

«Maintenant, je ne sais plus quelle année nommer», a déploré Mme Paradis.

Les voitures MR-63, entrées en service en 1966 en prévision de l'Expo, montrent de l'âge. Il y a un an, en décembre 2006, ces voitures roulaient en moyenne 185 000 kilomètres entre chaque panne.

En décembre 2007, elles ne parcouraient plus que 150 000 kilomètres.

«Plus ça va aller, plus ils vont entrer au garage souvent, a déploré Mme Paradis. Nous sommes déjà à pleine capacité, s'il faut en plus retirer des voitures...»

Par comparaison, les voitures MR-73, entrées en service en 1976, peuvent franchir 440 000 kilomètres entre chaque panne.

Si les nouveaux délais entraînés par le jugement Silcoff ont un impact sur la fiabilité du réseau du métro, ils ont également un impact au niveau des coûts d'exploitation.

«Les voitures MR-63 coûtent deux fois plus cher par kilomètre à entretenir que les MR-73, a fait observer Mme Paradis. Ça va nous coûter plus cher pour maintenir le MR-63 en vie plus longtemps. Ces voitures-là n'ont même plus de pièces de rechange: ce sont nos employés qui les usinent.»

Elle a rappelé que lorsque la STM et le gouvernement ont annoncé leur décision de négocier un contrat de gré à gré avec Bombardier Transport, en mai 2006, ils parlaient déjà de l'urgence de prendre une décision.

«On ne savait pas à quel moment la flotte allait nous laisser tomber.»

La STM travaille depuis plusieurs années sur le projet de remplacement des voitures MR-63, un fait que le juge Silcoff a relevé dans son jugement, rendu en fin d'après-midi mercredi.

La société n'a cependant pas eu tout le soutien souhaité de la part du gouvernement québécois.

Dès 1999, après de premiers travaux de rénovation, la STM a commencé à étudier la possibilité de procéder à des nouveaux travaux de rénovation majeurs, ou de remplacer carrément les voitures MR-63.

De 2001 à 2003, la société a réalisé et révisé des études de faisabilité, envisageant toujours un processus d'appel d'offres.

«Entre octobre 2003 et juin 2005, le projet de remplacement des voitures de métro de la STM est mis en veilleuse, faute d'appui et de financement de la part du gouvernement», écrit le juge.