Le groupe financier montréalais Triglobal et son président, Themis Papadopoulos, sont poursuivis pour 263 966,67$ par une cliente incapable de récupérer un placement dans le fonds offshore Focus Management, des îles Caïmans.

Le groupe financier montréalais Triglobal et son président, Themis Papadopoulos, sont poursuivis pour 263 966,67$ par une cliente incapable de récupérer un placement dans le fonds offshore Focus Management, des îles Caïmans.

Cliente de Triglobal depuis 1996, Joan Horn, de Westmount, affirme avoir investi dans Focus pour la première fois en 2001 sur la recommandation de M. Papadopoulos.

Son placement le plus récent devait arriver à terme en 2007, affirme Mme Doan.

Elle a déposé sa poursuite en Cour supérieure le 18 décembre dernier, six jours avant que les fonds de Triglobal et de diverses firmes apparentées soient gelés par un tribunal à la demande de l'Autorité des marchés financiers (AMF).

M. Papadopoulos, son associé Mario Bright, et le fondateur de Triglobal, Joseph Jekkel, font l'objet d'une enquête de l'AMF, qui se penche aussi sur Triglobal et ses liens avec au moins deux fonds établis dans des paradis fiscaux des Caraïbes, Focus, et Ivest Fund, des Bahamas.

Des millions de dollars ont été investis dans ces fonds qui ont été distribués illégalement par M. Papadopoulos et d'autres personnes liées à Triglobal, allègue l'AMF.

Durant les Fêtes, un tribunal a placé Triglobal en tutelle et le gouvernement du Québec a nommé l'expert-comptable Jean Robillard administrateur provisoire de la firme, pour empêcher la firme de fermer de façon désordonnée.

M. Robillard, du cabinet Raymond Chabot Grant Thornton, tente en vain depuis le 28 décembre de contacter M. Papadopoulos.

Introuvable

Selon plusieurs sources, M. Papadopoulos se trouve hors du pays.

Mercredi, La Presse Affaires s'est rendue au siège social de Triglobal, rue Greene, à Westmount, où des employés s'affairent encore sous la tutelle de l'administrateur provisoire.

M. Papadopoulos a laissé un bureau contenant les meubles et une bibliothèque aux rayons vidés. Des clous ne soutenant aucun tableau ni affiche sont plantés dans les murs dénudés.

Dans sa poursuite, Mme Doan explique qu'elle s'est rendue voir M. Papadopoulos chez Triglobal en 1996 à la recommandation d'amis, à l'époque où elle divorçait et avait besoin de conseils financiers pour placer à faible risque les 250 000$ en REER qu'elle avait accumulés en vue de sa retraite.

C'est en 2001, après la vente de sa maison, que M. Papadopoulos lui a suggéré de placer 220 000$ dans Focus, ce qu'elle a fait. C'est à partir d'octobre 2007 que Mme Doan a commencé à avoir des doutes sur le placement dans Focus.

Selon la poursuite, M. Papadopoulos a fait des déclarations inquiétantes à Mme Doan et à son fils Robert, qu'elle avait amené avec elle, lors d'une rencontre chez Triglobal en octobre dernier.

Armes et drogues

«M. Papadopoulos a affirmé que (...) que les entrées et sorties de fonds chez Focus Management étaient bloquées par les autorités réglementaires des Îles Caïman, qui enquêtaient sur un lien entre Focus et des activités d'armes à feu et de drogues, et qu'il (M. Papadopoulos) travaillait de concert avec des avocats à obtenir le retour de l'argent d'une façon légale.»

Selon la poursuite, Mme Horn et son fils Robert ont aussi appris de la bouche de M. Papadopoulos que Focus Management utilisait l'argent des investisseurs dans des options financières et des produits dérivés, sous la direction du partenaire de M. Papadopoulos, Mario Bright. (Les deux hommes sont coactionnaires d'une firme à numéro qui possède Triglobal).

Toujours selon la poursuite, Mme Doan, qui avait demandé des placements prudents, n'avait jamais été informée que son argent était placé dans des dérivés et des options, qui sont des instruments financiers sophistiqués.

Mme Doan n'a pas rappelé La Presse Affaires hier. Mais son avocat, Me Nicolas Rodrigo, de Davies Ward Phillips & Vineberg, a indiqué qu'il n'a aucun doute que M. Papadopoulos a tenu ces propos à sa cliente et à son fils, mais qu'il n'a aucune idée si cela est vrai ou une fable inventée.

Les avocats de M. Papadopoulos, Me Voula Neofotistos et Me Patrick Goudreau, de McMillan Binch Mendelsohn, n'ont pas rappelé La Presse Affaires mercredi.

Plusieurs sources ont indiqué à La Presse Affaires que d'autres poursuites pour des sommes plus importantes pourraient être déposées bientôt.